DE MARIE A VENUS, LES CHEMINS DE LA RENAISSANCE ALLEMANDE

Au 16e siècle en Allemagne, la peinture connait un véritable âge d'or favorisé par le renouveau spirituel de la Réforme luthérienne.

Quelques traits marquants propres à la tradition germanique - comme la recherche d'une certaine expressivité chez Cranach et Grünewald - vont cependant subsister et produire ainsi une peinture d'une grande originalité. Une grande ferveur religieuse imprègne le retable d'Issenheim -conservé à Colmar - et son panneau central offre une mise en scène particulièrement cruelle de la Crucifixion.

Mais l'attention portée aux divers sujets de l'humanisme ouvre aussi de nouvelles perspectives plus "coquines" lorsque Vénus remplace Marie sur les tableaux...

15 National gallery Plainte de Cupidon à Vénus début années 1530

 Quelques lectures complémentaires du cours Approches de mardi dernier.

A propos de Grünewald et du retable d'Issenheim:

site du Musée Unterlinden

A propos de Cranach:

http://www.wittert.ulg.ac.be/fr/flori/opera/cranach/cranach_notice.html

http://www.wittert.ulg.ac.be/fr/flori/opera/cranach/cranach_mytho.html

La vénus de Cranach ne prendra pas le métro!!!!!!!!

http://www.lefigaro.fr/culture/2008/02/15/03004-20080215ARTFIG00015-la-venus-de-cranach-interdite-de-metro-a-londres.php

 

A propos de Dürer:

http://expositions.bnf.fr/renais/arret/5/index.htm


HOPPER, LE TEMPS SUSPENDU

Bureau dans une petite ville
Souvent considéré comme un précurseur du Pop Art, Edward Hopper (1882-1967) compose une vision de l’Amérique qui a la simplicité trompeuse des mythes.

Peintre d’une réalité « suspendue », il inspira notamment le cinéaste Hitchcock. Son œuvre fait l’objet d’une rétrospective importante cet hiver à Paris au Grand Palais. 

A cette occasion, ART'Hist et Le Grand Monarque proposent une conférence/dîner le vendredi 23 novembre 2012 à Chartres. Réservations au 02.37.18.15.15

 

 


VOIR OU REVOIR VENISE

Le décalage est grand entre le déclin économique et politique de la Cité des Doges au 18e siècle et son inventivité dans le domaine pictural et musical.

16a
La ville demeure une cité ouverte sur le monde, fière de ses talents mais accueillante à l'égard des étrangers. Etape incontournable pour les artistes ou les esthètes qui accourent de toute l'Europe. Confrontée aux influences de la scène culturelle internationale, Venise ne vit pas repliée sur son passé.                                                                                                 Après l'époque prestigieuse de Titien, Véronèse, Tintoret, de nombreux artistes animent ses murs, exportent loin de la lagune leur inventivité. Aux cotés de Tiepolo, Piazzetta ou Ricci se développe un genre mineur; celui des peintres de"vues", les vedutistes.                                             Au premier rang de ces excellents paysagistes figurent Canaletto et Guardi. Précurseurs de la grande peinture de paysage du 19es, ils composent d'admirables vues urbaines de leur ville natale. Leurs sensibilités différentes incarnent les grandes tendances de l'art des védutistes. Canaletto fait preuve d'une approche presque scientifique de la perspective du détail. Alors que son jeune compatriote compose des ambiances plus poétiques. 

A leur manière et au même titre que leurs illustres prédécesseurs, ils ont largement contribué à la reconnaissance dont a bénéficié la Sérénissime jusqu'à nos jours. 

Où voir Canaletto ? Deux expositions à Paris:

Au Musée Jacquemart-André (jusqu'au 14 janvier 2013) et  au Musée Maillol (jusqu'au 10 février 2013 )

 




UTRILLO, LÉGENDE NOIRE DE LA PEINTURE


A Montmartre, tout le monde l'appelait "Mau-Mau", le fils de la belle et volcanique SPlace Pigalle détailuzanne Valadon.     
Modèle de Degas, Lautrec et Renoir, Suzanne a eu Maurice d'un employé d'assurances qui refusa de reconnaître l'enfant. C'est un ami, journaliste espagnol qui déclara le nourrisson à la mairie du 18e arrondissement de Paris comme son fils à lui, Miguel Utrillo y Molins.

Doux rêveur, replié sur lui-même, à 17 ans Maurice est un adolescent à la dérive, alcoolique. Sur les conseils d'un médecin, on le met à la peinture pour le guérir. En fait il aura désormais deux préoccupations : l'alcool et la peinture.

Très souvent ses crises nerveuses, sa folie éthylique le conduisent au poste de police. Il incarne cette image de l'artiste parisien maudit que décrivent si bien les romanciers, les critiques et les journalistes.

Rôdant la nuit à travers le dédale des rues tortueuses de la Butte, il s'imprègne de son atmophère particulière; celle d'un quartier qui a encore les traits d'un village. Puis le jour venu, il rejoint l'atelier de la rue Cortot où travaille sa mère. A ses cotés, il apprend à peindre comme d'autres apprennent à lire.

Les oeuvres d'Utrillo seront présentées lors de la visite des collections permanentes du Musée de l'Orangerie; jeudi 27 septembre 2012. (Quelques places disponibles)  (Voir rubrique visites guidées).


TOUT EST VANITE

Entourée d'objets, une femme se penche sur un crâne humain. Sans un regard pour nous, elle semble perdue dans une profonde méditation. Ce sujet de Domenico Feti, parfois confondu avec une Marie-Madeleine pénitente, s'inspire en fait d'une célèbre gravure de Dürer sur le thème de la mélancolie.

Feti Domenico (1589-1624) - La Mélancolie - Musée du Louvre

A cette époque, la mélancolie est considérée comme un tempérament et non comme un sentiment. On croit en effet que l'homme est régi par quatre humeurs: le flegme, le sang, la bile jaune et la bile noire. C'est donc la prépondérance de l'une d'elles qui influence le caractère: flegmatique, sanguin, colérique ou mélancolique. La mélancolie, mal perçue au Moyen-Age, connait une revalorisation à partir de la Renaissance car c'est le caractère qui semble le mieux correspondre à l'esprit contemplatif de l'artiste comme du religieux: l
'un et l'autre en but au désespoir car ils ne peuvent parvenir aux visions ultimes de l'inspiration ou de la foi.

Ce tableau sera présenté lors du cycle en salle ART'Hist "Tout connaître du Louvre", mercredi 16 mai 2012.


SOURIRES ET GRIMACES

C'est un rapport ambigu, basé sur la ressemblance qui lie depuis des siècles l'homme au singe.                                                                                             Doublet humain, le singe est un sujet exotique au 18e siècle. Lancret, Watteau, Huet contribuent à cette mode des singeries qui se développe alors en occident parallèlement au goût des chinoiseries. Von Max avt 1889 esquisse coll p Singes critiques d'art
Arts décoratifs, gravures, tableaux déclinent avec bonheur les multiples situations d'une gente simiesque qui
s'impose, souvent de manière cruelle, en miroir de l'homme. La palme de l'ironie revient probablement au peintre Von Max. Comme Chardin puis Decamps il met en scène un singe acteur: le détail de cette peinture reproduit un groupe d'animaux devenus critiques d'art. Mais l'expression hébétée du singe central renvoie au cliché de ce même critique ... qui n'est peut-être pas toujours en mesure d'exercer son métier avec intelligence.

Malgré les efforts déployés par le singe pour ressembler à l'homme, une certitude (rassurante) s'imposa longtemps: la bête ne détient pas le langage, expression essentielle de l'humanité qui la différencie des humains. Puis vinrent les théories de l'évolutionnisme .... et celles de la parenté du singe à l'homme ! Le tableau de Von Max n'était donc peut-être pas si éloigné d'une certaine réalité.

Voir: l'exposition du Grand Palais " Beauté animale" jusqu'au 16 juillet 2012.

Une visite guidée est prévue Jeudi 24 mai (places disponibles). Voir rubrique VISITES GUIDEES..


L'ART DE LA DIVISION

C'est vers la fin des années 1880 qu'émerge une nouvelle approche du paysage en peinture;  plus intellectuelle, elle privilégie la réflexion et l'emporte parfois sur la traduction des impressions visuelles.                                                                                                      Préoccupée par le rôle de la forme, soucieuse de ne plus la dissoudre dans la vibration coGravelines - Georges Seurat - Musée de l'Annonciade - St-Tropezlorée des impressionnistes, une jeune génération de peintres adopte la théorie du contraste simultané des couleurs et la technique de la division de la touche.

En 1886, leur chef de file, Georges Seurat, participe à la dernière exposition impressionniste en exposant une toile "Un après-midi à la Grande Jatte" (Chicago) aussitôt considérée comme le manifeste de cette nouvelle tendance. Très critiquée, elle fut considérée pourtant par quelques-uns comme annonciatrice d'un art nouveau.                                                               H.E. Cross - Côte provencale, le four des Maures  -  vers 1906 - Musée de la Chartreuse -  Douai
Au cours des années suivantes, entouré de Signac et Cross, Seurat va définir un nouvel art de peindre nourri de lectures sur l'optique ou sur la science des couleurs. Bien que proches des sujets impressionnistes - paysages et scènes de la vie quotidienne - leur démarche scientifique et leur esthétique moderne proposent un regard neuf sur le monde mais désormais très éloigné de la spontanéité de leurs ainés.   

En savoir plus:  Une vidéo sur l'art de Seurat

Activités:  Atelier pour enfants sur le thème du pointillisme mardi 24 avril 2012.  Téléchargement Atelier enfants ART'Hist avril 2012


LES LARMES DE SAINT PIERRE

Le thème des larmes de Saint-Pierre est relativement récent puisqu'il apparaît après le concile de Trente. Il représente le moment qui suit le triple reniement de Jésus par Pierre. Ce dernier prend conscience de l'horreur de son acte, après avoir entendu le chant du coq. Musée du Louvre - Le Guerchin - Saint Pierre pleurant devant la Vierge, dit aussi

Au 17e siècle, la peinture religieuse favorise les sujets montrant des saints repentants. Ce sont des exemples à suivre: la reconnaissance de la faute commise ainsi que la contemplation peuvent permettre d'obtenir la grâce. 

En cette période de Contre-Réforme, les catholiques accordent une importance grandissante à la piété personnelle et la peinture devient le support privilégié de ce type de dévotion.

La composition du tableau exécuté par Le Guerchin pour un collectionneur privé met donc l'accent sur la proximité de la scène. Les deux personnages sont coupés à mi-corps établissant ainsi une vue rapprochée qui incite le spectateur à partager la douleur exprimée. Ce tableau du Louvre s'inspire d'un poème de Luigi Tansillo. Il témoigne du succès de ce sujet exploité par les poètes, les peintres et les musiciens dès la fin du 16e siècle. Peu avant sa mort, le compositeur Roland de Lassus achève son oeuvre ultime " Le Lagrime di San Pietro" chanté a cappella. Les larmes subliment celui qui les verse mais elles obéissent surtout à une véritable stratégie de l'émotion, typiquement baroque et propre à l'exaltation des fidèles.  

 GUERCHIN,"LE LOUCHEUR". Comment le croire ? L'un des meilleurs peintres du baroque était affligé d'un strabisme qui lui valut le surnom peu flatteur de 

Le Guerchin - Musée du Louvre - La bouche ouverte
Guerchin, le loucheur en italien. Originaire d'une petite ville située à mi-chemin entre Ferrare et Bologne, Giovanni Francesco Barbieri se forgea un style personnel original fortement imprégné de l'art des Carrache. Bien que moins connue, son oeuvre de caricaturiste démontre la virtuosité qui fut la sienne dans un genre en devenir.

A parcourir, le livret d'une exposition sur les dessins de Guerchin: Téléchargement Fureurs et grâces - Le Guerchin

Ces informations complètent la conférence du 4 avril 2012, cycle Tout connaître du Louvre.

 


LE LIFTING DE SAINTE-ANNE

Et oui, il en va de la beauté des femmes peintes comme des autres. Elles sont parfois fatiguées alors leur teint devient moins clair, l'élasticité des pigments se relâche.... et après bien des tergiversations avec leur entourage, elles se décident à sauter le pas. La Vierge, l'Enfant Jésus et Sainte Anne (détail) - Léonard de Vinci - Musée du Louvre
C'est ce qui est arrivé à Sainte-Anne (celle de Léonard; vous l'aviez compris ...). Bien entourée par l'équipe des conservateurs du Louvre, elle s'est installée pour de longues semaines dans les salons des restaurateurs.

A une petite différence près: lors de votre dernier rendez-vous pour un masque facial chez l'esthéticienne, le gratin de la presse artistique ne vous a pas consacré l'ombre d'une ligne dans ses colonnes !

A lire en complément de la séance Actualité des expositions: angoisses et interrogations autour du lifting de cette belle personne.

A visiter; l'exposition que lui consacre le Louvre. Visite guidée le jeudi 7 juin à 15h : il reste encore quelques places (voir la rubrique Visites guidées dans la marge).


ÉLÉGANCE ET VIOLENCE DU RAPT

L'art baroque a été fortement marqué par une réthorique d'action qui s'exprime parfaitement dans les scènes de rapt. Tout au long du 17e siècle, peintres et sculpteurs multiplient les exemples. Ainsi, Apollon et Daphné ou l'Enlèvement de Proserpine qui offrent au génial Bernin l'occasion de prouver la virtuosité de sa technique et l'expression de son génie tourmenté.

Déjanire enlevée par le centaure Nessus - Guido Reni - Louvre


En peinture ce sujet de l'enlèvement. apparait tout aussi déterminant dans l'interprétation du mouvement. Cependant chez le bolonais Guido Reni, il permet d'étudier une évolution qui le mènera vers l'élégance et l'harmonie apaisée de la peinture classique.  Commandé en 1617, "l'enlèvement de Déjanire" révèle sa conception très personnelle de l'anatomie.  Mi-homme, mi-animal le corps du centaure est représenté avec un naturalisme extrême mais expurgé de toute laideur, de toute vulgarité. 
Belle réussite d'un peintre sensible au "naturel" préconisé par les Carrache la liaison entre le buste et les pattes de cet être hybride est admirable .

D'un cacactère indépendant, peu enclin à rester dans le sillage des Carrache, Reni poursuivra ses recherches; élaborant son propre langage fondé sur le culte de la beauté. 

L'enlèvement d'Hélène - Guido Reni - vers 1626 - Louvre

Quelques années plus tard, cette maturité s'exprime dans un autre sujet d'enlèvement, celui de la belle Hélène par Pâris. Mais cette fois le changement est radical.                                                                                       La tension laisse place à un moment de grâce, d'élégance; deux sentiments qui définiront la mise en scène de la peinture classique. 

Complément de la séance du mercredi 21 mars - Cycle Tout connaître du Louvre - Peintures italiennes.


DANSE ET POLITIQUE

C'est en Allemagne que se sont développées quelques-unes des avancées les plus significatives de l'art du XXe siècle. Mais c'est aussi d'AllemDanseuses aux bougies- Emil Nolde - 1912 -Seebüllagne, à l'aube de la seconde guerre mondiale, que s'élèveront les critiques les plus menaçantes contre une modernité qui ne plaisait guère aux nouveaux maîtres du pays. Ces grandes avant-gardes ont ouvert la voie à des expérimentations déterminantes, elles ont profondément modifié la création et ses territoires, établissant des passerelles entre les arts. 


La danse devient ainsi un sujet de réflexion aux multiples interprétations.
Image du corps dans sa version la plus primitive, celle des danses ancestrales, la peinture expressionniste renoue avec une religiosité archaïque que sert la violence de ses couleurs. Emil Nolde qui admire la danseuse Mary Wigman, se fait l'interprète de scènes de transe qui évoquent à la fois le domaine du mythe et celui de la religion. Oscar Schlemmer appelé au Bauhaus par Gropius en 1921, réfléchit à la figuration des anatomies dans Schlemmer Oskar Carnet de Nina Kandinsky. Autour du ballet triadique 1923

l'espace. Peintre, sculpteur, il devient metteur en scène et révolutionne l'art du ballet contemporain avec le ballet triadique en 1922. Son constat d'une société bouleversée par la mécanisation le conduit à imaginer une nouvelle esthétique où le costume et le masque jouent un rôle déterminant. A l'image du monde moderne dominé par la machine, le costume impose ses règles et contraint le corps dans ses mouvements générant une nouvelle façon de se mouvoir. 

Le caractère volontiers provocateur de ces nouvelles approches artistiques se heurtera aux nouveaux principes imposés avec l'avènement du régime nazi. Organisée en 1937 par Goebbels, ministre de la propagande, l'exposition consacrée à "l'art dégénéré" mit au pilori Nolde, Schlemmer, Wigman et bien d'autres artistes novateurs.

Ce thème de la danse à travers l'art moderne sera présenté dans le cadre du cycle Actualité des expositions du 14 au 16 mars 2012.

Voir l''exposition "Danser sa vie" au centre Pompidou jusqu'au 2 avril 2012.

 


POUDRE DE LICORNE ET DE PERLIMPINPIN

Dès l'Antiquité et, plus précisément depuis Ctésias de Cnide, des légendes confirment la croyance en un animal fantastique muni d'une corne d'ivoire.

 Auréolée de prestigieux pouvoirs, cette longue corne apparait peu à peu comme une sorte de panacée universelle. On la conseille notamment comme remède contre la tristesse et, avant qu'Ambroise Paré ne mette en doute ses vertus thérapeutiques, les esprits les plus éclairés échangent des recettes d'une grande variété. Le philosophe Marsile Ficin préconise d'en porter un fragment comme pendentif ou de le sucer. Antonio Fumannelli, médecin, préfère la consommer râpée dans une boisson. Préparée sous forme d'infusions, on vante aussi ses mérites pour prévenir les maladies contagieuses, protéger le coeur et même, repousser le venin.

                                                                                                                               Au Moyen-Age  la licorne devient un symbole deTenture de la Dame à la Licorne. Détail.  Musée de Cluny - Paris. 15es.
pureté et de chasteté dans la littérature courtoise. Elle trouvera une interprétation remarquable dans la belle tenture dite de "La dame à la Licorne" désormais conservée au Musée de Cluny. 

Atelier des Grands (pour adultes) - mardi 5 avril sur la Tenture de la Dame à la Licorne (conférence hors cycle annuel: places disponibles - voir la rubrique Visites guidées)

 



LE DUR LABEUR DES FEMMES

Musée d'Orsay Les repasseuses -  vers 1884-86 - E. DegasC'est une véritable "civilisation du linge"(1) qui s'épanouit à Paris au 19e siècle. Sa production va de pair avec l'essor des métiers liés à son entretien.

Bateaux-lavoirs puis lavoirs de terre ferme se multiplient, souvent installés dans les quartiers populaires. Travail physique particulièrement éprouvant, le lavage du linge emploie environ 70 000 blanchisseuses à la fin du Second Empire.                                                                                                           Image typique de la femme du peuple, la lavandière devient une figure littéraire chez Zola qui témoigne dans L'Assommoir de la dureté du métier et de la vie de ces femmes. Source d'inspiration pour les artistes, le corps des femmes au travail inspire Daumier, Pelez ou encore Degas avec une grande variété. Témoignages précieux mais subjectifs, leurs oeuvres reflètent les difficultés d'interprétation rencontrées par les historiens lorsqu'ils embrassent un sujet aussi vaste que le thème du peuple.

(1) Alain Corbin - Le grand siècle du linge - 1986

A voir jusqu'au 26 février 2012 l'exposition du Musée Carnavalet " Le peuple de Paris au 19e siècle"

A lire le document pédagogique du Musée Carnavalet sur ce thème du travail des femmes et du textile.


CARAVAGE, UN NATURALISME AGRESSIF

Tête et pieds nus, vêtue d'une simple robe rouge délacée, une femme vient de rendre son dernier soupir laissant ses proches désemparés. Une scène triste La mort de la Vierge - Louvre - Le Caravage - 1601-1603 - détail et très "humaine" ... à un détail près, la défunte se nomme Marie. Jugé scandaleux, ce tableau commandé par l'ordre des carmes fut refusé. Et les religieux n'hésitèrent pas à qualifier le modèle de sale prostituée ! Cet épisode n'est pas isolé dans la carrière de celui qui signe ce chef-d'oeuvre désormais conservé au Louvre. Sa Détail - La Madone des Palefreniers - Le Caravage - Galerie Borghèse - Rome Madone des palefreniers munie d'un décolleté échancré choqua plus d'un contemporain et il dut la retirer de l'église St-Pierre du Vatican probablement à la requête du pape lui-même.

Précurseur du réalisme en peinture, Michelangelo Merisi di Caravaggio défraya la chronique par son anticonformisme. Adepte d'une conception très humaine de la divinité, il eut de virulents détracteurs mais aussi d'ardents et puissants défenseurs. Cette protection lui assura d'obtenir les grandes commandes publiques et permit au plus grand nombre de voir ses oeuvres.  Son art fera école à la fois chez les peintres adeptes du clair-obscur mais aussi chez nombre d'artistes de la période moderne et contemporaine soucieux de tension dramatique dans la création plastique.

 

Ce document complète le cours Tout connaître du Louvre du mercredi 8 février 2012.


LE DEFI DE VOLTERRA

David et Goliath - Daniele da Volterra

Pour Vasari, l'auteur des Vies, la troisième ère (le XVIe siècle) est celle de "la manière parfaite" et parmi les artistes concernés, Michel-Ange occupe une place essentielle.
Sans être entouré d'élèves comme Raphaël, le vieux maître avait de nombreux admirateurs et le style de la Sixtine suscita des imitateurs parmi les peintres. Ainsi Volterra, peintre toscan, dont le curieux tableau restauré trône désormais au milieu de la grande galerie du Louvre. L'artiste y expose le combat opposant David à Goliath, sujet directement inspiré de l'une des peintures de la Sixtine. Le géant terrassé est chevauché par son assaillant qui brandit le cimeterre avec lequel il s'apprête à lui couper la tête. La peinture exécutée sur les deux faces d'une ardoise de belle taille offre deux entrées de lecture : la même scène ... à quelques secondes d'intervalle et semble annoncer - avec plusieurs siècles d'avance - la décomposition de l'image filmée.

Deux vidéos: "David et Goliath" - tableau de la grande galerie du Louvre:

Clic! Clic! Première partie: la restauration du "David et Goliath" de Volterra

Clic! Clic! Deuxième partie: interprétations

Sujet développé mercredi 1er février 2012 - Cycle Tout connaître du Louvre


LA VIERGE AU COUSSIN VERT

La possession du Milanais par le roi Louis XII au début du 16es permit aux Français de découvrir l'art de la Renaissance favorisant l'importation d'oeuvres et le déplacement de quelques artistes italiens.

Parmi eux Andrea Solario, peintre lombard qui séjourne en France entre 1507  Andrea Solario - La Vierge au coussin vert - Musée du Louvreet 1509 à la demande de Georges 1er d'Amboise pour décorer son château de Gaillon. Ce commanditaire, par ailleurs cardinal, appartient à une famille connue pour son mécénat multiforme et mène alors une politique artistique ambitieuse en Normandie.

Solario dont la manière de peindre combine les influences de Léonard de Vinci sur un mode plus familier et parfois plus tendre est l'auteur d'une subtile représentation de Marie " La Vierge au coussin vert ",  exemple parfait de fermeté et de douceur.

Ce sujet sera développé mercredi 14 décembre, cycle "Tout connaître du Louvre".

 


ART NOUVEAU DIABOLIQUE

Castel Béranger détail Rue La Fontaine Paris 16e arr.
Auteuil - avril 1899. Mais quel est ce curieux bâtiment qui provoque tant de frayeur ?  
"Si Dieu ne protège plus la France, le diable du moins semble protéger Auteuil."

Ces quelques mots extraits du journal Le Gaulois se veulent l'écho de l'opinion publique face à l'immeuble d'un jeune architecte, Hector Guimard. Le journaliste poursuit: " On l'appelle ... la Maison des Diables. Ce nom est assez justifié. Il y a du rez-de-chaussée à la toiture une folle ascension de figures grimaçantes, de groupes fantastiques, où l'artiste voulut peut-être représenter des chimères, mais où le populaire voit surtout des démons, et qui font se signer à vingt pas toutes les vieilles femmes de l'arrondissement."

Oeuvre originale à plus d'un titre, le Castel Béranger peut être considéré comme le chef d'oeuvre de Guimard. Malgré les nombreuses cabales qui entourent la personnalité turbulente de l'architecte, les premières années du nouveau siècle verront se multiplier les chantiers dont plusieurs témoignages subsistent dans ce quartier de l'ouest parisien: ensemble immobilier de la rue Agar, hôtel particulier de l'architecte à l'angle de l'avenue Mozart, hôtel Mezzara au 60 rue La Fontaine ...

Pourtant face aux nouvelles règles de sobriété qu'impose l'architecture moderniste, l'Art Nouveau s'essoufflera rapidement entrainant dans sa chute Guimard, celui qui voulait "croire au mystère".

Mal aimé, incompris dans les années d'après-guerre, l'Art Nouveau fera l'objet d'une incompréhension totale avant une réhabilitation tardive dans les années 70. Un peu tard ...   En 1948, l'intention de Madame Guimard était de remettre aux institutions françaises l'hôtel de l'avenue Mozart et son contenu afin de faire de la demeure de l'artiste un musée. Mais la direction des Musées de France, peu enthousiaste, refusa le don, contraignant la vieille dame à un dispersement pièce par pièce. Diable d'Art Nouveau !

Cycle Tout connaître de Paris - mardi 6 décembre 2011

 

 


HAUSSMANISME ET REALISME

Parfois présentée comme le symbole du pouvoir autoritaire, la "Transformation de Paris" sous le Second Empire marqua définitivement le visage de la capitale française. Fruit de la collaboration entre Napoléon III et le préfet Haussmann, l'étude de ce vaste chantier révèle aussi une métamorphose sans précédent qui hissa Paris au rang de ces prestigieuses villes dites éternelles.

Au chapitre des conséquences les plus discutables on peut bien sûr classer : l'éventrement des vieux quartiers, un endettement colossal et la monotonie d'un paysage trop géométrique. Cependant la naissance de la ville haussmanienne se fit aussi dans Portrait-charge d'Haussmann paru dans La Ménagerie impériale en 1870
la restructuration des tissus urbains d'origine médiévale ou néoclassique avec lesquels il fallut négocier puis accepter des désaxements, des discontinuités. 

Plus qu'une recette consciencieusement interprétée, l'haussmanisme fut une expérience: celle de la relativité des projets urbains et de la nécessité permanente d'une négociation entre le projet et sa réalisation. 

"Haussmann, un homme, un programme". Ce sujet sera détaillé mardi 29 novembre, cycle "Tout connaitre de Paris". 


EGYPTE PARISIENNE

"Joindre l'éclat de votre nom à la splendeur des monuments d'Egypte, c'est rattacher les fastes glorieux de notre siècle aux temps fabuleux de l'histoire (...)"  Flatteur....non ? Cette phrase est extraite de la dédicace du livre que Vivant Denon, archéologue et membre de l'expédition d'Egypte, écrit à son retour en France.

Soucieux de s'attirer les bonnes grâces du nouveau maître, Denon associe ainsi le Fontaine du Fellah ou du Porteur d'eau, rue de Sèvres, Parisnom de Bonaparte à des études scientifiques plutôt qu'aux échecs militaires de cette campagne !

Pari tenu : l'une des conséquences imprévues de cette expédition fut de relancer en France la mode de l'égyptomanie. Bien que préexistante, cette mode dite "style retour d'Egypte" va connaitre un développement inattendu qui touchera particulièrement la capitale. Fontaines, monuments militaires, tombes ;  rien n'échappe à cet engouement dont de nombreuses traces marquent encore le paysage parisien. 

Un exemple bien connu: la fontaine du Fellah, rue de Sèvres, près de l'hôpital Laënnec. Inspirée par la statue d'Antinoüs, favori de l'empereur Hadrien, elle appartenait au groupe de fontaines commandées par Napoléon pour améliorer la distribution d'eau potable à Paris.

Au coeur de Barbès, un temple égyptien: le Louxor, palais du cinéma.

Ce sujet sera développé lors du cycle Tout connaître de Paris, mardi 22 novembre 2011.


RENONCER AUX POMMES DE TERRE ...

plutôt qu'aux roses ou être de ceux pour qui le superflu est le nécessaire. C'est en ces termes que Théophile Gautier expose sa théorie de "L'art pour l'art" qui enflamme les esthètes britanniques de la fin du 19es siècle. 

Nourri d'une vive antipathie envers la médiocrité des produits industriels composant le décor de la classe moyenne, l'Aesthetic Movement chercha à réformer l'architecture et les arts décoratifs. Cette production caractérisée par sa soif de références: japonaises, grecques, médiévales... transforma Chaise vers 1885 par Godwin Edward William (1833-1886) - Orsay
particulièrement les arts décoratifs ainsi que la peinture, l'édition, la photographie et la mode. 

                                  En écho aux valeurs éthiques du mouvement, plusieurs hommes de lettre tel Oscar Wilde revendiquèrent un mode de vie contraire aux valeurs de la société victorienne. Souvent associés à l'idée de décadence, ils incarnent pourtant le raffinement ultime d'une production artistique foisonnante et particulièrement originale.

Autour de l'exposition "Beauté, morale et volupté dans l'Angleterre d'Oscar Wilde" . Conférences du cycle Actualité des Expositions en salle ART'Hist - du 16 au 18 novembre 2011.

Le réflexe Clic! Clic!

N'oubliez pas : les mots soulignés vous renvoient vers d'autres sites et vers quelques commentaires filmés (ci-dessous) (lorsque la lecture débute vous pouvez supprimer la publicité en cliquant sur la petite croix ).

Bonne lecture !

Bande annonce de la présentation de l'exposition (images des oeuvres)

Petit film sur une tapisserie de William Morris

Un meuble de Morris


SUR LA PISTE DES ANGES

Ou ..... comment occuper vos enfants pendant les vacances.

Solution: se procurer d'urgence Copie de Sans titre-True Color-01 
 Plus d'informations en cliquant sur Atelier des Grands et VisitAmusantes dans la colonne de gauche. 

 


COCHON CONTRE POISSON

Voyager dans le temps, au rythme des saisons et de leurs fêtes, voilà l'un des charmes de la peinture de Bruegel. Coutumier des rassemblements populaires, le peintre aimait se joindre aux gens du peuple afin de les observer en toute quiétude.

Grâce à son oeil critique, nous conservons le souvenir précis des rituels qui scandaient la vie des hommes du 16e siècle comme ce tournoi burlesque entre le gras Carnaval et l'étique Carême ou entre le cochon et le poisson. Détail du tableau conservé à Vienne Le combat de Carnaval et Carême
Fêtes et plaisirs avant le temps du jeûne, le carnaval est une période de transgressions qui offre à chacun la possibilité de se rêver autrement quelques heures ou quelques jours durant, en toute liberté. Ronde des masques, charivari: "Fais ce que tu voudras" proclame Carnaval qui triomphe. Mais quand la dernière ronde se disperse, elle entonne un tout autre chant: " Adieu pauvre Carnaval, tu t'en vas et moi je reste pour manger la soupe à l'ail." Carême est là pour une quarantaine.

Apprendre à lire une peinture de Bruegel, comprendre les origines du Carnaval et quelques-unes de ses coutumes aux enfants de 7 à 13 ans lors de l'atelier organisé jeudi 21 avril de 14h30 à 16h30 en salle ART'Hist à Chartres.

Voir les détails dans la rubrique Visites guidées.


VOL AVEC JUSTIFICATION

Qu'y-a-t'il de commun entre Bonaparte et l'ouvrier Perrugia ? La volonté de rendre service à sa patrie peut-être.

En 1796, lorsque Bonaparte prélève les carnets de Léonard dans les collections de la Bibliothèque ambroisienne de Milan, il impose à la Lombardie un tribut de guerre. Plusieurs délégués - dont le mathématicien Monge - sont chargés d'effectuer une sélection d'oeuvres scientifiques et artistiques. Au-delà du geste militaire, le but est d'offrir aux savants français une matière exceptionnelle et leur permettre ainsi d'enrichir le savoir national.

220 Le vol de la Joconde vu par la presse italienne
En 1911 Perrugia se trouve aussi des excuses après avoir volé la Joconde ; rendre à sa patrie un bien italien devenu le symbole incontournable de l'art occidental. Après tout il n'avait pas tout à fait tort.

Vol avec justification par Bonaparte ou reprise avec effraction de Perrugia ? 

Tout est question d'interprétation..... 

 

De tout, un peu :  Les douze carnets de Léonard de Vinci conservés à la bibliothèque de l'Institut.

Les dessins découverts au dos d'une peinture du Louvre en septembre 2008.

 Cours d'histoire de l'art ART'Hist - Cycle " Tout connaitre du Louvre " . Deux séances sur l'oeuvre de Léonard de Vinci en mars 2011.  


LA FOLIE AUX PORTES DU GÉNIE

Certains parlent, d'autres préfèrent peindre ou modeler.

La création artistique est une forme d'expression parmi d'autres; un lien physique tissé vers la société. Mais pour quelques artistes cet échange semble parfois difficile à ordonner. Le créateur butte, en proie à une imagination si fertile et si débridée qu'elle semble friser avec la démence. Ainsi Camille Claudel qui, avant d'atteindre les frontières de la folie, déploya l'étendue de son talent en inventant des images au fort contenu symbolique comme L'âge mûr

Plus d'un siècle avant Mademoiselle Claudel, un homme avait lui aussi exprimé les tourments de son âme dans des créations plastiques extraordinaires. Drôle de caractère ! Franz Xaver Messerschmidt, portraitiste reconnu fut écarté de la cour viennoise pour cause de troubles mentaux. Animé, comme Camille, d'un délire de persécution, il ressentit douloureusement le tort qui lui était fait. Conscient de son état et cherchant un moyen de combattre les fantômes qui le hantaient, il fit de son métier un exutoire au mal, reproduisant inlassablement les mimiques grimaçantes de son visage sous l'emprise de l'angoisse.  

Rictus sardonique, moue désabusée, bouche béante ou cadenassée par une bande, une cinquantaine de têtes virent le jour sous les doigts fébriles de Messerschmidt entre 1771 et 1783. 

Quelle que soit l'interprétation de ces têtes d'expression, elles s'inscrivent clairement dans le débat qui tente de justifier le génie et son moteur ; l'inspiration. A la fin du 18e siècle et au siècle suivantplusieurs scientifiques et pseudo-scientifiques tenteront d'associer les maladies de l'âme aux manifestations éclatantes de certains génies artistiques. 

Car Diderot l'écrivait déjà : "(...) le génie et la folie se touchent bien près !"

Visite commentée de l'exposition du Musée du Louvre : jeudi 17 mars 2011 à 11h30. Voir la rubrique Visites guidées.

 


MÉLANGE DES GENRES A L’OPÉRA GARNIER

De l'or à profusion, des marbres à foison, un rouge impérial pour de confortables loges et ..... 3500 lampes à gaz ! Navlet - Musée d'Orsay Escalier de l'Opéra à Paris

En cette fin de 19e siècle le nouvel opéra de Garnier offre un écrin somptueux à l'élégante société parisienne qui - dès son inauguration - fait du lieu le dernier endroit à la mode. Mais le décor ne se limite pas à la scène.

Au Palais Garnier, les spectateurs se font acteurs, Paris se donne en spectacle.

Ainsi dès leur entrée, les abonnés peuvent ajuster leur tenue grâce à deux miroirs placés face à face avant d'entrer "en scène" en gravissant les marches du grand escalier. Ne dit-on pas d'ailleurs que la couleur rouge fut adoptée dans la salle car les reflets produits donnaient ainsi plus de jeunesse et d'éclat aux blanches épaules des spectatrices.  

Puis le rideau tombe. Les grandes portes se referment. Et dans l'obscurité naissante une ombre se profile. Un fantôme parmi d'autres. Car l'Opéra est propice à la naissance des légendes, vivantes ou littéraires.

Comme cette nappe d'eau mystérieuse décrite par Gaston Leroux: un bassin conçu par Garnier pour permettre aux structures de l'édifice de résister à la puissance des eaux d'infiltration. Ou encore l'écho de ces voix endormies dans les sous-sols depuis 1907 ...

 


UN ALLER-RETOUR POUR LE PANTHEON

" Aux grands hommes, la patrie ...... n'est pas toujours reconnaissante ! " Voilà ce que Mirabeau aurait pu dire avec amertume lors de son passage éclair au Panthéon.

C"est pourtant lui qui est à l'origine du réaménagement de l'ancienne Mirabeau par Lucas de Montigny 18es Louvre
église Ste-Geneviève en 1791. A sa mort, l'Assemblée Nationale Constituante décida de consacrer le lieu aux Français qui s'étaient illustrés par leurs talents, leurs vertus et leurs services à la patrie. L'architecte Quatremère de Quincy chargé de la transformation fit araser les clochers, la croix du dôme disparut ainsi que le mobilier liturgique. Et Honoré Gabriel Riqueti, comte de Mirabeau devint ainsi le premier révolutionnaire à y être enterré avec tous les honneurs d'un deuil national.

Mais l'ouverture en décembre 1792 de l'armoire de fer fut à l'origine de son éjection du lieu. Ce coffre dissimulé 140 Ouverture de  l'armoire de fer aux Tuileries le 20 novembre 1792
dans le mur d'un corridor des Tuileries révéla la correspondance de Louis XVI avec le vénal Mirabeau. On découvrit que dès mai 1790, ce dernier était entré au service du roi qui le pensionnait.                                             A l'admiration succéda la déception et l'on s'empressa de déménager les restes de l'homme qui - à défaut d'avoir été "l'ami du peuple" - se voulait celui des Hommes.

Le Panthéon est situé à Paris sur la montagne Ste-Geneviève.

Visite du lieu jeudi 27 janvier (voir la rubrique Visites guidées)


DEUX PORTRAITS, UN ABÎME

1806 - 1814. Deux dates, deux portraits, deux visions d'un seul homme. Un abîme les sépare.

Si dans bien des cas, l'image du pouvoir impérial se pare des attributs du réalisme, elle n'en demeure pas moins une allégorie mêlant plus ou moins habilement les symboles du visible et de l'inconscient. Dans le cas de l'imagerie napoléonienne, les exemples sont particulièrement nombreux et variés. Selon un procédé largement influencé par le mouvement romantique et son goût pour 19e s. anonyme - boîte avec profil de Napoléon - Musée Rueil Malmaison
l'imaginaire, de multiples " portraits cachés ' ont accompagné l'épopée de Bonaparte. Images doubles, jeux de regards, ces illustrations sont bien souvent classées dans la grande famille des arts dits mineurs. Pourtant comme les portraits plus "sérieux", elles sont l'une des conséquences logiques de l'époque des Lumières qui place l'individu au centre des regards.  

Au chapitre des portraits d'histoire, les figurations de Napoléon varient selon leurs auteurs. En 1806, Ingres livre un tableau emblématique qui surprendra par sa mise en scène provoquant l'incompréhension,voire l'indignation. En figurantMusée de l'Armée - Ingres - 1806  
l'empereur assis sur son trône, muni des regalia, Ingres se livre à une curieuse démonstration des pouvoirs impériaux et monarchiques du passé.
 Il mélange allègrement les références: une figure d'empereur vue sur un diptyque byzantin en ivoire, l'allusion à la posture de Charlemagne sur le sceptre dit de Charlemagne, une représentation de St-Louis ... Voici ce que l'on écrira lors de sa présentation: " ...M.Ingres ne tend rien moins que faire rétrograder l'art de quatre siècles..."

Autre peintre, autre temps. C'est un petit homme bedonnant qu'imagine le peintre Paul Delaroche en P. Delaroche Napoléon à Fontainebleau - Musée de l'Armée
1845. L'heure n'est plus à la gloire et l'image insiste sur la défaite morale et physique du sujet. l'Empire a vécu.
 


Ces deux tableaux sont conservés au Musée de l'Armée - Hôtel des Invalides à Paris. Vous pourrez les découvrir en détail lors de la visite du 3 février aux Invalides (voir le programme des visites guidées) 

 

 



UN COUP D'ESSAI SE TRANSFORME EN COUP DE MAITRE

Botticelli fut un familier des Médicis. Cette proximité justifie en partie seulement son succès. 

Simple fils de tanneur, sa santé suscitait bien des inquiétudes et ne lui permit pas d'entrer comme apprenti chez un maître. Contraint de rester chez lui, le Botticelli - La Force - Musée des Offices
jeune garçon tuait donc le temps en lisant Horace, Ovide et en apprenant le latin. Après un bref passage chez un orfèvre, le jeune homme rejoint l'atelier d'Andrea Verrocchio, véritable pépinière d'artistes car les élèves se nommaient Ghirlandaio, Pérugin, Léonard de Vinci ... Mais les talents y étaient nombreux et il ne suffisait pas d'être un petit prodige pour émerger du lot.                                                                                                   
Un petit coup de pouce du destin lui donna l'occasion de se faire remarquer. Protégé par Solderini, oncle de Laurent le Magnifique et vieux roublard de la politique florentine, il reçut la commande d'une allégorie  destinée à orner la cour de la Mercanzia, sorte de tribunal de commerce florentin. L'essai se tranformera en coup de maître. Cette première oeuvre publique devait s"insérer dans une série de Vertus exécutées par Piero del Pollaiullo. Soucieux d'harmonie, Botticelli calqua sa composition sur celle de son rival ... mais il le dépassa par sa maîtrise des volumes et de la perspective. L'oeuvre éblouit et Botticelli devint l'un des peintres les plus prisés de Florence. Interprète intelligent des désirs de ses commanditaires, le peintre sera désormais étroitement associé au programme culturel de Laurent le Magnifique.

Où voir Botticelli à Paris ? Au Musée du Louvre toute l'année et au Musée Maillol grâce à l'exposition "Trésor des Médicis" jusqu'au 16 février 2011.


RUBENS ET PHOTOSHOP

Henri IV reçoit le portrait de la reine et se laisse désarmer par l'amour - Rubens - Galerie Médicis - Louvre

 

      Les amateurs de photographie numérique le savent bien; tout portrait peut être facilement retouché afin d'améliorer le rendu d'une figure. Il suffit de gommer trois ou quatre rides, d'estomper les cernes, de réduire l'affaissement du cou et le tour est joué. Chacun devient à sa manière artiste car le propre de ce métier consiste notamment à donner une vision souvent très personnelle du monde. Bien avant la mise sur le marché de Photoshop ou tout autre logiciel de correction de l'image, quelques peintres surent capter l'attention des grands de ce monde en "retouchant" leur vie d'une manière fort avantageuse.                            

Rubens est de ceux-là. Artiste prolifique, il fut aussi diplomate au service des gouvernants des Pays-Bas méridionaux. Deux activités qui se rejoignent sur un terrain commun: la mise en valeur de son interlocuteur. Dans le cas de la diplomatie, c'est une nécessité pour entretenir un climat favorable à la négociation. En peinture, c'est ce qui lui valut d'être apprécié par les hautes sphères politiques.

L'une de ses clientes prestigieuses fut Marie de Médicis, reine de France et épouse d'Henri IV. En digne représentante de son clan familial, elle favorisa le goût florentin pour les arts. Dès son arrivée à la cour, Marie veilla à l'élaboration d'une iconographie légitimant son rôle de reine puis de mère du Dauphin.

La commande passée à Rubens en 1622 allait dans ce sens et le peintre sut parfaitement répondre aux exigences de son modèle en imaginant une suite de vingt-quatre tableaux conscarés à la vie de la reine. Véritable tour de force, ce cycle exalte  les réussites comme les échecs de la souveraine ... car l'individu se révèle encore plus grand dans le malheur. Chaque tableau est harmonieusement mis en scène par la touche baroque de Rubens qui n'hésite pas à entourer Marie des dieux de l'Olympe.

Jusqu'à la fin de sa carrière, Rubens ne cessa de perfectionner ce don exceptionnel qu'il avait de pouvoir donner vie et spontanéité aux grandes décorations tout en offrant à ses commanditaires ce qu'ils attendaient. Une image à la fois réaliste mais aussi magnifiée et donc flatteuse de leur personne.

La galerie Médicis est visible au Louvre, au deuxième étage de l'aile Richelieu.

 


ET, POURTANT, ELLE TOURNE !

Voici, selon la légende, ce qu'aurait marmonné Galilée en se relevant devant les juges de l'Inquisition qui le sommaient d'abjurer sa doctrine.

Ce procès inspirera nombre d'auteurs et deviendra un symbole de la vérité persécutée. Il faut reconnaître qu'en ce 17e siècle l'ambiance générale est plutôt délétère en Europe. De nombreux pays ont été profondément meurtris par les Guerres de religion et la foi protestante est désormais fermement implantée dans certaines contrées septentrionales. En ces temps de Réforme, l'Eglise combat donc la fièvre dissidente avec la bonne vieille méthode du bûcher.

Un soir de janvier 1610, Galilée découvre trois astres au bout de sa lunette à proximité de Jupiter. Quelques jours après, il en voit quatre à des endroits différents ! Il en conclut que ces astres sont des lunes de Jupiter, que tous les astres ne tournent pas autour de la Terre et que, contrairement à ce que dit l'Eglise, la Terre n'est pas le centre de l'Univers. 

Galilée, très surpris du nouvel aspect qu'offre la surface de la Terre - DaumierBien que soutenu par le duc Cosme II de Médicis, Galilée est condamné suite à la parution d'un ouvrage imprimé à Florence en 1632. Le savant y énonce la loi de la chute des corps et ses idées sur le système solaire. Un contenu pas très catholique .....qui lui vaudra de comparaître à soixante-neuf ans devant les juges et de renier ce qui fut l'une des plus grandes découvertes des temps modernes.

Le télescope de Galilée est actuellement visible à Paris, au Musée Maillol dans le cadre de l'exposition " Trésor des Médicis" jusqu'au 16 février 2011.

Le mouvement de la Terre est expliqué grâce au pendule de Foucault installé sous la coupole du Panthéon ou à l'installation du Musée des Arts et Métiers.


DIX ANNÉES DE SOLITUDE

C'est à Philoctète qu'Héraclès au soir de sa vie, confia ses flèches et son arc. Bien que prétendant de la belle Hélène, Philoctète s'était engagé après le mariage de celle-ci avec Mélénas à secourir l'élu s'il subissait un outrage. L'enlèvement d'Hélène par Pâris l’entraîna donc sur le chemin de Troie en compagnie de ceux qui avaient décidé de venger l'affront, muni de ses fameuses flèches empoisonnées. Philoctète par Drouais - Musée des Beaux Arts de Chartres

Mais alors qu'il faisait escale dans l'île de Tenedos, on rapporte qu'il fut mordu par un serpent ou selon d'autres sources, blessé par l'une de ses flèches. Dès lors, la malchance s'acharna sur le malheureux.  

Sa plaie ne se referma pas et répandit une odeur si fétide que ses compagnons décidèrent de l'abandonner sur l'île. Philoctète y resta dix longues années souffrant de sa blessure et de la solitude. Il ne dut sa délivrance qu'à l'échec des grecs devant Troie. Incapables de pénétrer dans la ville, ceux-ci consultèrent l'oracle qui leur révéla qu'ils ne réussiraient pas sans les flèches de Philoctète. 

Ulysse le ramena donc devant Troie où correctement soigné, il recouvra ses forces et put participer à la prise de la ville. 

Sujet littéraire exploité par Sophocle, la mésaventure de Philoctète a été brillamment interprétée par l'un des élèves de DavidJean-Germain Drouais. Artiste prometteur mort précocement à l'âge de vingt-cinq ans, il fut l'un des meilleurs représentants du Néo-Classicisme au début du 19es.                         L'oeuvre qui a appartenu à l'égyptologue Champollion provient du Musée des Beaux-Arts de Chartres. Elle est actuellement visible au Louvre dans l'exposition " L'Antiquité rêvée"

Visite guidée de l'exposition jeudi 6 janvier à 13h . Voir détails pratiques dans la rubrique Visites guidées.


PETITS PETONS DE ROI LION

Ce n'est un secret pour personne : l'enfant chinois est roi en sa famille. La situation actuelle des jeunes générations chinoises - contraintes de respecter la règle de l'enfant unique - justifie donc l'attitude très protectrice des parents à leur égard. Mais l'exposition du Musée Guimet "Costumes d'enfants - Miroir des grands " nous apprend que les chinois ont accordé un intéret précoce à la santé de leur progéniture.

Qian Yi qui vécut entre 1032 et 1113, est généralement considéré comme le père fondateur de la pédiatrie dans ce pays. Bien que les connaissances médicales n'aient cessé de s'améliorer, on constate pourtant que le taux de mortalité resta très élevé jusqu'au milieu du XXe siècle; une situation paradoxale certainement liée à de mauvaises conditions d'hygiène et à l'absence de vaccins appropriés.

Tandis que la médecine se penchait sur la protection du corps des enfants, les pratiques populaires se préoccupèrent du sort de l'âme des petits. Jugée instable, cette âme fragile était considérée responsable de leur vulnérabilité face à la maladie et à toute autre cause de décès prématuré.

Cette croyance fit attribuer un rôle prophylactique - c'est-à-dire protecteur - aux différentes pièces du costume d'enfant. Protégeant le corps nu contre lesChaussures d'enfant à tête de lion  Chine XXe siècle  éléments naturels, vêtements, coiffes et chaussures sont donc désormais investis d'un pouvoir de protection supplémentaire contre les menaces invisibles, ceux des esprits malveillants ou des fantômes des morts insatisfaits. Afin de les effrayer - car ils ont peur du bruit - des clochettes et des grelots sont dissimulés sur les chapeaux et les chaussures des jeunes enfants. Et comme les gui (les fantômes) ont également peur des tigres et des chats, l'extrémité des chaussures devient prétexte à de candides versions léonines, plus attendrissantes qu'effrayantes ....

Visite guidée de l'exposition " Costumes d'enfants - Miroir des grands "  Jeudi 9 décembre au Musée Guimet.

Voir les détails pratiques dans la rubrique Visites guidées.

 


LE CINEMA DE MONSIEUR GEROME

Impitoyable, le gladiateur écrase de son pied la gorge du malheureux qui gît sur le sable de l'arène.

Pollice verso - 1872 - Phoenix Art Museum
Devant lui, les spectateurs brandissent leurs pouces renversés en un geste homicide qui nous est désormais familier car souvent reproduit au cinéma. Partagé entre l'horreur du crime imminent et le faste du décor, le visiteur comprend mieux ce qui fit la gloire de Jean-Léon Gérôme, peintre vedette des salons officiels de la fin du 19e siècle.

 L'un de ses talents fut de composer des images qui semblaient reproduire avec exactitude des réalités ...parfois ...fantasmées. Usant - et abusant - de la critique générale qui le désignait comme "peintre ethnographe"  " rendant simplement ce qu'il voyait", Gérôme combina de nombreuses sources d'inspiration et fabriqua des oeuvres poétiques parfois très éloignées de la réalité. Ce sens de la mise en scène spectaculaire trouva aussi son public grâce à ses liens avec la photographie. Gendre de Goupil - fondateur d'une maison spécialisée dans le commerce des oeuvres d'art - Gérome bénéficia d'une reconnaissance rapide de ses peintures auprès d'un large public grâce à la gravure et à la photographie.

Détail de Pollice verso   Cette diffusion de son oeuvre explique en partie, le vif intéret qu'il suscita en Amérique. Décorateur, scénographe, passionné d'archéologie, l'artiste 
sut parfaitement séduire par un mélange de sensibilité et de férocité qui anticipe sur les péplums à venir du septième art.

Visite guidée de l'exposition du Musée d'Orsay " Jean-Léon Gérôme, l'histoire en spectacle " : jeudi 25 novembre et samedi 27 novembre.

Détails pratiques dans la rubrique Visites guidées.


UN VERRE DE TROP

Atahualpa avait pourtant respecté la coutume enseignée par ses ancêtres en offrant aux étrangers la chicha - une bière de maïs - dans de magnifiques gobelets d'or.

 Or,chrysocole. Gobelets conservés à Lima -Fondation. Gallo

Car la coutume inca veut qu'avant toute négociation, le 
partenaire le plus puissant offre cette boisson. La refuser était déjà une sorte d'affront et les conquistadores durent donc céder devant l'insistance des incas. Mais les choses se compliquèrent lorsqu'en retour, Pizzaro fit remettre à l'empereur, fils du Soleil, une Bible. Ce dernier se saisit du livre, l'approcha de son oreille et ... le jeta à terre car il ne produisait aucun son susceptible de transmettre le message divin attendu ! Ce geste impie déclencha la colère de Pizzaro et s'ensuivit une terrible confusion.

Bel exemple d'incompréhension mutuelle: on connait la fin de l'histoire qui fut tragique pour le peuple inca.

L'exposition de la Pinacothèque présente un grand nombre de ces gobelets à caractère rituel. Des plus simples, en bois, aux plus somptueux en or, ils sont généralement associés par paires car la réciprocité était une donnée essentielle de la culture andine. Rendre une faveur créait des liens. En offrant la Bible en échange du verre, ce sont des liens de sang que créèrent les espagnols.

Cliquez sur ce lien pour en savoir plus sur les objets en or de l'exposition

 Exposition "L'Or des Incas - Pinacothèque de Paris jusqu'au 6 février 2011.


POLITIQUEMENT INCORRECT

Gosier grand ouvert afin d'avaler un jet continu de vin, le garçonnet expose avec impudeur sa bedaine. Deux salles plus loin, onze abricots charnus rosissent de plaisir, leurs globes délicatement offerts sur une coupe de faïence. 

Dans son catalogue, le musée Jacquemart-André promet pour son exposition de la rentrée une vision "inédite" de deux mouvements artistiques majeurs du 17es. Le défi parait difficile à relever au vu des multiples expositions qui ont déjà abordé ce sujet, celui de la place tenue par le baroque et le classicisme.

Mais l'innovation n'est pas toujours là où on l'attend. Car en y regardant bien, on constate qu'une certaine licence règne sur les sujets de ce siècle. une liberté de ton que n'autorisent plus nos codes moraux et commerciaux. Et pour cause ....

Un enfant ivre. Bacchus, il est vrai.  Cependant nous le savons tous, l'ivresse ne doit pas et ne peut être perçue comme règle de vie pour notre progéniture.

Lubin Baugin. Coupe de fruits. 17es . Rennes, musée des Beaux-ArtsMais il y a pire !  Revenons vers nos abricots et calculons. Onze abricots juteux en admettant qu'un bel abricot pèse en moyenne 65 ou 70 grammes, je multiplie ... par ... je retiens, j'ajoute ..... et j'obtiens grosso modo un kilo dans cette coupe en comptant les fruits cachés. Après ce savant calcul, je retrouve au fond de mon panier les facturettes de l'été mentionnant le prix des abricots achetés. Puis je compare avec le prix du billet d'entrée de l'exposition. 

Et bien, oui Madame, moi des abricots, aujourd'hui, à ce prix-là, je vous le dis: courez vite les acheter, vous n'en reverrez plus de si beaux sur nos marchés.

Exposition "Rubens, Poussin et les peintres du 17e siècle" - Musée Jacquemart-André jusqu'au 24 janvier 2011. 

Lire l'article du Musée du Louvre à propos d'un autre tableau de Lubin Baugin, le peintre de cette coupe d'abricots.

Voir la vidéo filmée dans les salles de l'exposition par le JDD



DE LUTECE A HAUSSMANN, MORT ET RENAISSANCE DE PARIS, VILLE ANTIQUE

Tout visiteur de la capitale française connait le nom d'Haussmann; mais qui se souvient de son contemporain Théodore Vacquer ? 

"Modeste jusqu'à la cachotterie, fantasque jusqu'à la bizarrerie". C'est ainsi que fut décrit le père de l'archéologie parisienne, personnage pittoresque à qui nous devons l'essentiel de la redécouverte du Paris antique. Ce sont donc les grands travaux haussmanniens qui lui permirent de faire moultes observations entre 1842 et 1895.  Reconstitution du Paris antique
 

Avant lui, on ne concevait le plan de la ville romaine qu'à partir des textes antiques de César ou des écrits plus tardifs de Grégoire de Tours. 

Employé par l'administration parisienne, il exerça des surveillances de chantiers avant d'être nommé conservateur du Musée Carnavalet où il créa les premières salles archéologiques. Les collections de ces salles, celles du Musée national du Moyen-Âge et la crypte archéologique du parvis de Notre - offrent aujourd'hui un panorama assez complet de ce que fut la cité des Parisii.


A LA TABLE DE MONET

Aubergines farcies, brochet au beurre blanc ou bananes au gratin ... C'est une cuisine bourgeoise et savoureuse qui prend place dans la lumineuse salle à manger de Giverny. Amateur de bonne chère, Claude Monet est attentif aux plaisirs de la table.  Le déjeuner Claude Monet 1868 - St.K.und S. Galerie -Francfort
En 1886, ses liens se distendent un peu avec le groupe impressionniste - il ne participe pas à la dernière exposition - mais il continue à les rencontrer lors des "dîners des bons cosaques" au Café Riche. Bien que les natures mortes soient peu nombreuses dans son oeuvre, il représente fréquemment nourriture et vaisselle sur ses tableaux de figures où chaque détail exprime un certain art de vivre à la française.

Pour en savoir plus sur l'art du bien manger à Giverny les  recettes de cuisine  de la famille Monet.


NAPOLÉON EST MORT A SAINTE HÉLÈNE, SON FILS LÉON...

Le souvenir de Napoléon est toujours très présent à Paris. Parfois fort visible; la colonne Vendôme, mais aussi plus discret, comme ces documents cachés dans la statue du Pont-Neuf! (Lire l'article précédent)

Néanmoins, le lieu qui honore avec le plus grand panache ce "grand-petit" homme reste le dôme des Invalides

Etape incontournable des touristes visitant la capitale, la belle église élevée sur l'ordre d'une autre vedette de l'histoire française abrite pourtant plusieurs tombes dont on oublierait presque la présence tant le Napoléon et son fils - 1812 - A. Menjaud - Fontainebleausarcophage de Napoléon capte l'attention des visiteurs. Une célébrité que chacun apprécie à sa juste valeur....selon ses origines et son patriotisme.

Par exemple, n'abordez pas ce sujet avec un anglais, nous n'avons pas tout à fait le même point de vue en général. Choisissez plutôt un terrain neutre si vous souhaitez poursuivre la conversation sans heurts; pourquoi pas Hitler ?  

Saviez-vous qu'un matin de juin 1940, le dit-personnage fut l'un des visiteurs du dôme des Invalides ? Le Führer qui venait d'anéantir la France pouvait enfin réaliser un vieux rêve: visiter Paris et s'incliner sur la tombe de l'empereur français. Or, ce jour-là, Hitler prit une décision tout à fait inattendue: il ordonna le transfert des cendres de l'Aiglon, le fils de Napoléon, à Paris. 

Depuis plus d'une centaine d'années, ses restes reposaient à Vienne dans la crypte des Capucins et malgré de nombreuses démarches en ce sens, la France s'était toujours vu opposer un refus catégorique de la part des autrichiens. C'est donc l'amiral Darlan qui reçut les cendres de l'Aiglon au nom du gouvernement de Vichy en décembre 1940. 

La statue de Napoléon dominant le tombeau de l'Aiglon aux Invalides  Afin d'honorer le fils de l'empereur, une messe solennelle fut célébrée en grande pompe par l'archevêque de Paris devant les représentants de la famille impériale bouleversés par l'émotion. Mais au même moment, une tragi-comédie assez savoureuse se jouait à l'extérieur où tout le monde cherchait la couronne de fleurs offerte par le Führer. Une couronne qui ne pouvait passer inapercue puisqu'il s'agissait d'une énorme croix gammée composée de pensées......

Beaucoup ignoraient que la famille Morin, employée aux Invalides et vivant dans l'enceinte de l'hôtel, n'avait pu supporter l'offense. Une croix gammée près du tombeau du maréchal Foch, quelle insulte pour le doyen de la famille, grand blessé de 14-18!

Alors Denise, sa fille, avait choisi de laver l'affront à sa manière. Profitant d'un moment d'inattention de la sentinelle, elle s'était emparée de la couronne....et l'avait brûlée dans le poêle familial.

Dans les jours qui suivront, la morale de cette histoire sera inscrite à la craie sur les murs des usines de banlieue: " Ils nous prennent le charbon et nous rendent les cendres."            Pauvre Léon.

Etude du lieu et de son architecture à l'occasion du cycle sur Paris (voir la rubrique Cours d'histoire de l'art) et lors des visites de l'hiver. A lire, petites anecdotes dans la collection La mémoire des lieux. L'hôtel des Invalides. Anne Muratori-Philip. Editions Complexe.





RECETTE ESTIVALE

15 août! Paris sur plage ! Nous sommes toujours en été bien que la météo soit un peu capricieuse ces derniers jours. Mais c'est désormais une habitude, depuis quelques années, les petits parisiens peuvent se promener en toute quiétude sur les bords de Seine recouverts de sable. Une trêve de quelques semaines est ainsi accordée aux amoureux de la ville-lumière qui s'approprient à nouveau les quais et une superbe vue sur l'île de la Cité voisine. 

Heureux parents - et grands-parents - chargés de surveiller ces bambins qui multiplient les pâtés sans se soucier du temps .....qui ne passe pas très vite. Alors ouvrez grandes vos oreilles; voici justement une histoire de pâtés !

L'ancien quartier des chanoines sur l'île de la Cité à Paris En 1387, un fait divers qui eut pour cadre le quartier de la cathédrale captiva l'attention des habitants de l'antique Lutèce. Deux commerçants habitant rue des Marmousets (le secteur de l'actuelle rue Chanoinesse) étaient voisins. L'un était barbier tandis que l'autre était un pâtissier fort réputé pour la qualité de ses pâtés de viande. Le roi lui-même s'en régalait.

 A cette époque de nombreux étudiants étrangers venaient à Paris tout autant attirés par la qualité de son université que par la beauté des demoiselles. Les plaisirs ne manquant pas, les jeunes gens en abusaient parfois et s'ils venaient à disparaitre, on mettait cela sur le compte des nombreux truands. 

Or à l'approche de Noël, on signala la disparition d'un étudiant allemand dont le chien fut retrouvé hurlant à la mort près de l'échoppe du barbier. Les condisciples du disparu alertèrent aussitôt les sergents du guet. Pressé de questions, le barbier finit par avouer ses méfaits. Il arrivait souvent que son rasoir dérape...et que son client passe ainsi de vie à trépas. Il descendait alors le corps dans sa cave et grâce à un trou ménagé dans le mur livrait à son voisin la matière première de ses délicieux pâtés.

Le chroniqueur Du Breul précisa que les " pastez (...) se trouvaient meilleurs que les aultres, d'autant que la chair d'homme est plus délicate, à cause de la nourriture, que celle des aultres animaux."



LUXE, GLOIRE ET BEAUTE

"Retrouver l'harmonie du monde en feignant d'en être l'organisateur: telle a été l'ambition démesurée des Médicis."

Il existe dans notre mémoire collective quelques noms qui évoquent immanquablement goût et fortune, la famille Médicis appartient à cette liste réduite et son aura ne faiblit pas depuis près de quatre siècles. 

Botticelli - Adoration des mages - Offices
 

Bien que cette prestigieuse famille florentine ne puisse se targuer d'avoir été la seule initiatrice du vaste mouvement de la Renaissance italienne, elle a largement contribué à son épanouissement. Mécènes avertis, les Médicis se sont toujours appuyés sur une même volonté humaniste: user des arts et des sciences au service de l'homme. 

L'exposition du Musée Maillol nous invite à pénétrer au coeur de leurs palais afin de découvrir 150 objets qui déclinent une histoire de leur goût. Tous les objets présentés ont en commun d'avoir été vus, voulus ou touchés par les Médicis.

Exposition "Trésors des Médicis " - Musée Maillol - Fondation Dina Vierny. Du 29 septembre 2010 au 31 janvier 2011.



VARIATIONS DE GOÛTS

En cette fin de 19e siècle, romantisme et néoclassicisme vont peu à peu dégénérer en un style dit académique, porté aux nues puis honni par les critiques. Car le goût est aussi une affaire de mode. Jeunes Grecs faisant battre des coqs dit aussi un combat de coqs  

 L'embellie que connut le marché artistique en France et en Angleterre vers 1890 fit la fortune et la célébrité de bien des artistes. Mais la réputation et la valeur marchande de ces mêmes artistes s'effondra avec la reconnaissance de l'art impressionniste et les révolutions artistiques qui suivirent. 

Jean-Léon Gérome appartient à cette génération un peu oubliée. Son oeuvre démontre des rapports complexes à la peinture d'histoire, à l'exotisme et à la sculpture polychrome comme avec ccurieux plâtre acheté par le musée d'Orsay en 2008. L'artiste fera sensation à Tanagra, tenant dans sa main La Danseuse au cerceau
plusieurs reprises en usant de la couleur afin de rappeler les statues antiques peintes. En 1890, Tanagra sert de prétexte à ces nus féminins si appréciés des collectionneurs. Gérome est coutumier d'adaptations souvent très libres de l'antiquité, en sculpture comme en peinture. 

Poussant le goût de la vérité historique à l'extrême, il fut l'un des meilleurs représentants de cet académisme parfois un peu trop facilement vilipendé. 

L'exposition "Jean Léon Gérome. L'histoire en spectacle." ouvrira au Musée d'Orsay le 19 octobre 2010.


MONET, ET "LE RÊVE DEVINT RÉALITÉ"

Quelle belle formule imaginée par Octave Mirbeau, écrivain et ami du peintre lorsqu'il évoque ainsi le puissant pouvoir onirique que dégage l'oeuvre de Monet. "Et le rêve devint réalité". 

La gare St Lazare en 1877 - Monet - Musée d'Orsay Peut-être alors viendrez-vous rêver dès le mois de septembre au Grand Palais où se prépare une grande rétrospective de sa carrière. Des plages normandes de son enfance aux Nymphéas quasi abstraits des dernières années, l'exposition s'annonce comme la plus importante manifestation dédiée à cet artiste depuis près de trente ans. 

On connait le Monet paysagiste mais il fut aussi peintre de figures, certes parfois peu conventionnelles car tracées à l'aide de touches imprécises. Comme ces "Femmes au jardin" ; refusées par le jury du Salon en 1867 qui déplore à la fois l'absence d'un vrai sujet et l'inachèvement du tableau. Désormais admirées par les milliers de visiteurs du musée d'Orsay, elles sortiront exceptionnellement de leur salle pour rejoindre d'autres scènes de plein air prêtées par des musées étrangers. 

Grâce aux recherches menées ces dernières années, l'exposition permettra ainsi une nouvelle confrontation de ses tableaux célèbres et d'oeuvres moins connues.

Exposition " Claude Monet". Du 22 septembre 2010 au 24 janvier 2011. Galeries nationales du Grand Palais.


FRANCE 1500

En cette fin du 15e, l'Europe se laisse séduire par l'art nouveau de la Renaissance. Une conversion qui passe souvent par le mécénat des princes laïcs et religieux. 

En France, les guerres d'Italie menées par Charles VIII et Louis XII accélèrent cette diffusion, drainant dans le sillage des rois, des artistes italiens qui ne seront, au début, que des créateurs de second plan. Une vision un peu trop résumée de cette histoire des arts pourrait ainsi nous laisser croire que l'art italien balaye alors sans ménagement toute création antérieure. 

En fait, la France de 1500 se distingue au contraire par la présence de nombreux centres artistiques. Le Val de Loire bien sûr, lieu de résidence des souverains mais aussi le Languedoc, la Normandie, la Champagne, ou encore le Bourbonnais, terre du prince mécène Pierre de Beaujeu.  Pierre II, sire de Beaujeu, Duc de Boubon par Jean Hey. Musée du Louvre
 

C'est là, qu'un artiste d'origine néerlandaise composera une synthèse raffinée " à la frontière du gothique finissant et de la Renaissance nordique" (N.Reynaud); Jean Hey, en qui on s'accorde à reconnaitre maintenant le Maître de Moulins

Plus de deux cent oeuvres seront réunies au Grand Palais cet hiver et témoigneront de la diversité artistique de cette période charnière de l'art français.

"France 1500. Entre Moyen Âge et Renaissance."  Du 6 octobre 2010 au 10 janvier 2011. Galeries nationales du Grand Palais.


NON MAIS, QUEL CARACTERE...

New York. 27 janvier 2005. Le marteau tombe. Adjugé !

Messerschmidt Tête de caractère Louvre 
Le Louvre vient de se porter acquéreur d'un autoportrait surprenant. Une tête de bronze d'un superbe poli couleur argent. Imaginez un homme chauve aux yeux fermés dont les lèvres semblent scellées par un petit bandeau et qui crispe violemment ses traits. Curieuse image de la douleur.

Cette tête fera partie de l'exposition organisée au Louvre au printemps 2011. Elle appartient à une série de 69 têtes en albâtre et en métal crées par Franz-Xaver Messerschmidt au 18e siècle.

Professeur à l'académie de Vienne, portraitiste reconnu, le malheureux sculpteur fut mis à l'écart en 1774 suite à des troubles mentaux. Exilé à  Bratislava , il conçut cet ensemble original peu connu en France. Aigri par son isolement, l'artiste choisit d'exprimer ses douleurs et ses angoisses à travers de curieux autoportraits. Témoignages des tourments de l'âme et du corps, ces têtes offrent aussi un répertoire très original des effets plastiques d'un visage.

Exposition du 26 janvier 2011 au 25 avril 2011. Musée du Louvre. Aile Richelieu.


AMOUR, COQUILLAGE ET CRUSTACES

Après le maillot jaune, les coquillages. Voilà, je rajoute cette petite note estivale juste pour rappeler que nous sommes en été ....hum, hum.

Et qui dit été, dit Tour de France ET tour des plages. Donc c'est la période où l'on ramasse ces jolies choses nacrées qui viennent s'entasser avec...toutes ces autres jolies choses nacrées collectées depuis des années. Mais cet été, c'est promis, juré, vous en ferez quelque chose (oui, oui comme toutes les autres années, bien sûr...)

Alors restez ferme, cette année PAS DE COQUILLAGE SUPPLEMENTAIRE dans vos tiroirs hormis cette exception : LE COQUILLAGE d'Odilon Redon. Il vous attendra au Grand Palais où une exposition sera consacrée à son auteur dès le printemps prochain.  
  
  Odilon Redon

A l'aube du XXe siècle, Redon fut particulièrement admiré par la jeune génération symboliste. "Ce qui me frappe le plus dans son oeuvre - dira Bonnard - c'est la réunion de deux qualités presque opposées : la matière plastique très pure et l'expression très mystérieuse". 

Voilà pourquoi vous ferez une exception car ce coquillage composé au pastel est d'une facture si impalpable et si vaporeuse qu'elle vous mènera tout droit vers le stand des reproductions où vous pourrez ramasser puis ranger sans remords - car avec un minimum d'espace - toutes ces jolies cartes à envoyer.

"Odilon Redon. De l'ombre à la lumière." Exposition présentée au Grand Palais du 22 mars 2011 au 20 juin 2011.


SUEUR, OR, INCAS ET MAILLOT JAUNE

Non, non, rassurez-vous; la canicule qui s'abat sur le tour de France en ce beau dimanche de juillet ne nous ramollit pas (encore) complètement les neurones .... Quoique ?! 

Allez, c'est les vacances et on le sait, en vacances, tout est permis. Alors osons quelques comparaisons risquées. 

Masque inca Oyez, oyez spectateurs des bords de route il n'y a pas que les amoureux de la petite reine pour suer en rêvant de l'or du maillot jaune. Depuis quelques mois, d'autres que vous traversent aussi l'hexagone de part et d'autre. Après St-Brieuc, Dijon et Rouen, les Incas seront à la Pinacothèque de Paris pour la rentrée où ils accrocheront non pas leurs vélos mais couronnes, colliers et autres objets rituels. 

Leur tour de France a démarré bien loin de nos verts pâturages, au coeur des musées péruviens qui pour l'occasion prêtent quelques deux cent cinquante oeuvres étroitement associées aux rituels religieux. Il y a fort à parier que les pièces en or attireront particulièrement les regards des visiteurs. Et si, l'été terminé, vous rechignez à retourner gagner votre pain "à la sueur de votre front"; vous vous consolerez peut-être en apprenant que cet or-là n'est autre que la "sueur" des dieux !!!!! 

Excusez du peu.......

Exposition "L'Or des Incas" du 10 septembre 2010 au 6 février 2011 à la Pinacothèque de Paris. (Tarifs des billets d'entrée)


POUSSIN ET RUBENS AU MUSEE JACQUEMART ANDRE

Poussin. Rubens. Deux grands noms de la peinture du 17es qui semblent résumer deux visions de l'art: le classique et le baroque. 

L'exposition qui ouvrira ses portes le 24 septembre au Musée Jacquemart André  voyagera donc d'un pays à l'autre, des Flandres sous gouvernance 

Gaspard Dughet Paysage 17e Musée Fesch Ajaccioespagnole au royaume de France qui devient alors l'une des premières puissances continentales. 

Héritière de la culture de la Renaissance, la production picturale se diversifie, multiplie les genres. Car en ce grand siècle mystique si les images exaltent à la fois le culte collectif et la méditation privée, elles ouvrent aussi de nouvelles perspectives; nature mortes, scènes de genre ou encore paysages tiennent une place de plus en plus grande à coté de la peinture de dévotion et de célébration.

A noter: la présence d'une toile de Gaspard Dughet prêtée par le musée des Beaux-Arts de Chartres.

 

Exposition du 24 septembre 2010 au 24 janvier 2011 au Musée Jacquemart André.


MIROIR, MON BEAU MIROIR ...

Simple instrument de beauté dans nos sociétés contemporaines, il fut une époque ou le miroir renvoyait à de multiples interprétations, parfois complexes. Le Moyen-Age occidental puis la Renaissance  en firent à la fois un symbole de prudence - il permet de regarder derrière soi sans se retourner - mais aussi un symbole de vanité. Particulièrement fréquents dans les tombes de la Chine ancienne, lesMiroir aux 2 phénix et trigrammes - Dynastie Tang - Cleveland miroirs en bronze agissent comme des talismans, considérés comme des objets magiques grâce à leur pouvoir réfléchissant. Ils assurent l'harmonie parfaite entre l'ordre cosmique et l'ordre humain et invoquent la protection des dieux. Leur forme circulaire est associée à la voûte céleste et bien souvent leur décor en relief représente l'univers, "un Univers mystique à visiter à travers le miroir * ".                                                                Exposition "La voie du Tao. Un autre chemin de l'Être." Galeries nationales du Grand Palais - Paris. Jusqu'au 5 juillet 2010. 

* cf. K. Schipper





QUOI DE N'OEUF ?

Pâques et ses oeufs ! Non, bien sûr rien de bien neuf. Comme chaque année chocolat noir et chocolat blanc ont attiré petits et grands devant les vitrines, rivalisant d'ingéniosité dans l'art de nouer leurs rubans autour de de la coque désirée.

L'oeuf - O.Redon-1885-Belgrade  

Mais il existe pourtant une variété d'oeufs qui - elle - ne se déguste pas seulement à Pâques. Les oeufs d'artistes. Parfois surréalistes comme celui de Salvador Dali . A déguster du regard. Le plus étrange, celui d'Odilon Redon , pris au piège du coquetier. Regard terrifié de l'oeuf incapable de bouger. 

Prochaine conférence sur les oeufs: jeudi 22 avril à 10h - salle ArtHist à Chartres. (Voir détails en cliquant sur la rubrique ART'HIST à droite.)


LES BRAS MAIGRES DE LA VEUVE


Elle attend le visiteur, tapie au fond de la salle et voilée de noir comme il sied à celle que l'on surnommait la Veuve. 

La guillotine dresse à nouveau "ses bras maigres" au coeur de Paris, mise en scène par la volonté de celui qui fut aussi son plus ardent adversaire, Robert Badinter

La muse d'André Chénier par Denys Puech - Musée d'Orsay - Paris  Presque trente ans après son abolition, la peine de mort revient en France mais sous couvert d'une exposition qui parcourt un chemin encore peu étudié par les historiens: l'expression artistique du crime et de son châtiment. Instrument d'une mort égalitaire, la guillotine sectionna des milliers de têtes et simplifia ainsi ce que Michel Foucault nommait "l'éclat des supplices". 

Mais on constate alors que la tête coupée devient un motif obsédant qui accompagne nombre de créateurs à la fin du 19e siècle. Chez Gustave Moreau; le poète Orphée dont la tête dépecée est jetée dans les flots de l'Hèbre et recueilli par une jeune fille. Ou encore cette figure d'une femme faisant de ses cheveux un linceul pour la tête d'André Chénier, poète fauché par la guillotine révolutionnaire. D'un monde à l'autre, des bras noirs de la veuve aux bras blancs de la vierge.

Exposition "Crime et châtiment"  au Musée d'Orsay jusqu'au 27 juin 2010