Où sont les femmes ?

Henri Rivière 1902

ELLE domine Paris, on la présente souvent comme une grande Dame, son genre est féminin. ELLE, c'est la Tour Eiffel, symbole universel de la capitale française et de la nation. Paris accueillant les Jeux Olympiques en 2024, c'est sur son flanc qu'ont été fixés les anneaux qui célèbrent ce grand évènement sportif. 

Sous ces anneaux, des lettres capitales dorées, hautes de 60 centimètres sont assez grandes pour être vues du sol. Elles composent les 72 noms de savants mis à l'honneur par Gustave Eiffel. ILS mais pas ELLES.... 

Car force est de constater qu’aucune femme n’est mentionnée sur la grande structure métallique. Une petite révolution semble pourtant en marche grâce au projet ‘Hypatie pour la tour Eiffel’. Son comité œuvre pour inscrire 40 noms de femmes scientifiques au deuxième étage de la Tour, au-dessus des hommes …et des anneaux.  (*Hypatie était une mathématicienne et philosophe grecque (Alexandrie vers 370 - Alexandrie 415). Henri Rivière - 1902 -  Estampe - Série "Trente-six vues de la Tour Eiffel - Paris Musées Collections. 

Un détail à retrouver dans mon dernier livret des Traversées parisiennes : "Du quai de Passy au quartier du Gros-Caillou"Vente en ligne et sur les rayons de la librairie L'Esperluète à Chartres. 


Précieux vélins

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Parchemin très blanc, fin et souple, le vélin est un support de grande qualité qui permet de composer des dessins rehaussés d'aquarelle, particulièrement raffinés.

Entre 1793 et 1802, le peintre Nicolas Maréchal qui excellait dans cette pratique, compléta la collection des vélins du Muséum par des portraits de carnassiers à la fois sensibles et très singuliers.

Formé à l’étude de l’anatomie lors de ses études à l’École vétérinaire d’Alfort, Maréchal tente de représenter l'animal dans son milieu naturel. Travaillant essentiellement à partir des modèles vivants de la Ménagerie du Jardin des Plantes, il s'attachera aussi à donner à ses sujets des expressions presqu'humaines.

Imaginé debout sur le bord de la banquise, un ours blanc fixe la rive opposée et semble songeur face aux improbables statues qui s'y dressent. Mêlant réel et fantastique, cette très libre interprétation de l'animal invite à explorer le monde sauvage tout en rappelant que la frontière entre nature et imaginaire reste encore très floue à l'aube du 19e siècle. 

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Ours polaire, vélin conservé dans les collections du Muséum national d’Histoire naturelle - 1796 - Nicolas Maréchal © MNHN. Sujet développé lors du cycle Tout connaître de Paris 2024-2025. 

 


Un sac en or

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Voici une petite merveille qui possède une riche histoire, au propre comme au figuré.

Célèbre pour ses oeuvres abstraites couvertes d'or et d'argent, l'artiste colombienne Olga de Amaral a sublimé le sac Lady Dior en le recouvrant d'une nouvelle peau étincelante. Mais avant cette ultime métamorphose, l'accessoire mythique de la maison Dior avait déjà brillé de mille feux, porté par une personnalité tout aussi rayonnante.

1995, le couple présidentiel Chirac s’apprête à accueillir une invitée de marque : Lady Diana. Pour marquer cet évènement, Bernadette Chirac commande un sac à main exclusif à Dior. Reflet du savoir-faire exceptionnel de la maison, le petit modèle élaboré en cuir noir va s'inspirer d'un motif que Christian Dior affectionnait particulièrement, le cannage des chaises Napoléon III.

Offert à la princesse dès son arrivée à l’Élysée ; c’est le coup de foudre. Dès lors, Diana l'arborera à de nombreuses occasions, aussi bien en visite officielle qu’au quotidien. Moins de deux ans après sa commercialisation, les ventes de la maroquinerie Dior sont multipliées par dix. Bien que baptisé "Chouchou" à sa naissance, la fidélité de Lady Diana poussera la maison de l’avenue Montaigne à le rebaptiser  "Lady Dior". 

Fort de son succès qui ne s'est jamais démenti depuis, le sac est donc "revisité" en 1919 par plusieurs artistes femmes à la demande de Dior.  Délaissant le traditionnel motif cannage, Olga de Amaral introduit de nouvelles matières issues de son univers créatif - des carrés de toile de coton et lin brodés dorés à la feuille d’or - et transfigure l'objet en une moderne relique inca. 

La Fondation Cartier expose les oeuvres de l'artiste Olga de Amaral cet hiver à Paris. Une exposition présentée en cycle Expos+. 

 


Borghèse. Les fruits d'un péché

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Érigée au milieu d'un parc, véritable havre de fraicheur au cœur de la chaleur romaine, la Villa Borghèse enchante les visiteurs par la richesse de collections patiemment réunies par le cardinal Scipion Borghèse (1577-1633).

Décrit par ses contemporains comme curieux, courtois, voire timide, l'homme n'en fit pas moins preuve d'une avidité remarquable pour satisfaire sa passion pour l’art. À plusieurs reprises, il n'hésita pas à recourir à la menace afin de contraindre des artistes à lui céder des oeuvres ou à travailler pour lui. 

C'est une mésaventure de ce genre que cache l'œuvre célèbre du Caravage, le garçon à la corbeille de fruits. Cette peinture - l’une des premières acquisitions du cardinal Borghèse en 1607 - fait partie d'une expropriation bien connue subie par Giuseppe Cesari, autrefois maître du jeune Caravage.

Conservée par Cesari plusieurs années après le départ de Caravage de son atelier, accusé d’agression et de détention d’armes, le peintre fut forcé de la céder au pape Paul V. Lequel en fit don … à son neveu, Scipion Borghèse, commanditaire présumé de cette saisie.

La collection Borghèse, une histoire de famille (et de péchés véniels), s'expose au musée Jacquemart André, à Paris, jusqu'au mois de janvier. 

Garçon avec un panier de fruits - 1593-1595 - Michelangelo Merisi da Caravaggio dit Le Caravage - Collection Borghèse, Rome 

La beauté presque féminine du jeune homme à l'épaule dénudée fait écho de manière assez licencieuse aux promesses de volupté que dégagent les fruits. Ce jeune homme à la pose sensuelle n’est autre que Mario Minniti, lui-même artiste alors âgé de 16 ans, qui était aussi probablement l’amant de Caravage 

L'exposition de la collection Borghèse au musée Jacquemart André sera commentée en cycle Expos+.

 

 


Ribera. Ténèbres et lumières

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Dans le sillage du Caravage, Jusepe de Ribera, artiste espagnol installé en Italie, s’impose comme l’un des interprètes les plus fascinants de la peinture d’après nature. Artiste hors-pair par sa capacité à retranscrire une réalité presque tactile des chairs et des objets, il traduit avec une acuité bouleversante la dignité du quotidien et les drames humains.

D’une radicalité extrême, Ribera privilégie un réalisme cru et la violence des clairs obscurs. Sa peinture, à la fois brutale et poétique, propose une interprétation éminemment personnelle de la révolution du Caravage.

Ribera vécut de 1616 jusqu'à la fin de sa vie, à Naples. Au 19e siècle, les écrivains romantiques le considèrent comme le prototype du peintre anticlassique et propagent une image outrancière de son art. Lord Byron affirmait poétiquement que Ribera "trempait ses pinceaux dans le sang des saints". 

Les saints ermites constituent un sujet de prédilection pour Ribera qui représente saint Jérôme une quarantaine de fois. Dans cette version, l'ermite lève les bras en entendant la trompette du Jugement Dernier. Né en Vénétie en 347, saint Jérôme occupe une place importante dans la réforme de l’église catholique au 17e siècle. Sa traduction de la Bible en latin - connue sous le nom de Vulgate - fut déclarée traduction authentique par le concile de Trente en 1546.

L’épisode relaté par Ribera se distingue par sa mise en scène dramatique. Selon une technique héritée du caravagisme, le corps du vieil homme semble illuminé de manière presque surnaturelle sur la roche sombre sans que l'on puisse définir la source lumineuse. Quant à son air effrayé, il illustre l'un de ses écrits : « Que je veille ou que je dorme, je crois toujours entendre la trompette du Jugement. » 

Détail

St-Jérôme et l'ange de Dieu - 1626 - Jusepe de Ribera - Musée de Capodimonte, Naples. Le bras blanc et musclé de l'ange annonçant la parole divine souligne avec force la courbe de l'instrument. Cette apparition théâtrale fait écho à l'ange de saint Matthieu plein de vigueur, peint plusieurs années auparavant par le révolutionnaire Caravage, en l'église romaine de St-Louis-des-Français. 

L'exposition Ribera sera présentée au musée du Petit-Palais, à Paris à partir du mois d'octobre. A découvrir lors du cycle Expos+ en salle, à Chartres, saison 2024-2025 

 


L'Âge atomique. Les artistes à l'épreuve de l'Histoire

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Le Musée d'Art Moderne de Paris propose de revisiter l’histoire de la modernité à travers l’imaginaire de l’atome.

À l’aube du 20ème siècle, les découvertes scientifiques sur la composition de l’atome et la radioactivité qui en émane bouleversent le rapport à la matière sur lequel repose la représentation artistique de la réalité.

La matière est désormais comprise comme énergie, ce qui permet d’imaginer un art affranchi de la pesanteur et de l’opacité des apparences de la nature.

L’invention de la bombe atomique et son utilisation destructrice contre le Japon par les États-Unis en août 1945 marquent un point de bascule de l’histoire moderne de l’atome, inaugurant un nouvel « Âge atomique ». Les artistes du monde occidental en proposent des lectures multiples : certains s’en tiennent à une neutralité esthète et à une fascination pour les mondes inconnus révélés par la physique, d’autres engagent une critique de la « spectacularisation » des explosions, d’autres encore tentent de représenter cette irruption du tragique au sein de la condition humaine.

Charles Bittinger’s “Late Stage of Baker” - 1946 - Navy Art collection, US.  L'explosion du « Baker » est un essai d'arme nucléaire mené par les américains sur l'atoll de Bikini, en Micronésie, le 25 juillet 1946. Le nuage extérieur, plus large, n'est en fait qu'un nuage de condensation. Il n'y a pas eu de nuage en forme de champignon classique s'élevant vers la stratosphère.

Mais, à l'intérieur de ce nuage de condensation, le sommet du geyser d'eau a formé une tête en forme de chou-fleur qui est retombée sur le lagon. L'eau libérée était hautement radioactive et a contaminé de nombreux navires installés à proximité.  Certains n'ont pas été endommagés et ont été décontaminés. Ceux qui n'ont pas pu être décontaminés ont été coulés à quelques kilomètres au large de San Francisco. A découvrir lors du cycle Expos 2024-2025, en salle ou en visioconférence.


Poils et peluches. De l'ours au nounours

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Roi incontesté des jouets, l’ours en peluche s’invite au musée des Arts décoratifs à partir de décembre pour raconter son incroyable histoire. Né au tout début du 20e siècle, Teddy Bear dit Nounours de ce côté de l'Atlantique, s’est vite imposé dans le cœur des enfants, détrônant poupées et animaux à roulettes dont l’existence remonte pourtant à l’Antiquité.

Mais une question demeure :  comment l’ancien roi des animaux - vénéré pour sa force, craint pour sa férocité - a pu devenir le plus populaire des jouets, symbole universel de tendresse et de douceur ?

Venu du temps des cavernes, l'ours fut un temps le roi des animaux car de tout l’hémisphère nord, il est l’animal le plus fort. Du fait de sa capacité à se mettre debout, il sera même comparé à l’homme; une aberration pour le christianisme qui place l’homme au-dessus des animaux. Dès lors l'Eglise médiévale va lui déclarer la guerre, bien décidée à lutter contre les cultes ursins.

Des milliers d’ours sont massacrés tandis que se multiplient les récits hagiographiques où de saints personnages domptent l’ours, affirmant ainsi leur supériorité sur l'animal. Alors qu’il était admiré pour sa force, les théologiens lui attribuent  désormais plusieurs péchés capitaux. Incarnant la paresse, la colère, la gourmandise et la luxure, l’ours devient un animal de cirque ridiculisé sur scène ou dans les contes comme dans le célèbre Roman de Renart.

Pourtant malgré ce passé difficile, le roi déchu de nos forêts conserve une place indétrônable au palmarès des peluches d'hier et d'aujourd'hui.

Fleur de vertu - 1530 - Manuscrit François de Rohan - BnF. Colère de l'ours qui se fait attaquer par les abeilles lorsqu'il vole leur miel ; l'ours est le symbole de la gloutonnerie.  Cycle Expos+ en salle à Chartres, saison 2024-2025.

 

 

Fou d'amour

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Les fous d’hier sont-ils ceux d’aujourd’hui ? Le musée du Louvre consacre cet automne une exposition inédite à ces figures du fou qui foisonnent dans l’univers visuel du Moyen-Âge et de la Renaissance.

Au 13e siècle, le fou est inextricablement lié à l'amour et à sa mesure ou démesure, dans le domaine spirituel comme dans le domaine terrestre.

Le thème de la folie d'amour hante les romans de chevalerie et leurs nombreuses représentations. Une folie qui atteint jeunes et vieux. Ainsi, la scène du philosophe Aristote chevauché - et donc ridiculisé - par Phyllis, la maîtresse d’Alexandre, était fort en vogue à la fin du Moyen-Âge. Elle montrait avec humour le pouvoir des femmes renversant l’ordre habituel.

En voici le résumé : Aristote avait pour élève Alexandre le Grand et reprochait à ce dernier de se laisser déconcentrer de ses royales fonctions par Phyllis, courtisane dont il était éperdument amoureux. Obéissant à son professeur, Alexandre cessa donc de fréquenter la belle et s’en retourna traiter les affaires de l’État.

Vexée, Phyllis décide alors de se venger du vieux philosophe en usant de ses charmes.  Mais lorsque le sage succombe, la rusée courtisane lui explique que s’il veut la posséder, il devra d’abord accepter d'être sellé et bridé puis de se laisser chevaucher. L’éminent barbu accepte et voilà Phyllis se promenant à dos d’Aristote dans les jardins royaux, le fouettant pour le faire avancer.

Alexandre, témoin de cette scène, s'en amusera tout en reprochant à son maître de n’avoir point de raison et d’avoir cédé au jeu de la tentation. Contraint d’admettre qu’il n’a su résister à son désir, Aristote profitera tout de même de la situation pour donner la leçon à son pupille. La morale de cette folle envie ?  Si même le sage succombe, un jeune et fougueux roi doit donc redoubler d'attention pour échapper aux pièges de la séduction. 

Aquamanile - Metropolitan Museum of Art, NY    L’aquamanile est une sorte d’aiguière à usage religieux ou profane, qui servait à verser l’eau pour le lavage rituel des mains du prêtre avant la messe ou des convives avant un repas.

Quand le sage fait la bête

Sans doute conçu pour divertir la tablée dans un contexte domestique, cet aquamanile illustre la légende populaire et moralisatrice selon laquelle Aristote, philosophe grec, se laissa humilier par la séduisante Phyllis, en guise d’enseignement à l’adresse du jeune souverain Alexandre le Grand qui était son élève.  Une œuvre et une exposition à découvrir lors du cycle Expos+ 2024-2025

 


Le goût et le coût du café

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Bien que très apprécié dans la haute société parisienne du 18e siècle, le café constitue une denrée rare et coûteuse car ses grains sont importés d'Arabie.

Suite à la paix d'Utrecht en 1714, un premier plant de caféier est donné à Louis XIV par le bourgmestre d’Amsterdam. Mais l'acclimatation de cette plante exotique s'avère difficile. 

La solution viendra du botaniste Antoine de Jussieu, auteur de la première description du caféier. On lui doit l'implantation d'une serre chaude au jardin royal parisien - futur Jardin des Plantes - qui favorisera le développement des plants. Bien abrités, ces derniers prospèreront suffisamment pour être exportés en Martinique puis dans les Antilles et en Guyane.

Si cette introduction doit beaucoup à Jussieu, elle est aussi très redevable à un personnage moins connu, Gabriel de Clieu. Chargé de veiller sur le caféier lors de la traversée vers les colonies françaises, il fut contraint d'utiliser sa chiche ration d'eau pour préserver le précieux plant.

L'histoire du premier plant de caféier sera développée lors du cycle Tout connaître de Paris 2024-2025

Café des Incroyables - 1797 - Auteur inconnu - Paris Musées Collections      Dix années séparent la chute de Robespierre du sacre de Napoléon. Elles ont été marquées par la soif de vivre, la frivolité, l’extravagance d’une jeunesse dorée avide de plaisirs, après la parenthèse sanglante de la Terreur. Très représentatifs de cette société, les Incroyables se distinguent par le raffinement excessif de leurs tenues, volontiers exhibées en se réunissant dans les cafés. Sur cette gravure, les Incroyables se distinguent par le port d'une curieuse coiffure dite en "oreilles de chien".  Café Les Incroyables


Chasseur devenu gibier

Sculpture
Commandées pour le décor du Muséum d'Histoire Naturelle à Paris en 1893, six sculptures en bronze devaient représenter des combats d’animaux. Professeur de dessin dans cette institution, Emmanuel Frémiet est l'auteur de plusieurs scènes associant singes et humains dont cet étonnant groupe installé à l'entrée de la galerie de Paléontologie.

Présentée sous forme d'esquisse dans un premier temps, cette lutte entre un homme et un orang-outan impressionna tant l'architecte du Museum qu'il décida de la faire réaliser en marbre.

Artiste de grand talent, Frémiet a souvent illustré l'affrontement entre l’homme et l'animal. Mais bien que doté d'armes et d'une pensée jugée très supérieure en cette fin de siècle, l'homme n'est pas toujours celui qui gagne la partie dans les oeuvres de cet artiste de renom. En outre Frémiet insiste sur la férocité de l'animal.

La cause en est une méconnaissance de l'époque sur les mœurs des grands singes. Car si cet imposant végétarien est capable de spectaculaires charges lorsqu'il se sent menacé, on le sait désormais plutôt paisible. Ce stéréotype de la férocité perdurera pourtant jusqu'au 20e siècle. Ainsi dans les années 30, Barnum n'hésitait pas à qualifier le gorille comme "la créature la plus terrifiante au monde".

Ici, le chasseur gît à côté de ses armes car il a clairement sous-estimé la puissance du singe protégeant son petit. Dominé par son gibier, il rend son dernier souffle, étranglé par la terrible poigne de l'animal tandis qu'un escargot poursuit tranquillement son chemin aux pieds de l'infortuné.

Orang-outan étranglant un sauvage de Bornéo - 1897 - MNHN, Paris. Sujet présenté en cycle Tout connaître de Paris 2024-2025

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Canotage impressionniste

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Consacré sport olympique en 1894, l'aviron est une activité humaine ancestrale. À quelques centaines de mètres de l'un des sites des Jeux Olympiques de Paris, l'Arena-Bercy, plusieurs barques exhumées dans les années 1990 témoignent de l'ancienneté de cette pratique.

Mais le sport de l’aviron n’est pas une simple imitation du rowing, l’aviron anglais. Il doit beaucoup au canotage qui se développe à Paris dans les années 1830-1840. Les canotiers parisiens pratiquent alors autant la promenade que la course. Considéré comme l’un des premiers loisirs populaires, le canotage devient aussi l’un des premiers sports athlétiques et mécaniques.

Séduit par les effets de la peinture de plein air des impressionnistes, Caillebotte réalise plusieurs scènes de canotage au tournant des années 1870-1880. La thématique se révèle particulièrement séduisante pour le peintre qui pratique lui-même l’aviron et se passionne pour les sports nautiques importés d’Angleterre. Une pratique qui sera facilitée par son acquisition d'une propriété en bord de Seine en 1881 ; située au Petit-Gennevilliers, elle se trouvait face à Argenteuil, haut lieu de yachting.

Périssoires - 1878 - G. Caillebotte - © National Gallery of Art, Washington  « Histoire des JO façon ART’Hist ; l’essentiel étant aussi de regarder 😊 »

Saison ART'Hist  2024-2025 : les pirogues de Bercy seront au programme du cycle Tout connaître de Paris et une grande exposition du musée d'Orsay mettra le peintre Caillebotte à l'honneur cet automne. 

 


Prométhée, héros enchaîné et très allumé

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Fils d’un titan, Prométhée avait reçu l’ordre de munir les êtres vivants d’armes pour se défendre et de moyens de se protéger. Convaincu que le feu pouvait aider les hommes, il le déroba au maître de l’Olympe. Dès lors, Zeus le condamna à être enchaîné sur un rocher, où un aigle lui rongeait le foie, qui repoussait sans cesse.

Sous le pinceau de Gustave Moreau le personnage de Prométhée semble peu affecté par son supplice ; scrutant l'horizon, la tête surmontée d'une flamme, maître de ses émotions, le héros se projette déjà vers l'avenir.

Ce mythe qui a inspiré de nombreux artistes et écrivains au fil des siècles, rejoint le sport en une parabole moderne : le progrès s’acquiert et s’expie par la douleur. Constat que tout athlète de haut niveau ne pourra nier car ses performances naissent aussi dans la souffrance.

Le mythe de Prométhée renforce ainsi la portée symbolique du porteur de la flamme qui relaie l’espoir et participe à établir un lien entre le site antique des Jeux et la ville organisatrice des Jeux, entre les Anciens et les Modernes.

Prométhée - 1868 - Gustave Moreau - Musée Gustave Moreau, Paris                                                                                                            « Histoire des JO façon ART’Hist ; l’essentiel étant aussi de regarder 😊 »


Atalante, jogging ou shopping ?

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Abandonnée à sa naissance par son père qui désirait un fils, Atalante fut nourrie du lait d'une ourse puis élevée par des chasseurs. Adepte de la chasse et des sports violents, farouchement indépendante, la jeune fille ne souhaitait pas prendre d'époux. Et pour repousser ses prétendants, Atalante imagine un stratagème.

Passant pour la plus rapide des mortelles ; elle organise des courses dont le règlement est simple : ceux qui perdent meurent, celui qui gagne reçoit sa main en récompense. Seul, le rusé Hippomène gagnera la course en jetant trois pommes d’or qui distraient et ralentissent la jeune fille.

Atalante et Hippomène -  1615 -1618 - Guido Reni - Musée de Capodimonte, Naples

« Histoire des JO façon ART’Hist ; l’essentiel étant aussi de regarder 😊 »

 


L'axolotl, une éternelle jeunesse

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Paris, 1864. Le professeur Auguste Duméril, responsable du vivarium du Jardin des Plantes se frotte les mains. Il vient de recevoir trente-quatre spécimens vivants d'une drôle de bestiole aquatique, l'axolotl. Dotée d'une bouille avenante et d'un éternel "sourire", la petite bête est particulièrement curieuse.

Le lot a été envoyé par le maréchal Forey qui dirige l'expédition militaire française au Mexique. Découvert tardivement par les Européens, l'étrange animal venu d'Amérique centrale est alors considéré comme une sorte de têtard. Et les têtards ne se reproduisent pas.

Mais quelques mois plus tard, l'un des axolotls se met à pondre tandis qu'un second perd ses branchies puis se transforme. Commence alors une série d'observations scientifiques qui révèleront les qualités extraordinaires du souriant batracien. L'axolotl est capable de régénérer certaines parties de son corps - les pattes, les yeux, sa colonne vertébrale et même une partie de son cerveau - ou encore de se métamorphoser en animal terrestre.

Un concept est né ; la néoténie qui se traduit par la conservation de caractéristiques juvéniles chez les adultes d'une espèce. Et un mythe est confirmé, celui d'une éternelle jeunesse (si vous possédez des branchies et l'adresse de la Fontaine de Jouvence ....)

Ce sujet sera développé lors du cycle Tout connaître de Paris, saison 2024-2025. 


Tarsila do Amaral, la belle cannibale

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Fille de riches propriétaires fonciers anciens esclavagistes, Tarsila do Amaral est née au Brésil en 1886. Issue de la grande bourgeoisie, programmée pour être une épouse obéissante et une mère exemplaire, Tarsila va pourtant rompre le carcan des traditions. En 1920, elle vient étudier l’art à Paris et s'ouvre ainsi au modernisme aux côtés des peintres André Lhote, Albert Gleizes, Fernand Léger et du poète Blaise Cendrars. Perfectionnant sa pratique de la peinture, la jeune femme évolue au sein d'une avant-garde parisienne influencée par les arts extra européens. 

Ce goût du primitivisme sera déterminant dans l'œuvre de Tarsila. Il va la pousser vers l’exploration des faces méconnues du Brésil, loin des grandes villes et de la bourgeoisie de culture européenne qui dirige le pays. Telle une cannibale, elle dévore symboliquement la culture des colons, la mixe avec l'art des autochtones pour en tirer une force nouvelle.

Absorbant puis digérant ces nouvelles sources d'inspiration, elle saura se les réapproprier afin de créer un art totalement brésilien, devenant ainsi l'une des figures de proue de cette période "anthropophage".

Une artiste à découvrir cet automne, au musée du Luxembourg, lors du cycle Expos+   Autoportrait - Tarsila do Amaral - Musée national des Bx-Arts - Rio de Janeiro


Monet et "le roi des ciels"

 
Le Havre, 1856.
Le jeune Monet âgé de 16 ans trompe son ennui au collège en caricaturant professeurs et élèves sur les marges de ses cahiers. Il ne se doute pas encore que ces caricatures vont changer le cours de sa vie.
 
Exposées dans la vitrine d'un encadreur havrais, elles attirent l'attention d'Eugène Boudin, artiste local dont la renommée s'étend dans les salons parisiens. Une reconnaissance qui lui a valu d'être surnommé "roi des ciels" par le paysagiste Corot.
Boudin encourage l'adolescent à peindre des paysages à ses côtés.
 
Monet vivra cette première expérience de la peinture de paysage comme une révélation : " Ce fut tout à coup comme un voile qui se déchire ; j'avais saisi ce que vous pouvait être la peinture. Si je suis devenu un peintre, c'est à Eugène Boudin que je le dois."
Les deux artistes sont à nouveau réunis, sur les cimaises du musée d'Orsay, à l'occasion de l'exposition qui célèbre les 150 ans de la première exposition impressionniste.
 
Visite guidée par Anne Chevée, mercredi 12 juin. 
Ciel bleu et nuages blancs - pastel - Eugène Boudin (1824-1898) - Musée E. Boudin, Honfleur 
 
 
 
 
 

Un nuage de pierre

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Quel drôle de choix pour un sculpteur que d'interpréter un nuage.

Corps célestes, on rêve les nuages plutôt floconneux, faits d'une ouate pétrie par le souffle du vent. Princes des tableaux de paysage, ils se sont imposés en peinture, plus rarement en sculpture. Ce qui explique peut-être le nom de cet élément, baptisé Timidité. Posé sur un socle de bois surdimensionné qui souligne sa petitesse, il évoque l'oiseau installé sur l'arbre et l'alliance des contraires, légèreté et lourdeur, lisse et brut, pierre et bois. 

Traditionnellement utilisés pour surélever la sculpture et la distinguer de son environnement, Brancusi convertit à plusieurs reprises certains socles en sculpture autonome, refusant toute hiérarchie entre le haut et le bas, entre le banal et le noble.

Sujet présenté lors du cycle Expos 2023-2024.   Constantin Brancusi - La Timidité - 1917 - Pierre (calcaire) - Socle bois (platane) - Centre Pompidou, Paris


Le réveil de tante Léonie

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Sanctuaire ou cellule d'enfant, espace protégé ou matrice des cauchemars, la chambre est l'espace intime ultime. Sous la plume de Proust, cette pièce devient le lieu du rêve où remontent la plupart des souvenirs enfouis du narrateur. Entre quatre murs, la magie opère, le réel se transforme pour faire réapparaitre un temps que l'on croyait perdu. C'est un peu l'histoire de la maison de tante Léonie, à Illiers-Combray.

Petite maison bourgeoise sans prétention, elle abrite depuis plusieurs décennies les reliquats de l'enfance de l'écrivain. Mais le temps passé n'avait pas épargné l'édifice et une remise en état s'imposait. C'est chose faite et dès le mois de mai, les visiteurs pourront à nouveau grimper l'escalier de bois menant aux chambres de l'étage. Au bout du couloir, la chambre du petit Marcel n'a guère changé. Le roman de Georges Sand posé près du lit et la lanterne magique sont prêts à divertir le jeune garçon de ses terreurs nocturnes. En revanche, tante Léonie a déménagé vers une chambre plus spacieuse avec la fidèle madeleine et sa tasse de porcelaine. Quand à la surface de la modeste demeure, elle a quasiment doublé en annexant la maison voisine. Un bel espace plus adapté à la déambulation et au déploiement des souvenirs du narrateur.  

Visite guidée de la maison de tante Léonie complétée par une promenade commentée dans le bourg d'Illiers-Combray, vendredi 14 juin à 14h30. Guide-conférencière : Anne Chevée

Commande du livret-promenade : Aux côtés de Marcel Proust (2 itinéraires pédestres, à Illiers-Combray et à Paris)

Edvard Munch - Jeune fille à la fenêtre -  1893 - Art Institute, Chicago.  La vie et l’art d’Edvard Munch – en particulier son œuvre emblématique Le Cri (1893 ; Musée national d’Oslo) – en sont venus à incarner les notions modernes d’anxiété. De fréquents séjours à Paris et à Berlin entre 1889 et 1893 mettent l'artiste norvégien en contact direct avec les impressionnistes et les symbolistes. La fenêtre fonctionne comme une barrière symbolique séparant l’intérieur du monde extérieur. 

 

 


Indigomanie ou la vie en bleu

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À la fin du 19ème siècle, les élégantes s'enthousiasment pour le bleu-violet, engouement favorisé par la mise sur le marché d'une teinture synthétique à un coût accessible. Mais le bleu est aussi une couleur très prisée des impressionnistes, cibles de critiques et de plaisanteries. Huysmans les considéraient comme atteints d' "indigomania"...
 
En 1874, mode et impressionnisme sont deux phénomènes qui se croisent dans la capitale française. Alors que l'une devient un sujet de préoccupation, l'autre fait sa révolution picturale. Les impressionnistes qui veulent exprimer leur temps, comprennent qu'il leur faut peindre la mode. 
Dès lors, l'image de la Parisienne qui s'affirme, va aussi s'afficher sous le pinceau de ces peintres de la vie moderne.
 
Désirant saisir son époque, Renoir a particulièrement regardé les femmes et étudié leur condition et leur style, usant de la lumière avec une grande originalité comme dans cette tenue de ville structurée par de larges éclats blancs. Exposé en 1874, ce portrait de la future actrice Henriette Henriot dépeint parfaitement le type de la Parisienne élégante et incarne au plus près la modernité, par son style vestimentaire comme par sa touche picturale.
 
La Parisienne - Auguste Renoir - 1874 - Cardiff. Ce tableau est actuellement présenté au musée d'Orsay, dans l'exposition " Paris 1874. Inventer l'Impressionnisme". Visite guidée de l'exposition par Anne Chevée, mercredi 12 juin 2024. 
Pour en savoir plus sur l'histoire de l'impressionnisme, rendez-vous mardi 21 mai ou mercredi 22 mai 2024, en salle ART'Hist.
 
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Une sacrée chute

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15 avril 2019 au soir, entraîné dans la chute de la grande flèche, le coq perché sur Notre-Dame de Paris à 96 mètres de hauteur, disparaissait dans les décombres de la cathédrale en flammes. Alors qu'on le croyait fondu, le lendemain, le volatile - un brin cabossé tout de même - est (miraculeusement ?) retrouvé sur les hauteurs du monument.
 
Dans le christianisme, le coq symbolise le retour de la lumière après la nuit. En décembre dernier, un nouveau coq aux allures de phénix renaissant de ses cendres a été placé au sommet de Notre-Dame.
 
Une histoire parmi d'autres, à écouter samedi 15 mars, lors du dîner-conférence que j'anime dans les salons du Grand Monarque, à Chartres.


Paris à vol d'oiseau

Et si nous prenions de la hauteur ? Autour de Notre-Dame restaurée, phénix renaissant de ses cendres. Sauvée par la plume d'Hugo, de l'ignorance et du désintérêt en 1831 ; sauvée des flammes près de deux siècles plus tard, un soir d'avril qui restera inscrit dans la mémoire collective. 

Rendez-vous vendredi 15 mars dans les salons du Grand Monarque à Chartres, pour une conférence suivie d'un dîner. Je raconterai l'histoire de Notre-Dame avant et après Victor Hugo ; avant et après l'incendie. 

Henri Rivière Paris Musées Collections

Henri Rivière - 1900 - Du haut des tours de Notre-Dame - Musée Carnavalet, Paris


La Liberté change de cap

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Près du pont de Grenelle, une réplique de la statue de la Liberté new-yorkaise accueille les visiteurs pénétrant dans Paris depuis l'ouest de la capitale. Inaugurée en 1889, soit trois ans après la statue américaine, elle était alors installée face à l’est pour éviter deux inconvénients au président Carnot lors de la cérémonie officielle ; l'utilisation d'une barque et le dévoilement d'une statue tournant le dos à l’Élysée. 

Mais ce choix ne satisfaisait pas son créateur, Bartholdi, lequel souhaitait qu’on la dirigeât plutôt en direction de New York. Il faudra attendre l'exposition de 1937 - soit quarante-huit ans plus tard - pour que la Liberté effectue un demi-tour, cap à l'ouest. Cette vue du pont de Grenelle représente la célèbre figure dans sa position initiale, dos à l'Amérique.

Le Pont de Grenelle, vu de la maison de l'artiste, quai Louis-Blériot - après 1911 - Alexandre Nozal - Musée Carnavalet  Le circuit des prochaines Promenades parisiennes - parution au printemps 2024 - fait étape sur le pont de Bir-Hakeim, non loin de la dite-statue.

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La peinture qui apaise

Conférence Anne Chevée Grand Monarque
 
Van Gogh peint ce tableau au début du mois de juin 1890 dans la campagne d'Auvers-sur-Oise, un village non loin de Paris.
L'artiste vit alors ce nouveau séjour dans le nord de la France comme une sorte de retour aux sources.
Bien qu'animé par les traits énergiques du pinceau décrivant le mouvement des tiges d'herbe dans la brise, ce paysage diffère des tableaux réalisés en Provence. Les couleurs vives et chaudes du sud ont laissé place à des teintes froides et douces, de vert et de bleu. Beauté et sérénité semblent alors le meilleur remède pour apaiser un esprit tourmenté.
 
Tableau commenté lors du dîner-conférence consacré à Van Gogh au Grand Hôtel & Spa Le Grand Monarque Chartres, vendredi 24 novembre. Conférencière Anne Chevée
Champ de blé vert - première moitié de juin 1890 - National Gallery of Washington

Vienne la nuit sonne l'heure / Les jours s'en vont je demeure

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Le 9 novembre 1918, Guillaume Apollinaire rend son dernier souffle tandis que Paris s'apprête à fêter l'armistice. Pionnier de la poésie moderne, engagé volontaire dans la défense de la France alors qu'il n'est pas encore naturalisé, l'homme est aussi un amoureux sensible, souvent déçu mais qui transforme ses peines en or littéraire.
 
Délaissé par Marie Laurencin après cinq années d'amours orageuses, "le poète à la tête étoilée" compose l'un de ses plus célèbres textes. Observant l'écoulement de la Seine sous le pont Mirabeau à Paris ; il évoque l'usure de l'amour avec le passage du temps.
 
Cette grande peinture de Marie Laurencin trôna au-dessus du lit du poète jusqu'à sa mort. Réalisée en 1909, elle entre dans sa collection en 1912, année de leur séparation. Apollinaire figure au milieu de la toile en compagnie de ses amis. De gauche à droite ; la collectionneuse Gertrude Stein représentée de profil près de Fernande Olivier - compagne de Picasso - lequel se tient à droite d'Apollinaire tandis que Marie Laurencin est installée au piano.
 
Exposée au salon des Indépendants de 1909, cette œuvre fit l'objet d'un commentaire élogieux par Apollinaire, amoureux éconduit par la suite mais qui resta un ardent défenseur de la peinture avant-gardiste : "L'art de Melle Laurencin tend à devenir une pure arabesque humanisée par l'observation attentive de la nature."

La vie en bleu

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Juillet
1890. Un peintre aux cheveux roux et à la mise négligée observe avec attention le paysage de campagne qui l'environne. Vincent van Gogh est installé à Auvers-sur-Oise depuis le mois de mai, enthousiasmé par les motifs qui s'offrent à lui.
 
Maisons aux toits de chaume, champs, bouquets de fleurs, portraits ; il peint avec une telle ardeur que soixante-quatorze œuvres naissent en soixante-dix jours.
Sous le ciel d'Ile-de-France, bleus et verts s'imposent en contrepoint du jaune des toiles exécutées en Provence.
 
Mais l'apaisement trouvé en ces lieux ne sera que de courte durée comme en témoignent les lettres échangées avec son frère Théo. Les bleus de sa palette se mêleront aux bleus de l'âme et Vincent mettra fin à ses jours en plein champ, sous l'outremer d'un ciel de juillet.
 
Champs de blé sous des nuages d'orage -9 juillet 1890- Fondation Van Gogh, Amsterdam. Ce tableau est actuellement au musée d'Orsay, dans l'exposition "Van Gogh à Auvers-Sur-Oise". Sujet développé lors du cycle Expos et au cours du dîner-conférence organisé au Grand Monarque à Chartres, le 24 novembre

Vrai cristal, faux végétal

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Compagne fidèle des cuisiniers, la feuille de laurier ou plutôt son nom a aussi été utilisé par les archéologues pour désigner certaines pierres taillées au Paléolithique supérieur. Retouchées avec grand soin sur la totalité des deux faces, ces pièces étonnent toujours par leur finesse et leur régularité. 

Découverte en Charente, dans la grotte du Placard, celle-ci est sculptée dans un cristal de roche qui permet d'observer la taille caractéristique "en pelures" de l'objet, façonné par de minces enlèvements.

Cette pièce n'avait certainement pas d'utilité fonctionnelle mais probablement un usage rituel qui témoigne de l'attirance ancestrale des hommes pour la beauté du quartz. Traversé par la lumière qu'il diffracte, semblant immatériel alors qu'il est matériel, le cristal fascine l'homme depuis la nuit des temps.

Cette œuvre est présentée dans l'exposition du musée de Cluny, 'Voyage dans le cristal', sujet qui sera développé lors du cycle Expos 2023-2024. 

Feuille de laurier - Paléolithique supérieur, Solutréen (19000-16500 av.n-è) - cristal de roche - Musée d'Archéologie Nationale, St-Germain-en-Laye


Les pommes ne comptent pas pour des prunes

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Sur les étals des marchés de septembre comme sur les cimaises du musée du Luxembourg, les fruits sont à l'honneur en cette rentrée ; pommes à la Cézanne, poires bicolores selon Braque et oranges miroitantes dans la corbeille de Matisse.

Elaborant un nouveau langage - plastique pour le peintre espagnol, littéraire pour l'écrivaine américaine - Pablo Picasso et Gertrude Stein partagent la même fascination pour les natures mortes de Cézanne. Lequel avait conçu l'idée que - dans une composition - une chose compte autant qu'une autre.

Pomme ou prune, homme ou femme, sur un même pied d'égalité ! 

Nature morte aux pommes et au pichet - 1877 - P. Cézanne - Metropolitan Museum of Art, NYC

Ce sujet développé lors du cycle Expos+, en salle ART'Hist à Chartres, est lié à l'exposition "Stein/Picasso. L'invention du langage" qui se tient au musée du Luxembourg, à Paris cet hiver. 


Modigliani, l'art italien en héritage

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Visages ovoïdes percés de larges yeux en amande et posés sur de longs cous, les portraits du peintre Modigliani se distinguent aisément par ces traits caractéristiques.

Héritiers de la culture classique italienne, ils appartiennent cependant à un genre peu prisé par les avant-gardes au début de 20e siècle. Modigliani en fera pourtant le cœur de ses expérimentations plastiques.

Usant d'une géométrisation d'ordre cubiste pour certains, de touches étirées évoquant le non finito de ses sculptures pour d'autres, l’œuvre de Modigliani témoigne d'une recherche constante pour concilier portrait et avant-garde.

NGWAEn 1907, le docteur Paul Alexandre est le premier amateur à s'intéresser à sa peinture et à l'encourager en achetant ses toiles.

C'est à la lumière de cette rencontre décisive que sera présentée l'exposition "Modigliani. Un peintre et son marchand" au musée de l'Orangerie cet automne.

Ce sujet sera développé lors du cycle Expos 2023-2024. 

Femme aux cheveux roux - Amadeo Modigliani - 1917 - National Gallery of Art, Washington


Les charmes discrets du 18e siècle selon Berthe Morisot

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Quête de l'instantané et fascination pour les variations de lumière associent Berthe Morisot (1841-1895) au courant impressionniste. Mais la jeune femme s'est toujours distinguée de ses compagnons par la place accordée à la figure féminine. Sa fille Julie, ses nièces, les domestiques sont les actrices de scènes intimes directement empruntées à son quotidien.

Debout dans une salle à manger, un bol dans les mains, une jeune femme dotée d'un tablier blanc nous regarde. Son visage rond éclairé d'un soupçon de sourire fait un écho malicieux au globe de la lampe voisine.  

Brossée avec rapidité par touches apparentes, cette scène d'intérieur semble en apparence inachevée. En réalité, Berthe montre beaucoup d'audace dans cette pratique du non finito. Cette légèreté de la touche et son goût pour les tons pastel lui vaudront d'être comparée à Antoine Watteau  et à son arrière grand-oncle, Honoré Fragonard.

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Peintre de la vie moderne, son art a souvent été comparé au travail des artistes français du XVIIIe siècle, poussant Renoir à la qualifier de « dernière artiste élégante et «féminine» que nous ayons eu depuis Fragonard ».  L’exposition que lui consacrera le musée Marmottan en octobre se propose de rechercher l’origine de cette inspiration.

Ce sujet sera présenté en salle, à Chartres, au cours du cycle Expos. 

Dans la salle à manger - 1886 - Berthe Morisot - National Gallery of Washington 


Les ombres de Passy

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Au pied de la maison qui abrita Balzac, un discret hôtel particulier a vu se succéder princesse, bal populaire, café-concert, aliénés et ministre turc. Démoli puis reconstruit à l'identique, siège actuel de l'ambassade de Turquie, il garde le souvenir des ombres célèbres qui firent sa gloire défunte. Guy de Maupassant (1850 -1893) est l'une d'elles.

Jeune romancier révélé en 1880 par le succès de Boule de suif, Maupassant emprunte un chemin singulier qui va le mener de la peinture des mœurs au fantastique comme en témoigne Le Horla

Atteint par la syphilis, il sait qu'il n'a que peu de temps à vivre et écrit de nombreuses nouvelles dans l'urgence. Mais son œuvre naturaliste va évoluer vers la noirceur à mesure que la folie le ronge. Interné en janvier 1892 à la clinique du Dr Blanche qui occupait alors l'emplacement de l'ambassade, l'écrivain meurt en juillet 1893 après un an et demi de délires provoqués par le mal qui le ronge.

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Parisienne, effet de nuit - 1893 - Henri Boutet - National Gallery of Art, Washington. Surnommé le "petit maître du corset" ou le "peintre de la midinette", Henri Boutet se spécialise au cours des années 1890 dans la production d'eaux-fortes et de pointes sèches représentant des femmes en déshabillé et connaît un petit succès auprès d'un public averti. 

Seule sur le trottoir dans la nuit parisienne - situation anormale pour une femme respectable à l'époque - cette jeune personne pourrait figurer dans l'un des nombreux textes que Maupassant consacra à la prostitution. 

L'histoire de cet hôtel particulier sera présentée lors du cycle Tout connaître de Paris 2023-2024.  

 


Un cristal qui a de la gueule

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Depuis des siècles la transparence du cristal de roche séduit les humains, toutes civilisations confondues. Connu depuis la haute antiquité, le cristal naturel est la plus dure de toutes les variétés de quartz. Considéré à l’égal d’une pierre précieuse, il était utilisé pour confectionner des objets d’art d’un très grand luxe et nombre d'objets princiers ou religieux témoignent de sa dimension à la fois précieuse et sacrée. 

Ces deux têtes léonines ont été exécutées à Rome ou Constantinople vers l'an 500. Travaillées dans un bloc de quartz d’une parfaite transparence, elles étaient probablement utilisées comme montants ou accoudoirs d'un trône (un ornement de ce type figure sur le siège qu'occupe le consul Anastasius en 517). Sculptées avec réalisme, percées au niveau de la gueule afin de permettre le passage d'un anneau ; elles ont même été évidées, preuve de la grande habileté de l'artiste. 

Ces pièces exceptionnelles figureront dans l'exposition Voyage dans le cristal présentée au musée de Cluny du 26 septembre 2023 au 14 janvier 2024 et lors du cycle Expos+.

Têtes de lions - vers 500 - quartz - Musée de Cluny, Paris

 


Les victoires de Cézanne

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En ce 15 octobre 1906, le tonnerre gronde sur la montagne Sainte-Victoire et la pluie s'abat sur un homme debout devant son chevalet. Pinceau à la main, il s'obstine. Ce motif, cette montagne, ce bloc de calcaire, Cézanne en a fait sa muse. Pour l'apprivoiser,  il l'a représentée sur 87 tableaux, 44 huiles et 43 aquarelles. 

Epuisé et frissonnant de fièvre, il finit par tomber. « On l’a ramené, rue Boulegon, sur une charrette de blanchisseur et deux hommes ont dû le monter dans son lit. » Très affaibli par une pneumonie, il se relève pourtant de temps à autre pour ajouter une touche à une aquarelle installée près de lui.

Cézanne s'éteint une semaine plus tard et réalise ainsi son vœu ; mourir en peignant. Lui qui comparait la peinture à « une méditation le pinceau à la main ». 

Montagne Ste-Victoire et Château noir - Paul Cézanne - 1904-1906 - Philadelphie Museum of Art. Reprise des cours d'histoire de l'art - en salle à Chartres et en visioconférence - début octobre. 

 

 

 


Le pouvoir (non négligeable) d'un peintre

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Grand tableau illustrant la visite de Bonaparte aux pestiférés de Jaffa pendant la campagne d'Egypte, cette œuvre d'Antoine-Jean Gros est parfaitement orchestrée. Tout dans sa mise en scène désigne le héros à l'admiration du spectateur ; debout dans la lumière, vêtu du riche costume de général du Directoire, Bonaparte touche sans crainte la tumeur d'un malade de sa main dégantée. 

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Mais les officiers qui l'encadrent ne semblent pas tous partager l'héroïsme de leur chef. Sur la gauche, l'un d'eux se protège même la bouche de son mouchoir ; il s'agit de Bessières, officier que le peintre connaissait bien mais envers lequel, il nourrissait un certain ressentiment. La cause ? Ce dernier s'était comporté avec une certaine condescendance à son égard lors d'une précédente rencontre.

Grand succès au Salon de 1804, le tableau réussit le double challenge de valoriser le peintre et son commanditaire tout en ridiculisant l'un de ses modèles. L'histoire ne dit pas si Bessières mit aussi un mouchoir sur son orgueil....

Bonaparte visitant les pestiférés de Jaffa - 5m x 7,20m - Musée du Louvre, Paris. Ce tableau sera analysé lors du cycle Tout connaître de Paris 2023-2024.  

 


Un fortifiant nommé campagne

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Mai 1890, après un bref séjour parisien chez son frère, Van Gogh quitte l'agitation de la capitale pour retrouver le calme de la campagne à Auvers-sur-Oise. Dans ce village situé au nord-ouest de Paris vit le docteur Gachet qui est aussi peintre amateur. Il collectionne les oeuvres de l'art moderne, dont celles de Pissarro et c'est sur recommandation de ce dernier que Théo l'a contacté. Inquiet, il demande au docteur de bien vouloir garder un œil sur son frère. 

Gachet s'acquitte bien volontiers de sa mission et stimule Vincent afin qu'il peigne. Ce dernier semble se plaire à Auvers ; il écrit d'ailleurs à Théo qu'il a trouvé en Gachet un véritable ami et produit en peu de temps un grand nombre de tableaux de paysage. Des tableaux à la signification positive : "ces toiles vous diront ce que je ne sais dire en paroles ; ce que je vois de sain et de fortifiant dans la campagne".

Malgré ces phrases enthousiastes et une reconnaissance qui commence à se faire jour, le peintre est en proie à de terribles doutes ; il pense être un artiste raté. Et le paysage auversois qui lui apportait une relative sérénité deviendra quelques semaines plus tard l'expression de sa tristesse et "de la solitude extrême". 

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Paysage - 1890 - Vincent van Gogh - Art Institute, Chicago     L'exposition Van Gogh à Auvers-sur-Oise, les derniers mois  programmée au musée d'Orsay à l'automne, sera présentée en salle ART'Hist lors du cycle Expos+.


Inutile et monstrueuse

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En février 1887, le journal Le Temps fait paraître une lettre ouverte assassine signée Alexandre Dumas, Guy de Maupassant, Charles Garnier et quelques autres figures célèbres de l'époque.

La raison de leur courroux ? Le projet fou d'un certain Gustave Eiffel, entrepreneur spécialisé dans les charpentes métalliques. Auteur de la structure de la statue de la Liberté inaugurée en 1886 dans la rade de New York, il entend bien s'illustrer cette fois-ci à Paris, lors de la prochaine Exposition universelle programmée en 1889. Mais son projet d'une tour gigantesque suscite une vive polémique dans le monde des arts, ce qui conduit plusieurs grands noms à s'exprimer dans la presse pour signifier leur opposition.

La tour, une fois construite, continuera à alimenter leur désapprobation. Verlaine la compare à un "squelette de beffroi" tandis que Huysmans y voit un" tuyau d'usine en construction". Quant à Guy de Maupassant, il y déjeune car - dit-il - c'est le seul endroit où il ne la voit pas.

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Sur cette estampe, la dame de fer - alors âgée d'une douzaine d'années - se détache sur un panorama typique des toits parisiens et ne semble guère souffrir de la comparaison malgré les vives critiques de Maupassant : "Cette haute et maigre pyramide d'échelles de fer, squelette disgracieux et géant, dont la base semble faite pour porter un formidable monument de Cyclopes, et qui avorte en un ridicule et mince profil de cheminée d'usine".

"Les 36 vues de la Tour Eiffel " - Henri Rivière - 1902 - Musée Carnavalet, Paris. 

Ce sujet sera présenté lors du cycle Tout connaître de Paris 2023-2024.  

 


Morphologie secrète du panier et de la cruche

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Quoi de plus banal qu'un panier à deux anses ?  Pourtant la plume de Balzac et le dessin d'Henry Monnier lui donnent une toute autre résonnance lorsque le texte rencontre l'image.

Vêtue d'une robe couleur d'osier, une passante déambule accrochée aux bras de deux messieurs portant l'ombrelle et le châle de la demoiselle. Le titre choisi - Un panier à deux anses - laisse entendre qu'elle saura user ou même abuser de cette double bonté. Sur la gravure ci-dessous, titrée de la même façon, un homme s'avance avec à ses bras, deux jeunes femmes. Bien que les places soient inversées, le propos est identique.

Dramaturge, acteur et dessinateur, Henry Monnier croque les mœurs et physionomies de ses contemporains avec autant de finesse que Balzac lorsqu'il écrit dans La Comédie humaine " un provincial [...] garni des deux anses par lesquelles les femmes prennent ces sortes de cruches quand elles veulent les garder."  (Extrait de Béatrix)

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L'amour joue un rôle essentiel dans les romans de Balzac, tôt privé de tendresse maternelle. Observant avec beaucoup d'acuité les femmes, il met en scène leurs rêves comme leurs égarements. Mais, les imaginant adultères, il n'oublie pas de décrire aussi les arcanes d'une société qui les condamne à être parfois mal mariées et humiliées. Cruches et paniers se retrouvent ainsi sur un pied d'égalité. 

Estampes "Le  Panier à deux anses" - H. Monnier - 1827 - Maison de Balzac, Paris    La maison de Balzac sera présentée lors du cycle Tout connaître de Paris 2023-2024.  

 

 


Une maison 'sensationnelle' selon le peintre Signac

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'devant laquelle les passants béent, des groupes chevelus discutent, les cyclistes se relèvent, les automobilistes s'arrêtent et lorsque le régiment défile, le colonel massivement se retourne et se congestionne'.

L'objet de toute cette attention est le Castel Béranger, immeuble Art nouveau construit par Hector Guimard dans le quartier d'Auteuil. Signac, récemment installé dans son nouvel atelier du sixième étage, se délecte visiblement des réactions provoquées par sa nouvelle demeure tout en qualifiant l'architecte du titre de 'constructeur de la Maison joyeuse dans la Cité future'. 

Un enthousiasme à vrai dire volontairement exagéré mais qui réagit aux nombreuses attaques visant alors Guimard.

Dans le numéro du 7 avril 1899 du Journal des débats politiques et littéraires, le journaliste André Hallays écrit : 'Mais que viennent donc faire aux balcons tous ces masques diaboliques ? Et ces informes ornements de grès ? Que veut dire le dessin baroque des fers et des cuivres qui ornent les portes, les vestibules et jusqu’aux soupiraux, sorte de paraphe gauche et grêle ? Pourquoi sur les vitraux ces bariolages imprévus pareils à des zigzags de foudre ?'

C’est vraiment une maison de cauchemar." 

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Détails de la façade du Castel Béranger.
L'ensemble avait été rebaptisé Dérangé ou la Maison des diables en raison des masques, hippocampes et autres coups de fouet peuplant ses murs. Cette construction 'cauchemardesque' sera commentée lors du cycle Tout connaître de Paris saison 2023-2024.


Du vin et des câlins

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Dès les 16e et 17e siècles, les frères du couvent des Minimes de Passy - qui n'était pas encore un quartier parisien - utilisaient les carrières de calcaire pour conserver leur vin. Respectant un strict régime végétarien, la consommation du précieux liquide était leur principal plaisir et ils apportaient donc un soin tout particulier à sa vinification.

Mais la règle de l'ordre imposait aussi le silence et l'obligation de ne pas changer d'habit. Ce qui n'allait pas sans quelques inconvénients olfactifs ; les moines dégageaient une odeur d'huile rance particulièrement tenace selon les habitants du village. Pour autant, leurs relations de voisinage ne semblent pas en avoir souffert et une certaine cordialité régnait entre laïcs et religieux. Du reste, ces derniers - plutôt affables - étaient surnommés "les Bonshommes" par les habitants de Passy, eux-mêmes qualifiés de "Câlins".

Ombres portées (détail) : un moine buvant une coupe de vin est doublé par sa silhouette en forme de cruche - 1830 - Grandville , Dessinateur-lithographe - Maison de Balzac.  Ce sujet sera développé lors du cycle Tout connaître de Paris 2023-2024. 


J'écris donc je suis

Cliché Anne Chevée

Bien qu'on ne puisse résumer la naissance du street-art à cette phrase, l'art urbain est indéniablement un moyen d'exister ou plutôt de montrer que l'on existe et dont les origines s'expriment à travers le graffiti, de Lascaux à Philadelphie. 

Son expansion contemporaine est étroitement liée aux mutations des milieux urbains et à leurs modes de transport. Dans les années 60-70, la multiplication de logements d'une grande banalité dans des quartiers qui se marginalisent, l'omniprésence des supports de communication visuelle (affiches, panneaux de signalisation) vont favoriser les prémices du mouvement

Observant les visuels imposés par la publicité ou par les autorités administratives, une jeune génération prend alors d'assaut ces espaces, se les approprie en y inscrivant ses propres codes. Cherchant à être vus par le plus grand nombre et le plus rapidement possible, ces tagueurs affectionnent notamment les rames du métro. C'est ainsi que le réseau new-yorkais devient une cible privilégiée dans les années 70.  Avides de reconnaissance, les auteurs de ces écritures sauvages se distinguent les uns des autres en stylisant leur signature. Mais la concurrence féroce que se livrent les tagueurs new-yorkais prendra de telles proportions qu'elle provoquera la réaction hostile de la municipalité.

Enrichi par l'adoption de nouveaux sujets d'inspiration comme la bande dessinée ou le pop art, l'art urbain n'a cessé de gagner en reconnaissance. Désormais reconnu comme un mouvement artistique à part entière, il est entré dans les musées. "Domestiqué", il fait l'objet de commandes officielles, ornant les murs des villes en toute légalité.

Mais une part essentielle de son histoire passée et actuelle pose la question de sa prolifération sauvage. Envahissant la rue de manière illégale, le graffiti soulève de nombreux questionnements. D'une part se pose le problème de la dégradation des espaces privés ou publics mais aussi celui d'un environnement visuel imposé par une minorité et perçu comme une détérioration de leur cadre de vie par d'autres. 

Peinture de DacRuz près du canal de l'Ourcq - Paris 19e arrondissement. Circuit pédestre La Villette, à découvrir dans le dernier tome des Promenades parisiennes. Achat en ligne ou à l'Esperluète, Chartres (retrait en magasin ou envoi).

 

 

 


Mégère non apprivoisée

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A deux pas de la place de Clichy, une statue de Berlioz se dresse dans le square verdoyant de l'ancienne place Vintimille, rebaptisée Adolphe Max. Ouverte en 1844, cette charmante place voisinait alors avec plusieurs ateliers d'artistes dont celui d'Edouard Vuillard qui l'immortalisa à plusieurs reprises.

Au 17 de la rue de Vintimille, une porte verte signale l'entrée de l'immeuble où - en 1856 -  Berlioz vécut quelques mois avec Marie Recio. Cette jeune cantatrice de onze ans sa cadette miaulait comme deux douzaines de chats selon les propres termes du musicien. Véritable mégère, sa possessivité étouffera vite Hector qui pourtant l'épousera ... Comme quoi, l'amour ; chat ne s'explique pas.

Place Vintimille, 1911 - E. Vuillard - National Gallery of Art, Washington

Anecdote à retrouver en suivant l'un des circuits du livret n°5 des Promenades parisiennes. Où trouver ce livret ?  Sur les étagères de l'Esperluète, à Chartres (commande en ligne possible) et sur le site ART'Hist.

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Points de vue

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Depuis des millénaires, la mémoire des populations aborigènes d’Australie se transmet grâce aux peintures et aux songlines ou « chants de piste », ces savoirs ancestraux acquis par les aînés. Bien plus que des récits légendaires, ces songlines représentent à la fois une voie spirituelle et l’instrument qui permet de nommer, de localiser les sites importants où trouver l’eau et la nourriture, essentiels à la survie dans le désert, et de s’en souvenir.   

Mais l’artiste ne dessine pas le paysage, il le décrit ou plus exactement il raconte sa formation et ses transformations par les Ancêtres. Les Aborigènes recouvraient le sol de pointillés réalisés avec des pigments naturels (craie, argile, charbon de bois, ocres) et disposés à l'aide d'un bâtonnet. C'est cette pratique qui est à l'origine de la peinture aborigène contemporaine - souvent qualifiée de pointilliste - née dans les années 1970 à l'instigation de certains Occidentaux. 

Peinture exposée à Paris, au musée du Quai Branly, lors de l'exposition Songlines en 2023 (détail ci-dessus). Cette œuvre sera commentée lors du cycle Tout connaître de Paris saison 2023-2024  

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Lumière !

Lumière - Copie

En une seule scène, le peintre de ce joyau de l'art médiéval finissant réussit à représenter les mystères de la Résurrection, de l'Ascension et de la Transfiguration.

Comme les autres panneaux du célèbre retable d'Issenheim, cette image saisissante exerce une attraction troublante sur les visiteurs. Commandé à Matthias Grünewald et au sculpteur Nicolas de Haguenau en 1512, ce polyptyque ornait le maître-autel du couvent des Antonins où l'on soignait les victimes d’une terrible maladie appelée alors « feu de saint Antoine » ou « mal des ardents ». 

La conférence hors-cycle du mercredi 7 juin permettra d'éclairer l'histoire mouvementée de ce chef-d'œuvre. Informations et inscription en ligne.


L'art qui raccommode

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Bien que le recyclage soit à la mode, le fait de repriser ses chaussettes n'apparait généralement pas très glamour. Les japonais ont pourtant su en faire un art à part entière.

Sublimer les matières usées, brisées ou oubliées est une tradition au pays du Soleil Levant depuis des milliers d’années grâce à deux techniques; le sashiko boro qui brode les tissus rapiécés tandis que le kintsugi complète et transfigure les objets ébréchés. 

L'artiste franco-allemand Jan Vormann redonne vie aux murs abimés avec des Lego, ces petites briques de couleur synonymes d'enfance et de construction. C'est ainsi que les piliers installés quai de Metz à Paris, en bordure du canal de l'Ourcq, ont été complétés. Un dispositif ludique qui veut " rendre le gris des paysages urbains plus coloré et plus humain ".

Circuit pédestre La Villette, à découvrir dans le dernier tome des Promenades parisiennes. Achat en ligne ou à l'Esperluète, Chartres (retrait en magasin ou envoi).


De la vaisselle à la prison

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Le saint-simonisme est une utopie qui influença le monde industriel et politique français au 19e siècle. L'un des épisodes les plus rocambolesques de l'aventure saint-simonienne se déroula sur les pentes de Ménilmontant. 

Fervent disciple du défunt fondateur, Prosper Enfantin s'était retiré en 1832 avec une quarantaine de ses adeptes dans une maison située près de l'actuel square de Ménilmontant. Vivant dans une communauté égalitaire et donc sans domestiques, tous les membres devaient œuvrer pour le bien commun. Cette estampe les montre vaquant à de multiples activités ménagères - vaisselle, ménage, cirage des bottes - tous vêtus d'un costume tricolore dont le gilet s'attachait dans le dos. Ce détail vestimentaire était symbolique de leur volonté d'entraide fraternelle puisqu'il nécessitait l'intervention d'un comparse pour fermer son vêtement. 
Très avant-gardiste et trop exaltée, leur conception d'une nouvelle société provoqua de nombreux remous. Inculpés de réunions publiques illicites, d'outrages aux bonnes mœurs et d'escroquerie, les saint-simoniens furent contraints à la dispersion et leurs principaux dirigeants, condamnés à la prison ferme.

Le square des saint-simoniens est l'une des étapes du circuit "Belleville-Ménilmontant" à découvrir dans le dernier livret des Promenades parisiennes.  


Fleurs de Marie

Roses et oiseaux

Fleur d'Aphrodite dans la mythologie antique, le christianisme fit de la rose la fleur consacrée à la Vierge.

Qualifiée de "rose sans épines" parce que née hors de la souillure du péché originel, Marie est aussi associée au lys et à la violette. Le premier renvoie à sa pureté tandis que la seconde - petite fleur sans grande prétention - évoque son humilité. Comme le lys, la rose blanche est synonyme de sa pureté et lorsqu'elle est rouge, elle s'associe au sang versé par le Christ et donc au martyre. 

Chef-d'œuvre de délicatesse et de raffinement, la Vierge au buisson de roses a été peinte en 1473 par Martin Schongauer pour l'église principale de Colmar, sa ville natale. Cette œuvre impressionne tant par la monumentalité de la Vierge à l'Enfant que par la somptuosité des rosiers et des petits passereaux découpés sur le fond d'or.

Volé en 1972 puis retrouvé l'année suivante, ce grand retable constitue un témoignage exceptionnel des derniers raffinements de l'art courtois à l'aube des Temps modernes. Il sera commenté lors de la conférence "Art et péripéties", mercredi 7 juin en salle ART'Hist.  

 


Les vertus cachées d'un pot

Jeune femme à l'aiguière
Une main sur le battant de la fenêtre, l'autre saisissant l'aiguière* posée sur la table, cette femme semble indécise et incline légèrement la tête comme pour réfléchir. Gestes simples, images de la vie quotidienne, tout l'art de Vermeer réside dans l'économie de cette mise en scène.

Mais la composition se révèle bien plus complexe qu'il n'y parait au premier regard. Car si l'aiguière et son bassin appartiennent au rituel traditionnel de la toilette, l'œil des contemporains du peintre y décelait aussi une allusion aux valeurs morales qui doivent guider l'homme lors de sa vie terrestre. 

Pour l'Eglise catholique, le comportement modeste et vertueux de la mère de Dieu est un modèle à suivre. La clarté émanant de la fenêtre associée aux reflets de la carafe posée dans un bassin d'eau claire font allusion à la pureté de Marie. Cette conception mystique de la Vierge a été illustrée dès le Moyen-Age par les peintres du nord mais de façon plus directe. Sur le retable de Mérode attribué à Campin, la scène de l'Annonciation est combinée avec les représentations minutieuses d'une bassine d'eau et de rayons lumineux portant l'Enfant-Jésus.

Sans avoir recours à une précision extrême du détail - tout en insufflant véracité et proximité aux scènes représentées - le génie de de Vermeer consiste à élever ses modèles au-dessus du profane. Alliance de poésie et de délicatesse, plongez dans l'univers du maître de Delft avec la visioconférence "Vermeer chez vous".

La jeune femme à l'aiguière - 1662-64 - Johannes Vermeer - Metropolitan Museum of Art, NYC               *l'aiguière est un broc ou pot utilisé pour verser de l'eau


Cachez ces seins .....

Cabinet glaces
Petite pièce luxueusement décorée, le cabinet des glaces de l'Hôtel de la Marine témoigne du raffinement de son commanditaire, Pierre Elisabeth de Fontanieu. Cabinet ou boudoir, ce type d'espace ne répondait pas toujours aux codes décoratifs des autres pièces où mode et convenances jouaient un rôle important. 

Intendant général du Garde-Meuble de la Couronne, intellectuel, esthète et célibataire, Fontanieu se passionnait à la fois pour la gemmologie et pour les danseuses de ballet. Contigu à sa chambre, ce cabinet doté d'un lit de repos était orné de miroirs peints figurant des divinités féminines gréco-romaines dans le plus simple appareil. Il est probable que ces jolies figures dénudées furent complices des rendez-vous galants organisés en ces lieux. Mais, rhabillées à la demande de l’épouse du second Intendant, Madame Thierry de Ville-d’Avray, les déesses furent transformées en chérubins afin de rendre le décor plus convenable. 

Visite guidée de l'Hôtel de la Marine jeudi 25 mai à 11h45. Informations et inscriptions 


Célébrations printanières

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Le printemps - associé à l'idée de renaissance joyeuse - a été une source d'inspiration constante pour Maurice Denis, le nabi "aux belles icônes".

Liant l'image du printemps profane à celle du printemps sacré, il peint une cohorte d'anges et de jeunes gens dans un cadre fleuri. Installé près de la forêt de St-Germain-en-Laye, amoureux de la nature, le peintre y puise un abondant répertoire de motifs décoratifs. Pour Denis, il n'y a pas de différence entre profane et sacré ; ainsi, son printemps terrestre devient l'antichambre du Paradis. 

Maurice Denis - Le Paradis - 1912 - Huile sur bois - Musée d'Orsay

Ex-Jupiter chartrain

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Ce grand camée antique offert à la cathédrale beauceronne au 14e siècle, ornait la châsse de la Ste-Chemise de la Vierge. Cadeau du roi Charles V, venu en pèlerinage à Chartres, il est en sardonyx et mesure un peu plus de 15 cm de haut.
 
Technique de gravure en relief des pierres fines - à ne pas confondre avec l'intaille qui grave en creux - l'art du camée était particulièrement apprécié par les Romains. Pierre siliceuse, la sardonyx se prête admirablement à l’effet recherché ; ses couches superposées de différentes couleurs permettent d'obtenir des contrastes suggestifs. En retirant à certains endroits la couche supérieure, l’artiste laisse apparaître son motif, sa couleur contrastant avec celle de la couche inférieure.
 
Aux 14e et 15 siècles la plupart de ces camées prirent un caractère magique et surnaturel. Par exemple, on attribuait aux agates irisées une puissance miraculeuse contre les maladies physiques et morales. Leur réutilisation sur des croix, des reliquaires et divers objets de culte préserva de nombreuses œuvres condamnées à la destruction. Lors de la Révolution française, la châsse chartraine fut détruite et le camée prélevé, le 17 septembre 1793, pour le Cabinet des médailles. Les perles et rubis de la monture arrachés ont été remplacés par des fleurs de lys et des dauphins en vermeil provenant d'un autre objet d'art.
 
Conservée à la BnF sur le site Richelieu, c'est l'une des oeuvres commentées lors du cycle Expos+ cette semaine.