ÉLÉGANCE ET VIOLENCE DU RAPT
L'art baroque a été fortement marqué par une réthorique d'action qui s'exprime parfaitement dans les scènes de rapt. Tout au long du 17e siècle, peintres et sculpteurs multiplient les exemples. Ainsi, Apollon et Daphné ou l'Enlèvement de Proserpine qui offrent au génial Bernin l'occasion de prouver la virtuosité de sa technique et l'expression de son génie tourmenté.
En peinture ce sujet de l'enlèvement. apparait tout aussi déterminant dans l'interprétation du mouvement. Cependant chez le bolonais Guido Reni, il permet d'étudier une évolution qui le mènera vers l'élégance et l'harmonie apaisée de la peinture classique. Commandé en 1617, "l'enlèvement de Déjanire" révèle sa conception très personnelle de l'anatomie. Mi-homme, mi-animal le corps du centaure est représenté avec un naturalisme extrême mais expurgé de toute laideur, de toute vulgarité. Belle réussite d'un peintre sensible au "naturel" préconisé par les Carrache : la liaison entre le buste et les pattes de cet être hybride est admirable .
D'un cacactère indépendant, peu enclin à rester dans le sillage des Carrache, Reni poursuivra ses recherches; élaborant son propre langage fondé sur le culte de la beauté.
Quelques années plus tard, cette maturité s'exprime dans un autre sujet d'enlèvement, celui de la belle Hélène par Pâris. Mais cette fois le changement est radical. La tension laisse place à un moment de grâce, d'élégance; deux sentiments qui définiront la mise en scène de la peinture classique.
Complément de la séance du mercredi 21 mars - Cycle Tout connaître du Louvre - Peintures italiennes.
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