Les beaux habits du réveillon
Les repas de fin d’année offrent souvent l'occasion de paraître dans de beaux habits. Ou du moins, de tenter des tenues un brin audacieuses et remporter, ou non, l’adhésion des autres convives. C’est affaire de goût …
Le goût, un sujet qui s’invitera peut-être à la table du réveillon car certains en manqueront. Mais il n’est pas question de goût vestimentaire ; je voulais évoquer le goût alimentaire et les saveurs dont notre cerveau se délecte à l’avance.
Une promesse d’agapes que nous ne serons donc pas tous en mesure d’apprécier car en guise de cadeau de Noël, le virus a parfois mis en sommeil nos fonctions gustatives. Mais ne désespérons pas, l’art viendra éveiller d’autres plaisirs. C’est pourquoi, je partage avec vous cette jubilatoire nature morte de venaisons prêtes à rôtir, toutes habillées de gras et plutôt bien ficelées.
Disposées en pyramide, les perdrix exhibent un ventre piqué de bâtonnets de lard. Une tenue pittoresque destinée à les protéger de la chaleur durant le rôtissage tout en les nourrissant de graisse. La minutie avec laquelle le peintre Desportes représente cette technique culinaire témoigne de la réputation acquise par la cuisine française au 18e siècle. Peint pour Philippe d’Orléans, régent du royaume de France de 1715 à 1723, ce tableau ornait une pièce du Palais-Royal à Paris. L’homme était fin gourmet et ses soupers fort réputés. Le duc de St-Simon qui y participa, évoquera dans ses Mémoires « la chère exquise » qui y était servie.
Ainsi, l’art de peindre comme l’art de décrire seront peut-être les grains de sel qui donneront finalement du goût à nos festivités.
Très savoureusement Anne
Nature morte au gibier, à la viande et aux fruits - 1734 - Alexandre-François Desportes – National Gallery, Washington