ART NOUVEAU DIABOLIQUE
Auteuil - avril 1899. Mais quel est ce curieux bâtiment qui provoque tant de frayeur ? "Si Dieu ne protège plus la France, le diable du moins semble protéger Auteuil."
Ces quelques mots extraits du journal Le Gaulois se veulent l'écho de l'opinion publique face à l'immeuble d'un jeune architecte, Hector Guimard. Le journaliste poursuit: " On l'appelle ... la Maison des Diables. Ce nom est assez justifié. Il y a du rez-de-chaussée à la toiture une folle ascension de figures grimaçantes, de groupes fantastiques, où l'artiste voulut peut-être représenter des chimères, mais où le populaire voit surtout des démons, et qui font se signer à vingt pas toutes les vieilles femmes de l'arrondissement."
Oeuvre originale à plus d'un titre, le Castel Béranger peut être considéré comme le chef d'oeuvre de Guimard. Malgré les nombreuses cabales qui entourent la personnalité turbulente de l'architecte, les premières années du nouveau siècle verront se multiplier les chantiers dont plusieurs témoignages subsistent dans ce quartier de l'ouest parisien: ensemble immobilier de la rue Agar, hôtel particulier de l'architecte à l'angle de l'avenue Mozart, hôtel Mezzara au 60 rue La Fontaine ...
Pourtant face aux nouvelles règles de sobriété qu'impose l'architecture moderniste, l'Art Nouveau s'essoufflera rapidement entrainant dans sa chute Guimard, celui qui voulait "croire au mystère".
Mal aimé, incompris dans les années d'après-guerre, l'Art Nouveau fera l'objet d'une incompréhension totale avant une réhabilitation tardive dans les années 70. Un peu tard ... En 1948, l'intention de Madame Guimard était de remettre aux institutions françaises l'hôtel de l'avenue Mozart et son contenu afin de faire de la demeure de l'artiste un musée. Mais la direction des Musées de France, peu enthousiaste, refusa le don, contraignant la vieille dame à un dispersement pièce par pièce. Diable d'Art Nouveau !
Cycle Tout connaître de Paris - mardi 6 décembre 2011
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