Pulsion et répulsion
"Le corps est un moulage où s'impriment les passions " dit Rodin. Sujet inépuisable chez le sculpteur de la Porte de l'Enfer, le thème du couple formé par ce satyre et cette nymphe, lui permet à nouveau d'exprimer l'effervescence intérieure de ses modèles à travers les postures et dans l'expression du visage féminin. Retenue fermement par le satyre, la nymphe qui tente de se soustraire à son emprise, laisse libre cours à son effroi et à sa colère. L'effet produit - entre sensualité et violence - fut à l’origine du succès de l’œuvre, l’une des créations de Rodin les plus appréciées de ses contemporains.
Le groupe sera rebaptisé Minotaure en 1899 bien que le personnage masculin ne ressemble pas au monstre crétois affublé d’une tête de taureau. Mais la posture des deux personnages fait allusion au mythe du prisonnier du labyrinthe auquel sont offerts, tous les neuf ans, quatorze adolescents en sacrifice. Significative de la violence attachée à cette figure effrayante de la mythologie, c’est bien l’appellation qui va prédominer par la suite.
Réalisé en 1886, trois ans après sa rencontre avec Camille Claudel, devenue rapidement collaboratrice, muse et maîtresse de l'artiste, ce groupe peut aussi s'appréhender comme la représentation métaphorique de sa relation passionnelle avec la jeune femme.
Minotaure - Auguste Rodin. Visible jusqu'au 4 août dans l'exposition du musée des Beaux-arts de Chartres "Labyrinthes" et présenté lors des prochaines visites guidées.
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