Ribera. Ténèbres et lumières
Dans le sillage du Caravage, Jusepe de Ribera, artiste espagnol installé en Italie, s’impose comme l’un des interprètes les plus fascinants de la peinture d’après nature. Artiste hors-pair par sa capacité à retranscrire une réalité presque tactile des chairs et des objets, il traduit avec une acuité bouleversante la dignité du quotidien et les drames humains.
D’une radicalité extrême, Ribera privilégie un réalisme cru et la violence des clairs obscurs. Sa peinture, à la fois brutale et poétique, propose une interprétation éminemment personnelle de la révolution du Caravage.
Ribera vécut de 1616 jusqu'à la fin de sa vie, à Naples. Au 19e siècle, les écrivains romantiques le considèrent comme le prototype du peintre anticlassique et propagent une image outrancière de son art. Lord Byron affirmait poétiquement que Ribera "trempait ses pinceaux dans le sang des saints".
Les saints ermites constituent un sujet de prédilection pour Ribera qui représente saint Jérôme une quarantaine de fois. Dans cette version, l'ermite lève les bras en entendant la trompette du Jugement Dernier. Né en Vénétie en 347, saint Jérôme occupe une place importante dans la réforme de l’église catholique au 17e siècle. Sa traduction de la Bible en latin - connue sous le nom de Vulgate - fut déclarée traduction authentique par le concile de Trente en 1546.
L’épisode relaté par Ribera se distingue par sa mise en scène dramatique. Selon une technique héritée du caravagisme, le corps du vieil homme semble illuminé de manière presque surnaturelle sur la roche sombre sans que l'on puisse définir la source lumineuse. Quant à son air effrayé, il illustre l'un de ses écrits : « Que je veille ou que je dorme, je crois toujours entendre la trompette du Jugement. »
St-Jérôme et l'ange de Dieu - 1626 - Jusepe de Ribera - Musée de Capodimonte, Naples. Le bras blanc et musclé de l'ange annonçant la parole divine souligne avec force la courbe de l'instrument. Cette apparition théâtrale fait écho à l'ange de saint Matthieu plein de vigueur, peint plusieurs années auparavant par le révolutionnaire Caravage, en l'église romaine de St-Louis-des-Français.
L'exposition Ribera sera présentée au musée du Petit-Palais, à Paris à partir du mois d'octobre. A découvrir lors du cycle Expos+ en salle, à Chartres, saison 2024-2025
Merci Anne de nous avoir cultivés tout cet été
A la rentrée
Amitiés
Christine
Rédigé par : Christine Rondepierre | 04 septembre 2024 à 15:40