LES ROUSSES FLAMBOYANTES DE JEAN-JACQUES HENNER

                     Défini comme un peintre académique, Jean-Jacques Henner fut un artiste à succès cumulant commandes de portraits et achats de l'Etat tout au long des quarante années qui couvrent le Second Empire et la IIIe République.

Très impliqué dans l'organisation de ce que l'on a coutume d'appeler l'art académique, il resta néanmoins ouvert aux idées novatrices de son temps  et particulièrement aux idées des impressionnistes.

Lointain héritier du sfumato de Léonard de Vinci, Henner exprime deux tendances profondes de son art dans le magnifique portrait de la comtesse Kessler: réalisme et douceur du modelé. Les carnations nacrées de ses figures s'associent souvent à des fonds sombres qui magnifient le modèle et l'installent dans un espace hors du temps.  C'est précisément cette interprétation libre et poétique de la réalité qui l'éloigne par bien des cotés de l'académisme. 

La comtesse Kessler - Musée Jean Jacques Henner - Paris
La Comtesse Kessler -
1886 - Musée Jean-Jacques Henner- Paris

Adepte des contrastes simples, il utilise une palette de couleurs très économe mais qui s'affirme par sa puissance.

Usant et abusant de la couleur rousse, Henner compose des figures intemporelles qui le situent en marge des courants officiels.

Conférence en salle ART'Hist à Chartres sur l'oeuvre du peintre mercredi 29 mai 2013 - Places disponibles

Visite du Musée Jean-Jacques Henner jeudi 30 mai 2013 - Places disponibles 

Voir détail des horaires et inscriptions dans la rubrique Visites guidées

 Télécharger le Petit Journal de l'exposition en cours


NOS ANCÊTRES LES GAULOIS

Bien que mal connue, la religion gauloise a légué de nombreux témoignages de ses croyances spirituelles.                                                                        Les gaulois adoraient visiblement les forces de la nature - rochers, arbres, sources, fleuves - mais ils ne représentaient guère leurs dieux, se moquant même des Romains qui donnaient aux leurs des formes humaines.

Puis vint Alésia .....  

Les Gaulois devenus Gallo-Romains représentèrent leurs dieux sous une forme humaine ou animale mais selon une inspiration et une technique souvent très éloignées des apports romains. 

Ainsi, le dieu d'Euffigneix probablement sculpté au début de la période romaine; la Dieu d'Euffigneix (Marne) conservé à Sy-Germain-en-Laye
forme générale de cette sculpture évoque encore les statues de bois taillées grossièrement.

 Si l'emploi de la pierre témoigne d'une influence des usages de la sculpture gréco-romaine, de nombreux symboles confirment l'appartenance celtique: le torque autour du cou, la coiffure en longues mèches, la représentation d'un oeil protecteur sur le torse et bien sûr le sanglier, devenu par le biais d'une célèbre bande dessinée le symbole même de la Gaule indépendante. 


Mercredi 21 mai 2013 -  Séance de "révisions" en salle ART'Hist à Chartres  - « De la Préhistoire à l’occupation romaine, aux origines de la France »    9h30 à 11h30. Voir rubrique visites guidées.

Jeudi  23 mai 2013 - Visite du Château de Saint-Germain-en-Laye  - « Histoire du château et collections permanentes du musée d’Archéologie nationale »  -  11h à 13h. Voir rubrique Visites guidées



UNE BELLE IMPRESSION ITALIENNE, LES MACCHIAIOLI

L'exposition qui vient d'ouvrir ses portes au Musée de l'Orangerie offre le double avantage de séduire le visiteur tout en révélant un pan de l'histoire européenne parfois méconnu des français.

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Les macchiaioli, groupe de peintres italiens à propos desquels les historiens polémiquent encore pour savoir s'ils annoncent ou suivent le mouvement impressionniste.

Entre 1855 et 1870, ces artistes rejettent l'académisme et adoptent une vision "scrupuleuse et exacte des formes".

Adeptes d'une peinture synthétique, leurs paysages et les sujets inspirés de la vie bourgeoise et de l'histoire - tumultueuse - de l'Italie contemporaine, sont traités à l'aide de la macchia, tache de couleur violemment contrastée.

Peinture de paysages élégiaques, peinture de l'intimité, l'oeuvre des macchiaioli est aussi le reflet d'une société en pleine évolution au cœur des guerres de l'Indépendance italienne.

G. Abbati - Le cloître de Santa Croce à Florence

 Une visite commentée de l'exposition est programmée jeudi 25 avril 2013 à 11h.    Voir la rubrique Visites guidées.

 


UN CURIEUX PAPYRUS .....

Le musée de Turin conserve un bien curieux papyrus que la bienséance a longtemps tenu à l'écart des visiteurs.

Il s'agit d'un document unique, satirico-érotique, qui perturba un certain Champollion venu l'étudier au Musée de Turin où il est conservé depuis le début du XVIIIème siècle.  Turin

A l'occasion de l'exposition organisée par le Louvre sur les dessinateurs égyptiens - "scribes du contour" - une copie du document sera présentée salle Richelieu. 

Une conférence à regarder:  à propos du papyrus érotique


MITHRA SOUS LE SOLEIL DE LENS

Religion à mystère liée au Soleil, le culte de Mithra a laissé de nombreux sanctuaires en Europe. Très répandu en Asie Mineure, il fut probablement découvert par les Romains au cours du 1er siècle avant J.C. 

Puis, colporté par les soldats et les marchands, le mithriadisme se développa grâce au soutien d’empereurs romains comme Aurélien et Julien l’Apostat. Ce dernier tenta en vain d’en faire la religion officielle de l’Empire, associant Mithra et Apollon.

Contrairement à la croyance traditionnelle, les cultes orientaux – Mithra, le culte d'Isis et le christianisme – promettaient aux fidèles le salut dans un autre monde en récompense de leur foi.

Cette doctrine de l’immortalité justifia en partie leur succès. Mais ils présentaient aussi l’avantage d’abattre les barrières sociales et ethniques entre les initiés dans un monde souvent injuste et dur. IMG_0588

 Depuis quelques mois, le Louvre-Lens abrite un magnifique relief illustrant une cérémonie du culte de Mithra.  L’œuvre – particulièrement impressionnante – représente le sacrifice du taureau, en l’égorgeant, Mithra répand le sang de l’animal et féconde ainsi la terre. 

Visite du Louvre-Lens lundi 22 avril 2013. (Voir la rubrique Visites guidées) 


LE PETIT DERRIÈRE BLANC DE SOLANGE

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"Jcrois que je serai le premier au Salon de cette année, que je serai décoré, enfin que j'aurai acquis cette position tant souhaitée, tant jalousée et que seul j'aurai conquise à mon âge ..." 

Paris 1845. L'artiste qui se décrit en ces termes élogieux n'est autre que le gendre de George Sand, Auguste Clésinger. Sculpteur au caractère ombrageux, l'homme avait une très haute opinion de son art et de fréquents coups de tête ont rythmé toute sa carrière. C'est un succès de scandale qui lui assura enfin la renommée en 1847. 

Clésinger invita tous les critiques à un souper fort gai et bien arrosé avant de présenter son nouvel envoi au Salon: le corps lascivement étendu de " la très belle, très bonne et la très chère " de Baudelaire. Le succès ...et le scandale furent immédiats !

Le modèle était connu, Apollonie Sabatier que tous appelaient la Présidente. Si l'oeuvre fut louée par Théophile Gautier qui décrit une belle "figée à son insu dans un moule magique à l'instant où quelque rêve charmant et terrible la faisait se tordre dans sa couche, de plaisir et de douleur", plusieurs voix s'élevèrent aussi pour dénoncer l'indécence et l'impudeur de la statue.

Chopin, notamment, ami de l'épouse du sculpteur qui semble craindre que bientôt l'artiste ne sculpte "dans le marbre blanc, le petit derrière de Solange" ....

 

Cette oeuvre sera présentée lors de la conférence organisée par le Lions Club Chartres Doyen  au profit de ses oeuvres sociales , vendredi 15 mars à 20h30 à Chartres, salon Marceau (Hôtel de ville): "Le nu féminin et l'art parisien du 19e siècle"

Prix des places : 10 euros - achat des billets sur place ou au magasin Grand Litier rue de la Pie à Chartres.





PRESTIGE DE L’ORFÈVRERIE MAMELOUKE

Une seule feuille de laiton compose ce bassin, chef-d'oeuvre de l'art mamelouk. Bassin dit Baptistère de saint Louis
Abusivement surnommé "baptistère de Saint-Louis" au 18e siècle, il semble qu'il ait servi au baptême de Louis XIII puis à celui du prince impérial Napoléon-Eugène, futur Napoléon III. Quant à Louis IX, Saint-Louis, il n'a jamais été baptisé dans ce bassin ...puisque lors de sa naissance en 1214, l'oeuvre n'existait pas !

Détail Baptistère de Saint-LouisLe décor tapissant est incrusté de larges plaques d'argent regravées d'or. Sous les Mamelouks le travail d'inscrustation ne cesse de devenir plus fin, plus précis; il décrit avec fidélité la vie de cour telle que nous la font connaitre les textes. Un défilé d'officiers se dirige vers le souverain figuré en chasseur monté sur un cheval et terrassant un animal sauvage. Cette exaltation des vertus du prince rappelle que grâce aux Mamelouks l'Egypte connaît alors un rayonnement incontestable. Elle renoue avec une gloire qu'elle ne connaissait plus depuis l'Antiquité. 

L'oeuvre sera présentée en salle ART'Hist à Chartres pour le cycle Actualités des expositions du 27 au 29 mars et lors des visites d'application (voir rubrique Visites guidées).

Afin de préparer votre visite en famille des salles Arts de l'Islam au Louvre: quelques supports d'activités manuelles sont disponibles dans la rubrique Ateliers pour vos enfants.

 



GRÂCE ET POÉSIE .....SCANDALE ET MODERNITÉ

Le Concert champêtre - Titien - Louvre

En cette fin d'une chaude journée d'été, dans un paysage champêtre, un groupe de jeunes gens joue de la musique tout en profitant de la douceur du soir.
Au loin, l'horizon bleuté contribue au sentiment d'harmonie qui se dégage du tableau de Titien. L'art du célèbre peintre vénitien atteint sa plénitude dans ce type de toile qui combine la rigueur classique à des effets chromatiques d'une grande subtilité.

Trois siècles plus tard, c'est un sujet identique qui scandalise le public du Salon des Refusés: deux femmes dévêtues en compagnie de deux hommes habillés, en pleine nature. Le Déjeuner sur l'herbe d'Edouard Manet témoigne pourtant de l'intéret que porte son auteur aux maîtres anciens. Mais si la composition est proche du tableau de Titien, le sujet s'en éloigne par le caractère moderne de son traitement. La critique reprochera à Manet d'avoir sélectionné un sujet "en vue du scandale". "Nous ne pouvons trouver que ce soit une oeuvre parfaitement chaste que de faire asseoir sous bois entourée d'étudiants en béret et en paletots, une jeune fille vêtue seulement de l'ombre des feuilles."

Le Concert champêtre du Titien sera étudié lors de la visite d'application prévue au Louvre jeudi 21 février 2013. (Voir rubrique Visites guidées)


LE TAPIS VOLANT DU LOUVRE

Objet de confort et de luxe, le tapis constitue un élément incontournable de la civilisation islamique. Support de prière, composante des trônes, il permet aussi de s'asseoir et de dormir .

Très tôt, la qualité des tissages et la beauté des décors ont fasciné les voyageurs européens. Exportés vers l'Occident, symboles de la prospérité de leurs propriétaires ces tapis apparaissent dès le 14e siècle dans les tableaux des peintres flamands et italiens.  

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A partir du 16e siècle, les ateliers safavides rivalisent d'imagination; les tapis se couvrent d'une nature luxuriante, images d'un monde paradisiaque où évoluent de nombreux animaux, réels ou imaginaires.

Orné de motifs géométriques ou de dessins plus élaborés, le tapis favorise le rêve. Dans les contes des Mille et Une Nuits, il révèle son pouvoir et transporte les humains vers un monde merveilleux. 

C'est un tapis d'un nouveau genre, au drapé métallique et aux reflets facétieux qui couvre depuis quelques mois l'une des cours du Louvre. Flottant délicatement sur les collections des arts de l'Islam, cette verrière ondulante tissée de mailles de verre et de métal abrite désormais des trésors qui semblent tout droit sortis de la caverne d'Ali-baba.

Visite des collections des Arts de l'Islam au Louvre  - samedi 2 mars 2013

Vacances d'hiver: Atelier-enfants mercredi 27 février 2013 à Chartres. Découverte du conte d'Aladin et de quelques chefs-d'oeuvre des collections du Louvre.

Détails et bulletins d'inscription dans la rubrique Visites guidées.



L'ART DU VOYAGE AU PAYS DU SOLEIL LEVANT

Au pays du soleil levant, l'estampe "ukiyo-e" a marqué de façon tout à fait unique la représentation du paysage. 

Série des Cinquante-trois relais du Tôkaidô 46eme vue

Ce sont deux artistes japonais - Hokusai et Hiroshige - qui renouvellent profondément cette expression picturale au cours du 19e siècle. Jusque dans les années 1830, le paysage avait essentiellement joué un rôle accessoire dans les estampes de belles femmes ou de portraits d'acteurs. Désormais il s'émancipe, devient le sujet réel de l'image et ce sont les figures qui viennent soudain se subordonner aux vues paysagères.

Hiroshige s'attache à la description de points de vue qu'il intensifie par des cadrages inhabituels tout en observant avec humour l'activité et les peines du peuple travailleur.Détail


La série d'estampes qui valut à l'artiste une célébrité mondiale est consacrée à la route du Tokaido ou Route de la mer Orientale qui conduisait de Edo - aujourd'hui Tokyo - à Kyoto. Longue de 500 kilomètres, les voyageurs à pied devaient compter 10 à 16 journées de marche pour la parcourir. Hiroshige a représenté les 53 étapes de cette route dans de nombreuses estampes publiées à différentes époques. 

 

Ce sujet sera développé lors du cycle Actualité des expositions en salle ART'Hist du 16 au 18 janvier.

Une visite guidée de l'exposition de la Pinacothèque consacrée à Hiroshige est prévue samedi 19 janvier 2013. (places disponibles)


L’ANTIQUITÉ RÊVÉE

Au 18e siècle, Rome devient la plaque tournante des découvertes archéologiques qui se poursuivent à Naples, en Sicile et sur les sites helléniques d'Asie mineure.                                                                     Pannini
 Le prestige de la ville attire artistes et amateurs fascinés par les modèles de l'art antique. Désormais, une nouvelle approche de l'histoire ancienne permet de mieux comprendre la sculpture des artistes grecs soumis à l'Empire romain. Copies et moulages en plâtre alimentent les collections privées tandis que se poursuit le trafic des objets de fouille.                                                                               Témoin privilégié de cet engouement, l
e peintre Giovanni Paolo Pannini imagine un espace grandiose abritant les rêves de son commanditaire: une galerie gigantesque ornée de tableaux illustrant les grands sites de la Rome antique et ornée des plus célèbres sculptures de cette époque prestigieuse.                                                                           Proche de la veduta d'architecture, expression de la passion naissante de l'Europe des Lumières pour les espaces muséographiques, le tableau de Pannini confond réalité et imaginaire dans une mise en scène spectaculaire. 

Ce tableau sera étudié jeudi 6 décembre 2012 lors de la visite d'application: "Peintures italiennes du Musée du Louvre". Détails dans la rubrique Visites guidées.

 


TIEPOLO ET LES AMOURS DES DIEUX

Décorateur exceptionnel, Giambattista Tiepolo devint au 18e siècle le premier peintre de Venise et l'un des artistes les plus courtisés par l'aristocratie européenne.

Dans les toiles de petites dimensions comme dans les grandes fresques, ses représentations des amours et des rivalités des dieux de l'Olympe lui offrent l'occasion d'exprimer sa fabuleuse imagination créatrice. Mise en scène vivante, jeu parfois ironique des personnages, ces sujets autorisent une liberté d'invention que les autres commandes ne lui permettent pas. 18

L'épisode de la course d'Apollon sur les traces de Daphné est peint par Tiepolo vers 1743 alors que l'artiste est au sommet de son art. Le tableau - aujourd'hui conservé au Louvre - évoque une autre interprétation, celle qu'en fit le sculpteur Bernin au siècle précédent.                                                                         Les deux artistes se rejoignent sur le plan dynamique; la course éperdue de Daphné est prétexte à une mise en scène mouvementée, source d'une interprétation sensuelle du mythe. 

Cet article complète le cours du mercredi Cycle Tout connaître du Louvre, consacré à la peinture italienne du 18e siècle.


DE MARIE A VENUS, LES CHEMINS DE LA RENAISSANCE ALLEMANDE

Au 16e siècle en Allemagne, la peinture connait un véritable âge d'or favorisé par le renouveau spirituel de la Réforme luthérienne.

Quelques traits marquants propres à la tradition germanique - comme la recherche d'une certaine expressivité chez Cranach et Grünewald - vont cependant subsister et produire ainsi une peinture d'une grande originalité. Une grande ferveur religieuse imprègne le retable d'Issenheim -conservé à Colmar - et son panneau central offre une mise en scène particulièrement cruelle de la Crucifixion.

Mais l'attention portée aux divers sujets de l'humanisme ouvre aussi de nouvelles perspectives plus "coquines" lorsque Vénus remplace Marie sur les tableaux...

15 National gallery Plainte de Cupidon à Vénus début années 1530

 Quelques lectures complémentaires du cours Approches de mardi dernier.

A propos de Grünewald et du retable d'Issenheim:

site du Musée Unterlinden

A propos de Cranach:

http://www.wittert.ulg.ac.be/fr/flori/opera/cranach/cranach_notice.html

http://www.wittert.ulg.ac.be/fr/flori/opera/cranach/cranach_mytho.html

La vénus de Cranach ne prendra pas le métro!!!!!!!!

http://www.lefigaro.fr/culture/2008/02/15/03004-20080215ARTFIG00015-la-venus-de-cranach-interdite-de-metro-a-londres.php

 

A propos de Dürer:

http://expositions.bnf.fr/renais/arret/5/index.htm


HOPPER, LE TEMPS SUSPENDU

Bureau dans une petite ville
Souvent considéré comme un précurseur du Pop Art, Edward Hopper (1882-1967) compose une vision de l’Amérique qui a la simplicité trompeuse des mythes.

Peintre d’une réalité « suspendue », il inspira notamment le cinéaste Hitchcock. Son œuvre fait l’objet d’une rétrospective importante cet hiver à Paris au Grand Palais. 

A cette occasion, ART'Hist et Le Grand Monarque proposent une conférence/dîner le vendredi 23 novembre 2012 à Chartres. Réservations au 02.37.18.15.15

 

 


VOIR OU REVOIR VENISE

Le décalage est grand entre le déclin économique et politique de la Cité des Doges au 18e siècle et son inventivité dans le domaine pictural et musical.

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La ville demeure une cité ouverte sur le monde, fière de ses talents mais accueillante à l'égard des étrangers. Etape incontournable pour les artistes ou les esthètes qui accourent de toute l'Europe. Confrontée aux influences de la scène culturelle internationale, Venise ne vit pas repliée sur son passé.                                                                                                 Après l'époque prestigieuse de Titien, Véronèse, Tintoret, de nombreux artistes animent ses murs, exportent loin de la lagune leur inventivité. Aux cotés de Tiepolo, Piazzetta ou Ricci se développe un genre mineur; celui des peintres de"vues", les vedutistes.                                             Au premier rang de ces excellents paysagistes figurent Canaletto et Guardi. Précurseurs de la grande peinture de paysage du 19es, ils composent d'admirables vues urbaines de leur ville natale. Leurs sensibilités différentes incarnent les grandes tendances de l'art des védutistes. Canaletto fait preuve d'une approche presque scientifique de la perspective du détail. Alors que son jeune compatriote compose des ambiances plus poétiques. 

A leur manière et au même titre que leurs illustres prédécesseurs, ils ont largement contribué à la reconnaissance dont a bénéficié la Sérénissime jusqu'à nos jours. 

Où voir Canaletto ? Deux expositions à Paris:

Au Musée Jacquemart-André (jusqu'au 14 janvier 2013) et  au Musée Maillol (jusqu'au 10 février 2013 )

 




UTRILLO, LÉGENDE NOIRE DE LA PEINTURE


A Montmartre, tout le monde l'appelait "Mau-Mau", le fils de la belle et volcanique SPlace Pigalle détailuzanne Valadon.     
Modèle de Degas, Lautrec et Renoir, Suzanne a eu Maurice d'un employé d'assurances qui refusa de reconnaître l'enfant. C'est un ami, journaliste espagnol qui déclara le nourrisson à la mairie du 18e arrondissement de Paris comme son fils à lui, Miguel Utrillo y Molins.

Doux rêveur, replié sur lui-même, à 17 ans Maurice est un adolescent à la dérive, alcoolique. Sur les conseils d'un médecin, on le met à la peinture pour le guérir. En fait il aura désormais deux préoccupations : l'alcool et la peinture.

Très souvent ses crises nerveuses, sa folie éthylique le conduisent au poste de police. Il incarne cette image de l'artiste parisien maudit que décrivent si bien les romanciers, les critiques et les journalistes.

Rôdant la nuit à travers le dédale des rues tortueuses de la Butte, il s'imprègne de son atmophère particulière; celle d'un quartier qui a encore les traits d'un village. Puis le jour venu, il rejoint l'atelier de la rue Cortot où travaille sa mère. A ses cotés, il apprend à peindre comme d'autres apprennent à lire.

Les oeuvres d'Utrillo seront présentées lors de la visite des collections permanentes du Musée de l'Orangerie; jeudi 27 septembre 2012. (Quelques places disponibles)  (Voir rubrique visites guidées).


TOUT EST VANITE

Entourée d'objets, une femme se penche sur un crâne humain. Sans un regard pour nous, elle semble perdue dans une profonde méditation. Ce sujet de Domenico Feti, parfois confondu avec une Marie-Madeleine pénitente, s'inspire en fait d'une célèbre gravure de Dürer sur le thème de la mélancolie.

Feti Domenico (1589-1624) - La Mélancolie - Musée du Louvre

A cette époque, la mélancolie est considérée comme un tempérament et non comme un sentiment. On croit en effet que l'homme est régi par quatre humeurs: le flegme, le sang, la bile jaune et la bile noire. C'est donc la prépondérance de l'une d'elles qui influence le caractère: flegmatique, sanguin, colérique ou mélancolique. La mélancolie, mal perçue au Moyen-Age, connait une revalorisation à partir de la Renaissance car c'est le caractère qui semble le mieux correspondre à l'esprit contemplatif de l'artiste comme du religieux: l
'un et l'autre en but au désespoir car ils ne peuvent parvenir aux visions ultimes de l'inspiration ou de la foi.

Ce tableau sera présenté lors du cycle en salle ART'Hist "Tout connaître du Louvre", mercredi 16 mai 2012.


SOURIRES ET GRIMACES

C'est un rapport ambigu, basé sur la ressemblance qui lie depuis des siècles l'homme au singe.                                                                                             Doublet humain, le singe est un sujet exotique au 18e siècle. Lancret, Watteau, Huet contribuent à cette mode des singeries qui se développe alors en occident parallèlement au goût des chinoiseries. Von Max avt 1889 esquisse coll p Singes critiques d'art
Arts décoratifs, gravures, tableaux déclinent avec bonheur les multiples situations d'une gente simiesque qui
s'impose, souvent de manière cruelle, en miroir de l'homme. La palme de l'ironie revient probablement au peintre Von Max. Comme Chardin puis Decamps il met en scène un singe acteur: le détail de cette peinture reproduit un groupe d'animaux devenus critiques d'art. Mais l'expression hébétée du singe central renvoie au cliché de ce même critique ... qui n'est peut-être pas toujours en mesure d'exercer son métier avec intelligence.

Malgré les efforts déployés par le singe pour ressembler à l'homme, une certitude (rassurante) s'imposa longtemps: la bête ne détient pas le langage, expression essentielle de l'humanité qui la différencie des humains. Puis vinrent les théories de l'évolutionnisme .... et celles de la parenté du singe à l'homme ! Le tableau de Von Max n'était donc peut-être pas si éloigné d'une certaine réalité.

Voir: l'exposition du Grand Palais " Beauté animale" jusqu'au 16 juillet 2012.

Une visite guidée est prévue Jeudi 24 mai (places disponibles). Voir rubrique VISITES GUIDEES..


L'ART DE LA DIVISION

C'est vers la fin des années 1880 qu'émerge une nouvelle approche du paysage en peinture;  plus intellectuelle, elle privilégie la réflexion et l'emporte parfois sur la traduction des impressions visuelles.                                                                                                      Préoccupée par le rôle de la forme, soucieuse de ne plus la dissoudre dans la vibration coGravelines - Georges Seurat - Musée de l'Annonciade - St-Tropezlorée des impressionnistes, une jeune génération de peintres adopte la théorie du contraste simultané des couleurs et la technique de la division de la touche.

En 1886, leur chef de file, Georges Seurat, participe à la dernière exposition impressionniste en exposant une toile "Un après-midi à la Grande Jatte" (Chicago) aussitôt considérée comme le manifeste de cette nouvelle tendance. Très critiquée, elle fut considérée pourtant par quelques-uns comme annonciatrice d'un art nouveau.                                                               H.E. Cross - Côte provencale, le four des Maures  -  vers 1906 - Musée de la Chartreuse -  Douai
Au cours des années suivantes, entouré de Signac et Cross, Seurat va définir un nouvel art de peindre nourri de lectures sur l'optique ou sur la science des couleurs. Bien que proches des sujets impressionnistes - paysages et scènes de la vie quotidienne - leur démarche scientifique et leur esthétique moderne proposent un regard neuf sur le monde mais désormais très éloigné de la spontanéité de leurs ainés.   

En savoir plus:  Une vidéo sur l'art de Seurat

Activités:  Atelier pour enfants sur le thème du pointillisme mardi 24 avril 2012.  Téléchargement Atelier enfants ART'Hist avril 2012


LES LARMES DE SAINT PIERRE

Le thème des larmes de Saint-Pierre est relativement récent puisqu'il apparaît après le concile de Trente. Il représente le moment qui suit le triple reniement de Jésus par Pierre. Ce dernier prend conscience de l'horreur de son acte, après avoir entendu le chant du coq. Musée du Louvre - Le Guerchin - Saint Pierre pleurant devant la Vierge, dit aussi

Au 17e siècle, la peinture religieuse favorise les sujets montrant des saints repentants. Ce sont des exemples à suivre: la reconnaissance de la faute commise ainsi que la contemplation peuvent permettre d'obtenir la grâce. 

En cette période de Contre-Réforme, les catholiques accordent une importance grandissante à la piété personnelle et la peinture devient le support privilégié de ce type de dévotion.

La composition du tableau exécuté par Le Guerchin pour un collectionneur privé met donc l'accent sur la proximité de la scène. Les deux personnages sont coupés à mi-corps établissant ainsi une vue rapprochée qui incite le spectateur à partager la douleur exprimée. Ce tableau du Louvre s'inspire d'un poème de Luigi Tansillo. Il témoigne du succès de ce sujet exploité par les poètes, les peintres et les musiciens dès la fin du 16e siècle. Peu avant sa mort, le compositeur Roland de Lassus achève son oeuvre ultime " Le Lagrime di San Pietro" chanté a cappella. Les larmes subliment celui qui les verse mais elles obéissent surtout à une véritable stratégie de l'émotion, typiquement baroque et propre à l'exaltation des fidèles.  

 GUERCHIN,"LE LOUCHEUR". Comment le croire ? L'un des meilleurs peintres du baroque était affligé d'un strabisme qui lui valut le surnom peu flatteur de 

Le Guerchin - Musée du Louvre - La bouche ouverte
Guerchin, le loucheur en italien. Originaire d'une petite ville située à mi-chemin entre Ferrare et Bologne, Giovanni Francesco Barbieri se forgea un style personnel original fortement imprégné de l'art des Carrache. Bien que moins connue, son oeuvre de caricaturiste démontre la virtuosité qui fut la sienne dans un genre en devenir.

A parcourir, le livret d'une exposition sur les dessins de Guerchin: Téléchargement Fureurs et grâces - Le Guerchin

Ces informations complètent la conférence du 4 avril 2012, cycle Tout connaître du Louvre.

 


LE LIFTING DE SAINTE-ANNE

Et oui, il en va de la beauté des femmes peintes comme des autres. Elles sont parfois fatiguées alors leur teint devient moins clair, l'élasticité des pigments se relâche.... et après bien des tergiversations avec leur entourage, elles se décident à sauter le pas. La Vierge, l'Enfant Jésus et Sainte Anne (détail) - Léonard de Vinci - Musée du Louvre
C'est ce qui est arrivé à Sainte-Anne (celle de Léonard; vous l'aviez compris ...). Bien entourée par l'équipe des conservateurs du Louvre, elle s'est installée pour de longues semaines dans les salons des restaurateurs.

A une petite différence près: lors de votre dernier rendez-vous pour un masque facial chez l'esthéticienne, le gratin de la presse artistique ne vous a pas consacré l'ombre d'une ligne dans ses colonnes !

A lire en complément de la séance Actualité des expositions: angoisses et interrogations autour du lifting de cette belle personne.

A visiter; l'exposition que lui consacre le Louvre. Visite guidée le jeudi 7 juin à 15h : il reste encore quelques places (voir la rubrique Visites guidées dans la marge).


ÉLÉGANCE ET VIOLENCE DU RAPT

L'art baroque a été fortement marqué par une réthorique d'action qui s'exprime parfaitement dans les scènes de rapt. Tout au long du 17e siècle, peintres et sculpteurs multiplient les exemples. Ainsi, Apollon et Daphné ou l'Enlèvement de Proserpine qui offrent au génial Bernin l'occasion de prouver la virtuosité de sa technique et l'expression de son génie tourmenté.

Déjanire enlevée par le centaure Nessus - Guido Reni - Louvre


En peinture ce sujet de l'enlèvement. apparait tout aussi déterminant dans l'interprétation du mouvement. Cependant chez le bolonais Guido Reni, il permet d'étudier une évolution qui le mènera vers l'élégance et l'harmonie apaisée de la peinture classique.  Commandé en 1617, "l'enlèvement de Déjanire" révèle sa conception très personnelle de l'anatomie.  Mi-homme, mi-animal le corps du centaure est représenté avec un naturalisme extrême mais expurgé de toute laideur, de toute vulgarité. 
Belle réussite d'un peintre sensible au "naturel" préconisé par les Carrache la liaison entre le buste et les pattes de cet être hybride est admirable .

D'un cacactère indépendant, peu enclin à rester dans le sillage des Carrache, Reni poursuivra ses recherches; élaborant son propre langage fondé sur le culte de la beauté. 

L'enlèvement d'Hélène - Guido Reni - vers 1626 - Louvre

Quelques années plus tard, cette maturité s'exprime dans un autre sujet d'enlèvement, celui de la belle Hélène par Pâris. Mais cette fois le changement est radical.                                                                                       La tension laisse place à un moment de grâce, d'élégance; deux sentiments qui définiront la mise en scène de la peinture classique. 

Complément de la séance du mercredi 21 mars - Cycle Tout connaître du Louvre - Peintures italiennes.


DANSE ET POLITIQUE

C'est en Allemagne que se sont développées quelques-unes des avancées les plus significatives de l'art du XXe siècle. Mais c'est aussi d'AllemDanseuses aux bougies- Emil Nolde - 1912 -Seebüllagne, à l'aube de la seconde guerre mondiale, que s'élèveront les critiques les plus menaçantes contre une modernité qui ne plaisait guère aux nouveaux maîtres du pays. Ces grandes avant-gardes ont ouvert la voie à des expérimentations déterminantes, elles ont profondément modifié la création et ses territoires, établissant des passerelles entre les arts. 


La danse devient ainsi un sujet de réflexion aux multiples interprétations.
Image du corps dans sa version la plus primitive, celle des danses ancestrales, la peinture expressionniste renoue avec une religiosité archaïque que sert la violence de ses couleurs. Emil Nolde qui admire la danseuse Mary Wigman, se fait l'interprète de scènes de transe qui évoquent à la fois le domaine du mythe et celui de la religion. Oscar Schlemmer appelé au Bauhaus par Gropius en 1921, réfléchit à la figuration des anatomies dans Schlemmer Oskar Carnet de Nina Kandinsky. Autour du ballet triadique 1923

l'espace. Peintre, sculpteur, il devient metteur en scène et révolutionne l'art du ballet contemporain avec le ballet triadique en 1922. Son constat d'une société bouleversée par la mécanisation le conduit à imaginer une nouvelle esthétique où le costume et le masque jouent un rôle déterminant. A l'image du monde moderne dominé par la machine, le costume impose ses règles et contraint le corps dans ses mouvements générant une nouvelle façon de se mouvoir. 

Le caractère volontiers provocateur de ces nouvelles approches artistiques se heurtera aux nouveaux principes imposés avec l'avènement du régime nazi. Organisée en 1937 par Goebbels, ministre de la propagande, l'exposition consacrée à "l'art dégénéré" mit au pilori Nolde, Schlemmer, Wigman et bien d'autres artistes novateurs.

Ce thème de la danse à travers l'art moderne sera présenté dans le cadre du cycle Actualité des expositions du 14 au 16 mars 2012.

Voir l''exposition "Danser sa vie" au centre Pompidou jusqu'au 2 avril 2012.

 


POUDRE DE LICORNE ET DE PERLIMPINPIN

Dès l'Antiquité et, plus précisément depuis Ctésias de Cnide, des légendes confirment la croyance en un animal fantastique muni d'une corne d'ivoire.

 Auréolée de prestigieux pouvoirs, cette longue corne apparait peu à peu comme une sorte de panacée universelle. On la conseille notamment comme remède contre la tristesse et, avant qu'Ambroise Paré ne mette en doute ses vertus thérapeutiques, les esprits les plus éclairés échangent des recettes d'une grande variété. Le philosophe Marsile Ficin préconise d'en porter un fragment comme pendentif ou de le sucer. Antonio Fumannelli, médecin, préfère la consommer râpée dans une boisson. Préparée sous forme d'infusions, on vante aussi ses mérites pour prévenir les maladies contagieuses, protéger le coeur et même, repousser le venin.

                                                                                                                               Au Moyen-Age  la licorne devient un symbole deTenture de la Dame à la Licorne. Détail.  Musée de Cluny - Paris. 15es.
pureté et de chasteté dans la littérature courtoise. Elle trouvera une interprétation remarquable dans la belle tenture dite de "La dame à la Licorne" désormais conservée au Musée de Cluny. 

Atelier des Grands (pour adultes) - mardi 5 avril sur la Tenture de la Dame à la Licorne (conférence hors cycle annuel: places disponibles - voir la rubrique Visites guidées)

 



LE DUR LABEUR DES FEMMES

Musée d'Orsay Les repasseuses -  vers 1884-86 - E. DegasC'est une véritable "civilisation du linge"(1) qui s'épanouit à Paris au 19e siècle. Sa production va de pair avec l'essor des métiers liés à son entretien.

Bateaux-lavoirs puis lavoirs de terre ferme se multiplient, souvent installés dans les quartiers populaires. Travail physique particulièrement éprouvant, le lavage du linge emploie environ 70 000 blanchisseuses à la fin du Second Empire.                                                                                                           Image typique de la femme du peuple, la lavandière devient une figure littéraire chez Zola qui témoigne dans L'Assommoir de la dureté du métier et de la vie de ces femmes. Source d'inspiration pour les artistes, le corps des femmes au travail inspire Daumier, Pelez ou encore Degas avec une grande variété. Témoignages précieux mais subjectifs, leurs oeuvres reflètent les difficultés d'interprétation rencontrées par les historiens lorsqu'ils embrassent un sujet aussi vaste que le thème du peuple.

(1) Alain Corbin - Le grand siècle du linge - 1986

A voir jusqu'au 26 février 2012 l'exposition du Musée Carnavalet " Le peuple de Paris au 19e siècle"

A lire le document pédagogique du Musée Carnavalet sur ce thème du travail des femmes et du textile.


CARAVAGE, UN NATURALISME AGRESSIF

Tête et pieds nus, vêtue d'une simple robe rouge délacée, une femme vient de rendre son dernier soupir laissant ses proches désemparés. Une scène triste La mort de la Vierge - Louvre - Le Caravage - 1601-1603 - détail et très "humaine" ... à un détail près, la défunte se nomme Marie. Jugé scandaleux, ce tableau commandé par l'ordre des carmes fut refusé. Et les religieux n'hésitèrent pas à qualifier le modèle de sale prostituée ! Cet épisode n'est pas isolé dans la carrière de celui qui signe ce chef-d'oeuvre désormais conservé au Louvre. Sa Détail - La Madone des Palefreniers - Le Caravage - Galerie Borghèse - Rome Madone des palefreniers munie d'un décolleté échancré choqua plus d'un contemporain et il dut la retirer de l'église St-Pierre du Vatican probablement à la requête du pape lui-même.

Précurseur du réalisme en peinture, Michelangelo Merisi di Caravaggio défraya la chronique par son anticonformisme. Adepte d'une conception très humaine de la divinité, il eut de virulents détracteurs mais aussi d'ardents et puissants défenseurs. Cette protection lui assura d'obtenir les grandes commandes publiques et permit au plus grand nombre de voir ses oeuvres.  Son art fera école à la fois chez les peintres adeptes du clair-obscur mais aussi chez nombre d'artistes de la période moderne et contemporaine soucieux de tension dramatique dans la création plastique.

 

Ce document complète le cours Tout connaître du Louvre du mercredi 8 février 2012.


LE DEFI DE VOLTERRA

David et Goliath - Daniele da Volterra

Pour Vasari, l'auteur des Vies, la troisième ère (le XVIe siècle) est celle de "la manière parfaite" et parmi les artistes concernés, Michel-Ange occupe une place essentielle.
Sans être entouré d'élèves comme Raphaël, le vieux maître avait de nombreux admirateurs et le style de la Sixtine suscita des imitateurs parmi les peintres. Ainsi Volterra, peintre toscan, dont le curieux tableau restauré trône désormais au milieu de la grande galerie du Louvre. L'artiste y expose le combat opposant David à Goliath, sujet directement inspiré de l'une des peintures de la Sixtine. Le géant terrassé est chevauché par son assaillant qui brandit le cimeterre avec lequel il s'apprête à lui couper la tête. La peinture exécutée sur les deux faces d'une ardoise de belle taille offre deux entrées de lecture : la même scène ... à quelques secondes d'intervalle et semble annoncer - avec plusieurs siècles d'avance - la décomposition de l'image filmée.

Deux vidéos: "David et Goliath" - tableau de la grande galerie du Louvre:

Clic! Clic! Première partie: la restauration du "David et Goliath" de Volterra

Clic! Clic! Deuxième partie: interprétations

Sujet développé mercredi 1er février 2012 - Cycle Tout connaître du Louvre


LA VIERGE AU COUSSIN VERT

La possession du Milanais par le roi Louis XII au début du 16es permit aux Français de découvrir l'art de la Renaissance favorisant l'importation d'oeuvres et le déplacement de quelques artistes italiens.

Parmi eux Andrea Solario, peintre lombard qui séjourne en France entre 1507  Andrea Solario - La Vierge au coussin vert - Musée du Louvreet 1509 à la demande de Georges 1er d'Amboise pour décorer son château de Gaillon. Ce commanditaire, par ailleurs cardinal, appartient à une famille connue pour son mécénat multiforme et mène alors une politique artistique ambitieuse en Normandie.

Solario dont la manière de peindre combine les influences de Léonard de Vinci sur un mode plus familier et parfois plus tendre est l'auteur d'une subtile représentation de Marie " La Vierge au coussin vert ",  exemple parfait de fermeté et de douceur.

Ce sujet sera développé mercredi 14 décembre, cycle "Tout connaître du Louvre".

 


ART NOUVEAU DIABOLIQUE

Castel Béranger détail Rue La Fontaine Paris 16e arr.
Auteuil - avril 1899. Mais quel est ce curieux bâtiment qui provoque tant de frayeur ?  
"Si Dieu ne protège plus la France, le diable du moins semble protéger Auteuil."

Ces quelques mots extraits du journal Le Gaulois se veulent l'écho de l'opinion publique face à l'immeuble d'un jeune architecte, Hector Guimard. Le journaliste poursuit: " On l'appelle ... la Maison des Diables. Ce nom est assez justifié. Il y a du rez-de-chaussée à la toiture une folle ascension de figures grimaçantes, de groupes fantastiques, où l'artiste voulut peut-être représenter des chimères, mais où le populaire voit surtout des démons, et qui font se signer à vingt pas toutes les vieilles femmes de l'arrondissement."

Oeuvre originale à plus d'un titre, le Castel Béranger peut être considéré comme le chef d'oeuvre de Guimard. Malgré les nombreuses cabales qui entourent la personnalité turbulente de l'architecte, les premières années du nouveau siècle verront se multiplier les chantiers dont plusieurs témoignages subsistent dans ce quartier de l'ouest parisien: ensemble immobilier de la rue Agar, hôtel particulier de l'architecte à l'angle de l'avenue Mozart, hôtel Mezzara au 60 rue La Fontaine ...

Pourtant face aux nouvelles règles de sobriété qu'impose l'architecture moderniste, l'Art Nouveau s'essoufflera rapidement entrainant dans sa chute Guimard, celui qui voulait "croire au mystère".

Mal aimé, incompris dans les années d'après-guerre, l'Art Nouveau fera l'objet d'une incompréhension totale avant une réhabilitation tardive dans les années 70. Un peu tard ...   En 1948, l'intention de Madame Guimard était de remettre aux institutions françaises l'hôtel de l'avenue Mozart et son contenu afin de faire de la demeure de l'artiste un musée. Mais la direction des Musées de France, peu enthousiaste, refusa le don, contraignant la vieille dame à un dispersement pièce par pièce. Diable d'Art Nouveau !

Cycle Tout connaître de Paris - mardi 6 décembre 2011

 

 


HAUSSMANISME ET REALISME

Parfois présentée comme le symbole du pouvoir autoritaire, la "Transformation de Paris" sous le Second Empire marqua définitivement le visage de la capitale française. Fruit de la collaboration entre Napoléon III et le préfet Haussmann, l'étude de ce vaste chantier révèle aussi une métamorphose sans précédent qui hissa Paris au rang de ces prestigieuses villes dites éternelles.

Au chapitre des conséquences les plus discutables on peut bien sûr classer : l'éventrement des vieux quartiers, un endettement colossal et la monotonie d'un paysage trop géométrique. Cependant la naissance de la ville haussmanienne se fit aussi dans Portrait-charge d'Haussmann paru dans La Ménagerie impériale en 1870
la restructuration des tissus urbains d'origine médiévale ou néoclassique avec lesquels il fallut négocier puis accepter des désaxements, des discontinuités. 

Plus qu'une recette consciencieusement interprétée, l'haussmanisme fut une expérience: celle de la relativité des projets urbains et de la nécessité permanente d'une négociation entre le projet et sa réalisation. 

"Haussmann, un homme, un programme". Ce sujet sera détaillé mardi 29 novembre, cycle "Tout connaitre de Paris". 


EGYPTE PARISIENNE

"Joindre l'éclat de votre nom à la splendeur des monuments d'Egypte, c'est rattacher les fastes glorieux de notre siècle aux temps fabuleux de l'histoire (...)"  Flatteur....non ? Cette phrase est extraite de la dédicace du livre que Vivant Denon, archéologue et membre de l'expédition d'Egypte, écrit à son retour en France.

Soucieux de s'attirer les bonnes grâces du nouveau maître, Denon associe ainsi le Fontaine du Fellah ou du Porteur d'eau, rue de Sèvres, Parisnom de Bonaparte à des études scientifiques plutôt qu'aux échecs militaires de cette campagne !

Pari tenu : l'une des conséquences imprévues de cette expédition fut de relancer en France la mode de l'égyptomanie. Bien que préexistante, cette mode dite "style retour d'Egypte" va connaitre un développement inattendu qui touchera particulièrement la capitale. Fontaines, monuments militaires, tombes ;  rien n'échappe à cet engouement dont de nombreuses traces marquent encore le paysage parisien. 

Un exemple bien connu: la fontaine du Fellah, rue de Sèvres, près de l'hôpital Laënnec. Inspirée par la statue d'Antinoüs, favori de l'empereur Hadrien, elle appartenait au groupe de fontaines commandées par Napoléon pour améliorer la distribution d'eau potable à Paris.

Au coeur de Barbès, un temple égyptien: le Louxor, palais du cinéma.

Ce sujet sera développé lors du cycle Tout connaître de Paris, mardi 22 novembre 2011.


RENONCER AUX POMMES DE TERRE ...

plutôt qu'aux roses ou être de ceux pour qui le superflu est le nécessaire. C'est en ces termes que Théophile Gautier expose sa théorie de "L'art pour l'art" qui enflamme les esthètes britanniques de la fin du 19es siècle. 

Nourri d'une vive antipathie envers la médiocrité des produits industriels composant le décor de la classe moyenne, l'Aesthetic Movement chercha à réformer l'architecture et les arts décoratifs. Cette production caractérisée par sa soif de références: japonaises, grecques, médiévales... transforma Chaise vers 1885 par Godwin Edward William (1833-1886) - Orsay
particulièrement les arts décoratifs ainsi que la peinture, l'édition, la photographie et la mode. 

                                  En écho aux valeurs éthiques du mouvement, plusieurs hommes de lettre tel Oscar Wilde revendiquèrent un mode de vie contraire aux valeurs de la société victorienne. Souvent associés à l'idée de décadence, ils incarnent pourtant le raffinement ultime d'une production artistique foisonnante et particulièrement originale.

Autour de l'exposition "Beauté, morale et volupté dans l'Angleterre d'Oscar Wilde" . Conférences du cycle Actualité des Expositions en salle ART'Hist - du 16 au 18 novembre 2011.

Le réflexe Clic! Clic!

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Bonne lecture !

Bande annonce de la présentation de l'exposition (images des oeuvres)

Petit film sur une tapisserie de William Morris

Un meuble de Morris


SUR LA PISTE DES ANGES

Ou ..... comment occuper vos enfants pendant les vacances.

Solution: se procurer d'urgence Copie de Sans titre-True Color-01 
 Plus d'informations en cliquant sur Atelier des Grands et VisitAmusantes dans la colonne de gauche. 

 


COCHON CONTRE POISSON

Voyager dans le temps, au rythme des saisons et de leurs fêtes, voilà l'un des charmes de la peinture de Bruegel. Coutumier des rassemblements populaires, le peintre aimait se joindre aux gens du peuple afin de les observer en toute quiétude.

Grâce à son oeil critique, nous conservons le souvenir précis des rituels qui scandaient la vie des hommes du 16e siècle comme ce tournoi burlesque entre le gras Carnaval et l'étique Carême ou entre le cochon et le poisson. Détail du tableau conservé à Vienne Le combat de Carnaval et Carême
Fêtes et plaisirs avant le temps du jeûne, le carnaval est une période de transgressions qui offre à chacun la possibilité de se rêver autrement quelques heures ou quelques jours durant, en toute liberté. Ronde des masques, charivari: "Fais ce que tu voudras" proclame Carnaval qui triomphe. Mais quand la dernière ronde se disperse, elle entonne un tout autre chant: " Adieu pauvre Carnaval, tu t'en vas et moi je reste pour manger la soupe à l'ail." Carême est là pour une quarantaine.

Apprendre à lire une peinture de Bruegel, comprendre les origines du Carnaval et quelques-unes de ses coutumes aux enfants de 7 à 13 ans lors de l'atelier organisé jeudi 21 avril de 14h30 à 16h30 en salle ART'Hist à Chartres.

Voir les détails dans la rubrique Visites guidées.


VOL AVEC JUSTIFICATION

Qu'y-a-t'il de commun entre Bonaparte et l'ouvrier Perrugia ? La volonté de rendre service à sa patrie peut-être.

En 1796, lorsque Bonaparte prélève les carnets de Léonard dans les collections de la Bibliothèque ambroisienne de Milan, il impose à la Lombardie un tribut de guerre. Plusieurs délégués - dont le mathématicien Monge - sont chargés d'effectuer une sélection d'oeuvres scientifiques et artistiques. Au-delà du geste militaire, le but est d'offrir aux savants français une matière exceptionnelle et leur permettre ainsi d'enrichir le savoir national.

220 Le vol de la Joconde vu par la presse italienne
En 1911 Perrugia se trouve aussi des excuses après avoir volé la Joconde ; rendre à sa patrie un bien italien devenu le symbole incontournable de l'art occidental. Après tout il n'avait pas tout à fait tort.

Vol avec justification par Bonaparte ou reprise avec effraction de Perrugia ? 

Tout est question d'interprétation..... 

 

De tout, un peu :  Les douze carnets de Léonard de Vinci conservés à la bibliothèque de l'Institut.

Les dessins découverts au dos d'une peinture du Louvre en septembre 2008.

 Cours d'histoire de l'art ART'Hist - Cycle " Tout connaitre du Louvre " . Deux séances sur l'oeuvre de Léonard de Vinci en mars 2011.  


LA FOLIE AUX PORTES DU GÉNIE

Certains parlent, d'autres préfèrent peindre ou modeler.

La création artistique est une forme d'expression parmi d'autres; un lien physique tissé vers la société. Mais pour quelques artistes cet échange semble parfois difficile à ordonner. Le créateur butte, en proie à une imagination si fertile et si débridée qu'elle semble friser avec la démence. Ainsi Camille Claudel qui, avant d'atteindre les frontières de la folie, déploya l'étendue de son talent en inventant des images au fort contenu symbolique comme L'âge mûr

Plus d'un siècle avant Mademoiselle Claudel, un homme avait lui aussi exprimé les tourments de son âme dans des créations plastiques extraordinaires. Drôle de caractère ! Franz Xaver Messerschmidt, portraitiste reconnu fut écarté de la cour viennoise pour cause de troubles mentaux. Animé, comme Camille, d'un délire de persécution, il ressentit douloureusement le tort qui lui était fait. Conscient de son état et cherchant un moyen de combattre les fantômes qui le hantaient, il fit de son métier un exutoire au mal, reproduisant inlassablement les mimiques grimaçantes de son visage sous l'emprise de l'angoisse.  

Rictus sardonique, moue désabusée, bouche béante ou cadenassée par une bande, une cinquantaine de têtes virent le jour sous les doigts fébriles de Messerschmidt entre 1771 et 1783. 

Quelle que soit l'interprétation de ces têtes d'expression, elles s'inscrivent clairement dans le débat qui tente de justifier le génie et son moteur ; l'inspiration. A la fin du 18e siècle et au siècle suivantplusieurs scientifiques et pseudo-scientifiques tenteront d'associer les maladies de l'âme aux manifestations éclatantes de certains génies artistiques. 

Car Diderot l'écrivait déjà : "(...) le génie et la folie se touchent bien près !"

Visite commentée de l'exposition du Musée du Louvre : jeudi 17 mars 2011 à 11h30. Voir la rubrique Visites guidées.

 


MÉLANGE DES GENRES A L’OPÉRA GARNIER

De l'or à profusion, des marbres à foison, un rouge impérial pour de confortables loges et ..... 3500 lampes à gaz ! Navlet - Musée d'Orsay Escalier de l'Opéra à Paris

En cette fin de 19e siècle le nouvel opéra de Garnier offre un écrin somptueux à l'élégante société parisienne qui - dès son inauguration - fait du lieu le dernier endroit à la mode. Mais le décor ne se limite pas à la scène.

Au Palais Garnier, les spectateurs se font acteurs, Paris se donne en spectacle.

Ainsi dès leur entrée, les abonnés peuvent ajuster leur tenue grâce à deux miroirs placés face à face avant d'entrer "en scène" en gravissant les marches du grand escalier. Ne dit-on pas d'ailleurs que la couleur rouge fut adoptée dans la salle car les reflets produits donnaient ainsi plus de jeunesse et d'éclat aux blanches épaules des spectatrices.  

Puis le rideau tombe. Les grandes portes se referment. Et dans l'obscurité naissante une ombre se profile. Un fantôme parmi d'autres. Car l'Opéra est propice à la naissance des légendes, vivantes ou littéraires.

Comme cette nappe d'eau mystérieuse décrite par Gaston Leroux: un bassin conçu par Garnier pour permettre aux structures de l'édifice de résister à la puissance des eaux d'infiltration. Ou encore l'écho de ces voix endormies dans les sous-sols depuis 1907 ...

 


UN ALLER-RETOUR POUR LE PANTHEON

" Aux grands hommes, la patrie ...... n'est pas toujours reconnaissante ! " Voilà ce que Mirabeau aurait pu dire avec amertume lors de son passage éclair au Panthéon.

C"est pourtant lui qui est à l'origine du réaménagement de l'ancienne Mirabeau par Lucas de Montigny 18es Louvre
église Ste-Geneviève en 1791. A sa mort, l'Assemblée Nationale Constituante décida de consacrer le lieu aux Français qui s'étaient illustrés par leurs talents, leurs vertus et leurs services à la patrie. L'architecte Quatremère de Quincy chargé de la transformation fit araser les clochers, la croix du dôme disparut ainsi que le mobilier liturgique. Et Honoré Gabriel Riqueti, comte de Mirabeau devint ainsi le premier révolutionnaire à y être enterré avec tous les honneurs d'un deuil national.

Mais l'ouverture en décembre 1792 de l'armoire de fer fut à l'origine de son éjection du lieu. Ce coffre dissimulé 140 Ouverture de  l'armoire de fer aux Tuileries le 20 novembre 1792
dans le mur d'un corridor des Tuileries révéla la correspondance de Louis XVI avec le vénal Mirabeau. On découvrit que dès mai 1790, ce dernier était entré au service du roi qui le pensionnait.                                             A l'admiration succéda la déception et l'on s'empressa de déménager les restes de l'homme qui - à défaut d'avoir été "l'ami du peuple" - se voulait celui des Hommes.

Le Panthéon est situé à Paris sur la montagne Ste-Geneviève.

Visite du lieu jeudi 27 janvier (voir la rubrique Visites guidées)


DEUX PORTRAITS, UN ABÎME

1806 - 1814. Deux dates, deux portraits, deux visions d'un seul homme. Un abîme les sépare.

Si dans bien des cas, l'image du pouvoir impérial se pare des attributs du réalisme, elle n'en demeure pas moins une allégorie mêlant plus ou moins habilement les symboles du visible et de l'inconscient. Dans le cas de l'imagerie napoléonienne, les exemples sont particulièrement nombreux et variés. Selon un procédé largement influencé par le mouvement romantique et son goût pour 19e s. anonyme - boîte avec profil de Napoléon - Musée Rueil Malmaison
l'imaginaire, de multiples " portraits cachés ' ont accompagné l'épopée de Bonaparte. Images doubles, jeux de regards, ces illustrations sont bien souvent classées dans la grande famille des arts dits mineurs. Pourtant comme les portraits plus "sérieux", elles sont l'une des conséquences logiques de l'époque des Lumières qui place l'individu au centre des regards.  

Au chapitre des portraits d'histoire, les figurations de Napoléon varient selon leurs auteurs. En 1806, Ingres livre un tableau emblématique qui surprendra par sa mise en scène provoquant l'incompréhension,voire l'indignation. En figurantMusée de l'Armée - Ingres - 1806  
l'empereur assis sur son trône, muni des regalia, Ingres se livre à une curieuse démonstration des pouvoirs impériaux et monarchiques du passé.
 Il mélange allègrement les références: une figure d'empereur vue sur un diptyque byzantin en ivoire, l'allusion à la posture de Charlemagne sur le sceptre dit de Charlemagne, une représentation de St-Louis ... Voici ce que l'on écrira lors de sa présentation: " ...M.Ingres ne tend rien moins que faire rétrograder l'art de quatre siècles..."

Autre peintre, autre temps. C'est un petit homme bedonnant qu'imagine le peintre Paul Delaroche en P. Delaroche Napoléon à Fontainebleau - Musée de l'Armée
1845. L'heure n'est plus à la gloire et l'image insiste sur la défaite morale et physique du sujet. l'Empire a vécu.
 


Ces deux tableaux sont conservés au Musée de l'Armée - Hôtel des Invalides à Paris. Vous pourrez les découvrir en détail lors de la visite du 3 février aux Invalides (voir le programme des visites guidées) 

 

 



UN COUP D'ESSAI SE TRANSFORME EN COUP DE MAITRE

Botticelli fut un familier des Médicis. Cette proximité justifie en partie seulement son succès. 

Simple fils de tanneur, sa santé suscitait bien des inquiétudes et ne lui permit pas d'entrer comme apprenti chez un maître. Contraint de rester chez lui, le Botticelli - La Force - Musée des Offices
jeune garçon tuait donc le temps en lisant Horace, Ovide et en apprenant le latin. Après un bref passage chez un orfèvre, le jeune homme rejoint l'atelier d'Andrea Verrocchio, véritable pépinière d'artistes car les élèves se nommaient Ghirlandaio, Pérugin, Léonard de Vinci ... Mais les talents y étaient nombreux et il ne suffisait pas d'être un petit prodige pour émerger du lot.                                                                                                   
Un petit coup de pouce du destin lui donna l'occasion de se faire remarquer. Protégé par Solderini, oncle de Laurent le Magnifique et vieux roublard de la politique florentine, il reçut la commande d'une allégorie  destinée à orner la cour de la Mercanzia, sorte de tribunal de commerce florentin. L'essai se tranformera en coup de maître. Cette première oeuvre publique devait s"insérer dans une série de Vertus exécutées par Piero del Pollaiullo. Soucieux d'harmonie, Botticelli calqua sa composition sur celle de son rival ... mais il le dépassa par sa maîtrise des volumes et de la perspective. L'oeuvre éblouit et Botticelli devint l'un des peintres les plus prisés de Florence. Interprète intelligent des désirs de ses commanditaires, le peintre sera désormais étroitement associé au programme culturel de Laurent le Magnifique.

Où voir Botticelli à Paris ? Au Musée du Louvre toute l'année et au Musée Maillol grâce à l'exposition "Trésor des Médicis" jusqu'au 16 février 2011.


RUBENS ET PHOTOSHOP

Henri IV reçoit le portrait de la reine et se laisse désarmer par l'amour - Rubens - Galerie Médicis - Louvre

 

      Les amateurs de photographie numérique le savent bien; tout portrait peut être facilement retouché afin d'améliorer le rendu d'une figure. Il suffit de gommer trois ou quatre rides, d'estomper les cernes, de réduire l'affaissement du cou et le tour est joué. Chacun devient à sa manière artiste car le propre de ce métier consiste notamment à donner une vision souvent très personnelle du monde. Bien avant la mise sur le marché de Photoshop ou tout autre logiciel de correction de l'image, quelques peintres surent capter l'attention des grands de ce monde en "retouchant" leur vie d'une manière fort avantageuse.                            

Rubens est de ceux-là. Artiste prolifique, il fut aussi diplomate au service des gouvernants des Pays-Bas méridionaux. Deux activités qui se rejoignent sur un terrain commun: la mise en valeur de son interlocuteur. Dans le cas de la diplomatie, c'est une nécessité pour entretenir un climat favorable à la négociation. En peinture, c'est ce qui lui valut d'être apprécié par les hautes sphères politiques.

L'une de ses clientes prestigieuses fut Marie de Médicis, reine de France et épouse d'Henri IV. En digne représentante de son clan familial, elle favorisa le goût florentin pour les arts. Dès son arrivée à la cour, Marie veilla à l'élaboration d'une iconographie légitimant son rôle de reine puis de mère du Dauphin.

La commande passée à Rubens en 1622 allait dans ce sens et le peintre sut parfaitement répondre aux exigences de son modèle en imaginant une suite de vingt-quatre tableaux conscarés à la vie de la reine. Véritable tour de force, ce cycle exalte  les réussites comme les échecs de la souveraine ... car l'individu se révèle encore plus grand dans le malheur. Chaque tableau est harmonieusement mis en scène par la touche baroque de Rubens qui n'hésite pas à entourer Marie des dieux de l'Olympe.

Jusqu'à la fin de sa carrière, Rubens ne cessa de perfectionner ce don exceptionnel qu'il avait de pouvoir donner vie et spontanéité aux grandes décorations tout en offrant à ses commanditaires ce qu'ils attendaient. Une image à la fois réaliste mais aussi magnifiée et donc flatteuse de leur personne.

La galerie Médicis est visible au Louvre, au deuxième étage de l'aile Richelieu.

 


ET, POURTANT, ELLE TOURNE !

Voici, selon la légende, ce qu'aurait marmonné Galilée en se relevant devant les juges de l'Inquisition qui le sommaient d'abjurer sa doctrine.

Ce procès inspirera nombre d'auteurs et deviendra un symbole de la vérité persécutée. Il faut reconnaître qu'en ce 17e siècle l'ambiance générale est plutôt délétère en Europe. De nombreux pays ont été profondément meurtris par les Guerres de religion et la foi protestante est désormais fermement implantée dans certaines contrées septentrionales. En ces temps de Réforme, l'Eglise combat donc la fièvre dissidente avec la bonne vieille méthode du bûcher.

Un soir de janvier 1610, Galilée découvre trois astres au bout de sa lunette à proximité de Jupiter. Quelques jours après, il en voit quatre à des endroits différents ! Il en conclut que ces astres sont des lunes de Jupiter, que tous les astres ne tournent pas autour de la Terre et que, contrairement à ce que dit l'Eglise, la Terre n'est pas le centre de l'Univers. 

Galilée, très surpris du nouvel aspect qu'offre la surface de la Terre - DaumierBien que soutenu par le duc Cosme II de Médicis, Galilée est condamné suite à la parution d'un ouvrage imprimé à Florence en 1632. Le savant y énonce la loi de la chute des corps et ses idées sur le système solaire. Un contenu pas très catholique .....qui lui vaudra de comparaître à soixante-neuf ans devant les juges et de renier ce qui fut l'une des plus grandes découvertes des temps modernes.

Le télescope de Galilée est actuellement visible à Paris, au Musée Maillol dans le cadre de l'exposition " Trésor des Médicis" jusqu'au 16 février 2011.

Le mouvement de la Terre est expliqué grâce au pendule de Foucault installé sous la coupole du Panthéon ou à l'installation du Musée des Arts et Métiers.


DIX ANNÉES DE SOLITUDE

C'est à Philoctète qu'Héraclès au soir de sa vie, confia ses flèches et son arc. Bien que prétendant de la belle Hélène, Philoctète s'était engagé après le mariage de celle-ci avec Mélénas à secourir l'élu s'il subissait un outrage. L'enlèvement d'Hélène par Pâris l’entraîna donc sur le chemin de Troie en compagnie de ceux qui avaient décidé de venger l'affront, muni de ses fameuses flèches empoisonnées. Philoctète par Drouais - Musée des Beaux Arts de Chartres

Mais alors qu'il faisait escale dans l'île de Tenedos, on rapporte qu'il fut mordu par un serpent ou selon d'autres sources, blessé par l'une de ses flèches. Dès lors, la malchance s'acharna sur le malheureux.  

Sa plaie ne se referma pas et répandit une odeur si fétide que ses compagnons décidèrent de l'abandonner sur l'île. Philoctète y resta dix longues années souffrant de sa blessure et de la solitude. Il ne dut sa délivrance qu'à l'échec des grecs devant Troie. Incapables de pénétrer dans la ville, ceux-ci consultèrent l'oracle qui leur révéla qu'ils ne réussiraient pas sans les flèches de Philoctète. 

Ulysse le ramena donc devant Troie où correctement soigné, il recouvra ses forces et put participer à la prise de la ville. 

Sujet littéraire exploité par Sophocle, la mésaventure de Philoctète a été brillamment interprétée par l'un des élèves de DavidJean-Germain Drouais. Artiste prometteur mort précocement à l'âge de vingt-cinq ans, il fut l'un des meilleurs représentants du Néo-Classicisme au début du 19es.                         L'oeuvre qui a appartenu à l'égyptologue Champollion provient du Musée des Beaux-Arts de Chartres. Elle est actuellement visible au Louvre dans l'exposition " L'Antiquité rêvée"

Visite guidée de l'exposition jeudi 6 janvier à 13h . Voir détails pratiques dans la rubrique Visites guidées.


PETITS PETONS DE ROI LION

Ce n'est un secret pour personne : l'enfant chinois est roi en sa famille. La situation actuelle des jeunes générations chinoises - contraintes de respecter la règle de l'enfant unique - justifie donc l'attitude très protectrice des parents à leur égard. Mais l'exposition du Musée Guimet "Costumes d'enfants - Miroir des grands " nous apprend que les chinois ont accordé un intéret précoce à la santé de leur progéniture.

Qian Yi qui vécut entre 1032 et 1113, est généralement considéré comme le père fondateur de la pédiatrie dans ce pays. Bien que les connaissances médicales n'aient cessé de s'améliorer, on constate pourtant que le taux de mortalité resta très élevé jusqu'au milieu du XXe siècle; une situation paradoxale certainement liée à de mauvaises conditions d'hygiène et à l'absence de vaccins appropriés.

Tandis que la médecine se penchait sur la protection du corps des enfants, les pratiques populaires se préoccupèrent du sort de l'âme des petits. Jugée instable, cette âme fragile était considérée responsable de leur vulnérabilité face à la maladie et à toute autre cause de décès prématuré.

Cette croyance fit attribuer un rôle prophylactique - c'est-à-dire protecteur - aux différentes pièces du costume d'enfant. Protégeant le corps nu contre lesChaussures d'enfant à tête de lion  Chine XXe siècle  éléments naturels, vêtements, coiffes et chaussures sont donc désormais investis d'un pouvoir de protection supplémentaire contre les menaces invisibles, ceux des esprits malveillants ou des fantômes des morts insatisfaits. Afin de les effrayer - car ils ont peur du bruit - des clochettes et des grelots sont dissimulés sur les chapeaux et les chaussures des jeunes enfants. Et comme les gui (les fantômes) ont également peur des tigres et des chats, l'extrémité des chaussures devient prétexte à de candides versions léonines, plus attendrissantes qu'effrayantes ....

Visite guidée de l'exposition " Costumes d'enfants - Miroir des grands "  Jeudi 9 décembre au Musée Guimet.

Voir les détails pratiques dans la rubrique Visites guidées.

 


LE CINEMA DE MONSIEUR GEROME

Impitoyable, le gladiateur écrase de son pied la gorge du malheureux qui gît sur le sable de l'arène.

Pollice verso - 1872 - Phoenix Art Museum
Devant lui, les spectateurs brandissent leurs pouces renversés en un geste homicide qui nous est désormais familier car souvent reproduit au cinéma. Partagé entre l'horreur du crime imminent et le faste du décor, le visiteur comprend mieux ce qui fit la gloire de Jean-Léon Gérôme, peintre vedette des salons officiels de la fin du 19e siècle.

 L'un de ses talents fut de composer des images qui semblaient reproduire avec exactitude des réalités ...parfois ...fantasmées. Usant - et abusant - de la critique générale qui le désignait comme "peintre ethnographe"  " rendant simplement ce qu'il voyait", Gérôme combina de nombreuses sources d'inspiration et fabriqua des oeuvres poétiques parfois très éloignées de la réalité. Ce sens de la mise en scène spectaculaire trouva aussi son public grâce à ses liens avec la photographie. Gendre de Goupil - fondateur d'une maison spécialisée dans le commerce des oeuvres d'art - Gérome bénéficia d'une reconnaissance rapide de ses peintures auprès d'un large public grâce à la gravure et à la photographie.

Détail de Pollice verso   Cette diffusion de son oeuvre explique en partie, le vif intéret qu'il suscita en Amérique. Décorateur, scénographe, passionné d'archéologie, l'artiste 
sut parfaitement séduire par un mélange de sensibilité et de férocité qui anticipe sur les péplums à venir du septième art.

Visite guidée de l'exposition du Musée d'Orsay " Jean-Léon Gérôme, l'histoire en spectacle " : jeudi 25 novembre et samedi 27 novembre.

Détails pratiques dans la rubrique Visites guidées.


UN VERRE DE TROP

Atahualpa avait pourtant respecté la coutume enseignée par ses ancêtres en offrant aux étrangers la chicha - une bière de maïs - dans de magnifiques gobelets d'or.

 Or,chrysocole. Gobelets conservés à Lima -Fondation. Gallo

Car la coutume inca veut qu'avant toute négociation, le 
partenaire le plus puissant offre cette boisson. La refuser était déjà une sorte d'affront et les conquistadores durent donc céder devant l'insistance des incas. Mais les choses se compliquèrent lorsqu'en retour, Pizzaro fit remettre à l'empereur, fils du Soleil, une Bible. Ce dernier se saisit du livre, l'approcha de son oreille et ... le jeta à terre car il ne produisait aucun son susceptible de transmettre le message divin attendu ! Ce geste impie déclencha la colère de Pizzaro et s'ensuivit une terrible confusion.

Bel exemple d'incompréhension mutuelle: on connait la fin de l'histoire qui fut tragique pour le peuple inca.

L'exposition de la Pinacothèque présente un grand nombre de ces gobelets à caractère rituel. Des plus simples, en bois, aux plus somptueux en or, ils sont généralement associés par paires car la réciprocité était une donnée essentielle de la culture andine. Rendre une faveur créait des liens. En offrant la Bible en échange du verre, ce sont des liens de sang que créèrent les espagnols.

Cliquez sur ce lien pour en savoir plus sur les objets en or de l'exposition

 Exposition "L'Or des Incas - Pinacothèque de Paris jusqu'au 6 février 2011.


POLITIQUEMENT INCORRECT

Gosier grand ouvert afin d'avaler un jet continu de vin, le garçonnet expose avec impudeur sa bedaine. Deux salles plus loin, onze abricots charnus rosissent de plaisir, leurs globes délicatement offerts sur une coupe de faïence. 

Dans son catalogue, le musée Jacquemart-André promet pour son exposition de la rentrée une vision "inédite" de deux mouvements artistiques majeurs du 17es. Le défi parait difficile à relever au vu des multiples expositions qui ont déjà abordé ce sujet, celui de la place tenue par le baroque et le classicisme.

Mais l'innovation n'est pas toujours là où on l'attend. Car en y regardant bien, on constate qu'une certaine licence règne sur les sujets de ce siècle. une liberté de ton que n'autorisent plus nos codes moraux et commerciaux. Et pour cause ....

Un enfant ivre. Bacchus, il est vrai.  Cependant nous le savons tous, l'ivresse ne doit pas et ne peut être perçue comme règle de vie pour notre progéniture.

Lubin Baugin. Coupe de fruits. 17es . Rennes, musée des Beaux-ArtsMais il y a pire !  Revenons vers nos abricots et calculons. Onze abricots juteux en admettant qu'un bel abricot pèse en moyenne 65 ou 70 grammes, je multiplie ... par ... je retiens, j'ajoute ..... et j'obtiens grosso modo un kilo dans cette coupe en comptant les fruits cachés. Après ce savant calcul, je retrouve au fond de mon panier les facturettes de l'été mentionnant le prix des abricots achetés. Puis je compare avec le prix du billet d'entrée de l'exposition. 

Et bien, oui Madame, moi des abricots, aujourd'hui, à ce prix-là, je vous le dis: courez vite les acheter, vous n'en reverrez plus de si beaux sur nos marchés.

Exposition "Rubens, Poussin et les peintres du 17e siècle" - Musée Jacquemart-André jusqu'au 24 janvier 2011. 

Lire l'article du Musée du Louvre à propos d'un autre tableau de Lubin Baugin, le peintre de cette coupe d'abricots.

Voir la vidéo filmée dans les salles de l'exposition par le JDD



DE LUTECE A HAUSSMANN, MORT ET RENAISSANCE DE PARIS, VILLE ANTIQUE

Tout visiteur de la capitale française connait le nom d'Haussmann; mais qui se souvient de son contemporain Théodore Vacquer ? 

"Modeste jusqu'à la cachotterie, fantasque jusqu'à la bizarrerie". C'est ainsi que fut décrit le père de l'archéologie parisienne, personnage pittoresque à qui nous devons l'essentiel de la redécouverte du Paris antique. Ce sont donc les grands travaux haussmanniens qui lui permirent de faire moultes observations entre 1842 et 1895.  Reconstitution du Paris antique
 

Avant lui, on ne concevait le plan de la ville romaine qu'à partir des textes antiques de César ou des écrits plus tardifs de Grégoire de Tours. 

Employé par l'administration parisienne, il exerça des surveillances de chantiers avant d'être nommé conservateur du Musée Carnavalet où il créa les premières salles archéologiques. Les collections de ces salles, celles du Musée national du Moyen-Âge et la crypte archéologique du parvis de Notre - offrent aujourd'hui un panorama assez complet de ce que fut la cité des Parisii.


A LA TABLE DE MONET

Aubergines farcies, brochet au beurre blanc ou bananes au gratin ... C'est une cuisine bourgeoise et savoureuse qui prend place dans la lumineuse salle à manger de Giverny. Amateur de bonne chère, Claude Monet est attentif aux plaisirs de la table.  Le déjeuner Claude Monet 1868 - St.K.und S. Galerie -Francfort
En 1886, ses liens se distendent un peu avec le groupe impressionniste - il ne participe pas à la dernière exposition - mais il continue à les rencontrer lors des "dîners des bons cosaques" au Café Riche. Bien que les natures mortes soient peu nombreuses dans son oeuvre, il représente fréquemment nourriture et vaisselle sur ses tableaux de figures où chaque détail exprime un certain art de vivre à la française.

Pour en savoir plus sur l'art du bien manger à Giverny les  recettes de cuisine  de la famille Monet.


NAPOLÉON EST MORT A SAINTE HÉLÈNE, SON FILS LÉON...

Le souvenir de Napoléon est toujours très présent à Paris. Parfois fort visible; la colonne Vendôme, mais aussi plus discret, comme ces documents cachés dans la statue du Pont-Neuf! (Lire l'article précédent)

Néanmoins, le lieu qui honore avec le plus grand panache ce "grand-petit" homme reste le dôme des Invalides

Etape incontournable des touristes visitant la capitale, la belle église élevée sur l'ordre d'une autre vedette de l'histoire française abrite pourtant plusieurs tombes dont on oublierait presque la présence tant le Napoléon et son fils - 1812 - A. Menjaud - Fontainebleausarcophage de Napoléon capte l'attention des visiteurs. Une célébrité que chacun apprécie à sa juste valeur....selon ses origines et son patriotisme.

Par exemple, n'abordez pas ce sujet avec un anglais, nous n'avons pas tout à fait le même point de vue en général. Choisissez plutôt un terrain neutre si vous souhaitez poursuivre la conversation sans heurts; pourquoi pas Hitler ?  

Saviez-vous qu'un matin de juin 1940, le dit-personnage fut l'un des visiteurs du dôme des Invalides ? Le Führer qui venait d'anéantir la France pouvait enfin réaliser un vieux rêve: visiter Paris et s'incliner sur la tombe de l'empereur français. Or, ce jour-là, Hitler prit une décision tout à fait inattendue: il ordonna le transfert des cendres de l'Aiglon, le fils de Napoléon, à Paris. 

Depuis plus d'une centaine d'années, ses restes reposaient à Vienne dans la crypte des Capucins et malgré de nombreuses démarches en ce sens, la France s'était toujours vu opposer un refus catégorique de la part des autrichiens. C'est donc l'amiral Darlan qui reçut les cendres de l'Aiglon au nom du gouvernement de Vichy en décembre 1940. 

La statue de Napoléon dominant le tombeau de l'Aiglon aux Invalides  Afin d'honorer le fils de l'empereur, une messe solennelle fut célébrée en grande pompe par l'archevêque de Paris devant les représentants de la famille impériale bouleversés par l'émotion. Mais au même moment, une tragi-comédie assez savoureuse se jouait à l'extérieur où tout le monde cherchait la couronne de fleurs offerte par le Führer. Une couronne qui ne pouvait passer inapercue puisqu'il s'agissait d'une énorme croix gammée composée de pensées......

Beaucoup ignoraient que la famille Morin, employée aux Invalides et vivant dans l'enceinte de l'hôtel, n'avait pu supporter l'offense. Une croix gammée près du tombeau du maréchal Foch, quelle insulte pour le doyen de la famille, grand blessé de 14-18!

Alors Denise, sa fille, avait choisi de laver l'affront à sa manière. Profitant d'un moment d'inattention de la sentinelle, elle s'était emparée de la couronne....et l'avait brûlée dans le poêle familial.

Dans les jours qui suivront, la morale de cette histoire sera inscrite à la craie sur les murs des usines de banlieue: " Ils nous prennent le charbon et nous rendent les cendres."            Pauvre Léon.

Etude du lieu et de son architecture à l'occasion du cycle sur Paris (voir la rubrique Cours d'histoire de l'art) et lors des visites de l'hiver. A lire, petites anecdotes dans la collection La mémoire des lieux. L'hôtel des Invalides. Anne Muratori-Philip. Editions Complexe.