Chasseur devenu gibier
Commandées pour le décor du Muséum d'Histoire Naturelle à Paris en 1893, six sculptures en bronze devaient représenter des combats d’animaux. Professeur de dessin dans cette institution, Emmanuel Frémiet est l'auteur de plusieurs scènes associant singes et humains dont cet étonnant groupe installé à l'entrée de la galerie de Paléontologie.
Présentée sous forme d'esquisse dans un premier temps, cette lutte entre un homme et un orang-outan impressionna tant l'architecte du Museum qu'il décida de la faire réaliser en marbre.
Artiste de grand talent, Frémiet a souvent illustré l'affrontement entre l’homme et l'animal. Mais bien que doté d'armes et d'une pensée jugée très supérieure en cette fin de siècle, l'homme n'est pas toujours celui qui gagne la partie dans les oeuvres de cet artiste de renom. En outre Frémiet insiste sur la férocité de l'animal.
La cause en est une méconnaissance de l'époque sur les mœurs des grands singes. Car si cet imposant végétarien est capable de spectaculaires charges lorsqu'il se sent menacé, on le sait désormais plutôt paisible. Ce stéréotype de la férocité perdurera pourtant jusqu'au 20e siècle. Ainsi dans les années 30, Barnum n'hésitait pas à qualifier le gorille comme "la créature la plus terrifiante au monde".
Ici, le chasseur gît à côté de ses armes car il a clairement sous-estimé la puissance du singe protégeant son petit. Dominé par son gibier, il rend son dernier souffle, étranglé par la terrible poigne de l'animal tandis qu'un escargot poursuit tranquillement son chemin aux pieds de l'infortuné.
Orang-outan étranglant un sauvage de Bornéo - 1897 - MNHN, Paris. Sujet présenté en cycle Tout connaître de Paris 2024-2025
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