Les plaisirs de la petite reine
Et si nous partions de bon matin ...à bicyclette ... Moyen de transport populaire, un temps délaissé mais qui connait aujourd'hui une véritable renaissance, l'histoire du vélo croise celle de l'émancipation féminine à la Belle Époque. « Je pensais qu’il n’y avait rien de pire pour une femme que de fumer, mais j’ai changé d’avis en voyant une femme à bicyclette », écrit une correspondante du Chicago Tribune en juillet 1891.
Car en cette fin de siècle, les pionnières du vélo commencent à s’attirer les foudres de leurs contemporains. Déterminées à pédaler avec aisance, elles se glissent dans des pantalons bouffants bien plus adaptés que les jupons mais jugés souvent très osés. Marcel Proust, fin observateur de son temps, s'empare du sujet qu'il exploite dans son roman A l'ombre des jeunes filles en fleurs. Albertine, audacieuse et désinvolte cycliste rencontrée à Balbec, y est décrite dans une tenue de « caoutchouc », un matériau et une couleur chargés d’érotisme qui mettent en valeur les formes sculpturales et la beauté plastique de son corps.
Une description qui s'amuse du regard sévère que portait la société sur l'usage des vélocipèdes par la gente féminine. Le vélo, disait-on, fatiguait les femmes et pouvait aller jusqu’à provoquer des orgasmes à répétition, nocifs pour l’équilibre nerveux...
Le Chalet du Cycle au bois de Boulogne - Jean Béraud - vers 1900 - Musée Carnavalet, Paris.