La poétesse Anna de Noailles et Marcel Proust partagèrent un même intérêt pour les raffinements de l'écriture et du paraître. Madeleine Lemaire, autre amie de l'écrivain, salonnière célèbre et artiste peintre, réalisa ce beau portrait de la femme de lettres en 1914. Témoignage précieux de l'évolution de la mode féminine, il reflète la situation sociale de son modèle ; accentuant ici une caractéristique particulièrement prisée de l'époque, l'élégance.
Vers 1910, la silhouette féminine s'allège ; la taille se marque de moins en moins avec l'abandon du corset. La jupe tombe droite et s'écarte du sol, révélant chevilles et souliers. Mais cette mode dite "entravée" se révèle incommode pour la démarche et provoque le raccourcissement progressif de la jupe. La chaussure de jour est généralement fermée et montante en hiver, en revanche le soulier du soir est décolleté. Les coiffes de l'époque connaissent la vogue des plumes d'autruches dites amazones ou encore pleureuses lorsque chaque brin est allongé par un second brin minutieusement collé.
Les femmes règnent alors sur la vie mondaine qui succède à la vie de cour. Et dans les salons comme à l'Opéra, il s'agit moins de voir que d'être vue. Bien que contemporain de la photographie, le portrait peint conquiert encore les cercles les plus brillants ; accessoire indispensable au décor de ce monde souvent oisif, consumé dans un art permanent de la représentation. Portrait présumé d'Anna de Noailles - 1914 - Madeleine Lemaire - actuellement exposé à La Villa du Temps retrouvé à Cabourg.
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