DANSE ET POLITIQUE
C'est en Allemagne que se sont développées quelques-unes des avancées les plus significatives de l'art du XXe siècle. Mais c'est aussi d'Allemagne, à l'aube de la seconde guerre mondiale, que s'élèveront les critiques les plus menaçantes contre une modernité qui ne plaisait guère aux nouveaux maîtres du pays. Ces grandes avant-gardes ont ouvert la voie à des expérimentations déterminantes, elles ont profondément modifié la création et ses territoires, établissant des passerelles entre les arts.
La danse devient ainsi un sujet de réflexion aux multiples interprétations. Image du corps dans sa version la plus primitive, celle des danses ancestrales, la peinture expressionniste renoue avec une religiosité archaïque que sert la violence de ses couleurs. Emil Nolde qui admire la danseuse Mary Wigman, se fait l'interprète de scènes de transe qui évoquent à la fois le domaine du mythe et celui de la religion. Oscar Schlemmer appelé au Bauhaus par Gropius en 1921, réfléchit à la figuration des anatomies dans
l'espace. Peintre, sculpteur, il devient metteur en scène et révolutionne l'art du ballet contemporain avec le ballet triadique en 1922. Son constat d'une société bouleversée par la mécanisation le conduit à imaginer une nouvelle esthétique où le costume et le masque jouent un rôle déterminant. A l'image du monde moderne dominé par la machine, le costume impose ses règles et contraint le corps dans ses mouvements générant une nouvelle façon de se mouvoir.
Le caractère volontiers provocateur de ces nouvelles approches artistiques se heurtera aux nouveaux principes imposés avec l'avènement du régime nazi. Organisée en 1937 par Goebbels, ministre de la propagande, l'exposition consacrée à "l'art dégénéré" mit au pilori Nolde, Schlemmer, Wigman et bien d'autres artistes novateurs.
Ce thème de la danse à travers l'art moderne sera présenté dans le cadre du cycle Actualité des expositions du 14 au 16 mars 2012.
Voir l''exposition "Danser sa vie" au centre Pompidou jusqu'au 2 avril 2012.
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