Une ombre au tableau
Couleurs et émotions imprègnent fortement les oeuvres du peintre norvégien Edvard Munch. Mais ne vous fiez pas à la première impression, ce n'est pas toujours la bonne. Vérification faite dans ce paysage nocturne évoquant La nuit étoilée de Van Gogh, tableau vu par Munch à Paris au début des années 1880-90. Bien que les courbes douces de l'ensemble incitent à la contemplation, une lecture plus attentive y décèle d'étranges formes, présences fantomatiques et éphémères qui établissent un lien particulier avec l'artiste.
Sur la surface blanche du milieu apparait une silhouette. Cette ombre relie l'œuvre de Munch à celle d'Henrik Ibsen, autre grand artiste norvégien, auteur d'une pièce racontant l'histoire d'un homme fuyant dans la neige retrouver son premier amour. On sait que Munch, traumatisé par ses anciennes liaisons, s'identifiait à ce personnage.
Un œil averti distinguera l'ombre d'un profil dans le bas ; c’est un autoportrait caché. Une signature que le norvégien emploie aussi dans sa pratique de la photographie. Médium alors très moderne qui, comme le cinéma, a largement nourri son inspiration. Jusqu'à ses dernières œuvres Munch ne cessera d'utiliser son propre personnage, mêlant fiction et autofiction avec quelques années d'avance sur un certain Hitchcock.
Edvard Munch - Nuit étoilée - 1922-1924 - Oslo, Norvège, Munchmuseet
Un sujet à découvrir lors du cycle Expos+. L'exposition Edvard Munch. Un poème de vie, d’amour et de mort sera présentée à partir du 20 septembre 2022 au musée d'Orsay.