RUBENS ET PHOTOSHOP
Les amateurs de photographie numérique le savent bien; tout portrait peut être facilement retouché afin d'améliorer le rendu d'une figure. Il suffit de gommer trois ou quatre rides, d'estomper les cernes, de réduire l'affaissement du cou et le tour est joué. Chacun devient à sa manière artiste car le propre de ce métier consiste notamment à donner une vision souvent très personnelle du monde. Bien avant la mise sur le marché de Photoshop ou tout autre logiciel de correction de l'image, quelques peintres surent capter l'attention des grands de ce monde en "retouchant" leur vie d'une manière fort avantageuse.
Rubens est de ceux-là. Artiste prolifique, il fut aussi diplomate au service des gouvernants des Pays-Bas méridionaux. Deux activités qui se rejoignent sur un terrain commun: la mise en valeur de son interlocuteur. Dans le cas de la diplomatie, c'est une nécessité pour entretenir un climat favorable à la négociation. En peinture, c'est ce qui lui valut d'être apprécié par les hautes sphères politiques.
L'une de ses clientes prestigieuses fut Marie de Médicis, reine de France et épouse d'Henri IV. En digne représentante de son clan familial, elle favorisa le goût florentin pour les arts. Dès son arrivée à la cour, Marie veilla à l'élaboration d'une iconographie légitimant son rôle de reine puis de mère du Dauphin.
La commande passée à Rubens en 1622 allait dans ce sens et le peintre sut parfaitement répondre aux exigences de son modèle en imaginant une suite de vingt-quatre tableaux conscarés à la vie de la reine. Véritable tour de force, ce cycle exalte les réussites comme les échecs de la souveraine ... car l'individu se révèle encore plus grand dans le malheur. Chaque tableau est harmonieusement mis en scène par la touche baroque de Rubens qui n'hésite pas à entourer Marie des dieux de l'Olympe.
Jusqu'à la fin de sa carrière, Rubens ne cessa de perfectionner ce don exceptionnel qu'il avait de pouvoir donner vie et spontanéité aux grandes décorations tout en offrant à ses commanditaires ce qu'ils attendaient. Une image à la fois réaliste mais aussi magnifiée et donc flatteuse de leur personne.
La galerie Médicis est visible au Louvre, au deuxième étage de l'aile Richelieu.
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