Fou d'amour
Les fous d’hier sont-ils ceux d’aujourd’hui ? Le musée du Louvre consacre cet automne une exposition inédite à ces figures du fou qui foisonnent dans l’univers visuel du Moyen-Âge et de la Renaissance.
Au 13e siècle, le fou est inextricablement lié à l'amour et à sa mesure ou démesure, dans le domaine spirituel comme dans le domaine terrestre.
Le thème de la folie d'amour hante les romans de chevalerie et leurs nombreuses représentations. Une folie qui atteint jeunes et vieux. Ainsi, la scène du philosophe Aristote chevauché - et donc ridiculisé - par Phyllis, la maîtresse d’Alexandre, était fort en vogue à la fin du Moyen-Âge. Elle montrait avec humour le pouvoir des femmes renversant l’ordre habituel.
En voici le résumé : Aristote avait pour élève Alexandre le Grand et reprochait à ce dernier de se laisser déconcentrer de ses royales fonctions par Phyllis, courtisane dont il était éperdument amoureux. Obéissant à son professeur, Alexandre cessa donc de fréquenter la belle et s’en retourna traiter les affaires de l’État.
Vexée, Phyllis décide alors de se venger du vieux philosophe en usant de ses charmes. Mais lorsque le sage succombe, la rusée courtisane lui explique que s’il veut la posséder, il devra d’abord accepter d'être sellé et bridé puis de se laisser chevaucher. L’éminent barbu accepte et voilà Phyllis se promenant à dos d’Aristote dans les jardins royaux, le fouettant pour le faire avancer.
Alexandre, témoin de cette scène, s'en amusera tout en reprochant à son maître de n’avoir point de raison et d’avoir cédé au jeu de la tentation. Contraint d’admettre qu’il n’a su résister à son désir, Aristote profitera tout de même de la situation pour donner la leçon à son pupille. La morale de cette folle envie ? Si même le sage succombe, un jeune et fougueux roi doit donc redoubler d'attention pour échapper aux pièges de la séduction.
Aquamanile - Metropolitan Museum of Art, NY L’aquamanile est une sorte d’aiguière à usage religieux ou profane, qui servait à verser l’eau pour le lavage rituel des mains du prêtre avant la messe ou des convives avant un repas.
Sans doute conçu pour divertir la tablée dans un contexte domestique, cet aquamanile illustre la légende populaire et moralisatrice selon laquelle Aristote, philosophe grec, se laissa humilier par la séduisante Phyllis, en guise d’enseignement à l’adresse du jeune souverain Alexandre le Grand qui était son élève. Une œuvre et une exposition à découvrir lors du cycle Expos+ 2024-2025.
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