Previous month:
mars 2021
Next month:
mai 2021

Le printemps de l'Amour

Sping time PA Cot Metropolitan museum NYCC’est dans l’ancien couvent des Feuillantines où Sophie Hugo s’est installée avec ses fils que Victor rencontre la petite Adèle. Née le 28 septembre 1803, elle connut donc celui qui allait devenir son mari en 1809. Âgé de sept ans, Victor Hugo partage avec Adèle et son frère les bonheurs simples du jardin : il la promène dans une vieille brouette, joue avec elle à la balançoire.

Des années plus tard, ce qui n'était qu'une amitié enfantine se transformera en amour. Victor et Adèle s'écrivent alors de nombreuses lettres mais un incident fâcheux va interrompre ces échanges secrets.

Quelques lettres échappées du corsage d’Adèle tombent devant sa mère. Les parents Foucher, stupéfaits par cette découverte, en font part à la mère de Victor qui, très irritée, répondra qu’un fils de général ne peut épouser la fille d’un simple chef de bureau. Cette réponse blessante fâchera les deux familles amies.

Pierre-Auguste Cot - Printemps - 1876 - Metropolitan Museum of Art, NYC, US. Exposé au Salon de 1873, ce tableau fut le plus grand succès du peintre académique Pierre Auguste Cot. Très admirée, l'œuvre fit l'objet de nombreuses copies sur des supports variés ; gravures, éventails, porcelaines et tapisseries.        La rue des Feuillantines constitue l'une des étapes du livret-promenade "Paris. Sous l'œil et la plume de Victor Hugo". Il est possible d'acheter et de recevoir ce livret par voie postale en cliquant ici


La fleur et le papillon

Image_redon_odilon_papillons_et_fleur_ppd1225_588978

Le jardin des Feuillantines, c’est une « grande allée verte » où Victor Hugo se revoit « jouant, courant, criant avec ses frères » et dont il se souvient, plus tard, comme de la « verte allée aux boutons d’or ».

Peints par Odilon Redon, voici quatre papillons se dirigeant vers une fleur, peut-être ce bouton d'or synonyme d'enfance lumineuse pour Hugo. Les aquarelles de papillons, caractéristiques des dernières années de Redon, sont empreintes d'une joie et d'une lumière matérialisées par une faune et une flore irréelles. Fleurs et papillons - Odilon Redon - Entre 1910 et 1914. Musée du Petit-Palais, Paris

Fleur et papillon se rejoignent dans ce poème d'Hugo mis en musique par Gabriel Fauré en 1861 alors que le poète est en exil :

La pauvre fleur disait au papillon céleste :
- Ne fuis pas !
Vois comme nos destins sont différents. Je reste,
Tu t'en vas !

Pourtant nous nous aimons, nous vivons sans les hommes
Et loin d'eux,
Et nous nous ressemblons, et l'on dit que nous sommes
Fleurs tous deux !

Mais, hélas ! l'air t'emporte et la terre m'enchaîne.
Sort cruel !
Je voudrais embaumer ton vol de mon haleine
Dans le ciel !

Mais non, tu vas trop loin ! - Parmi des fleurs sans nombre
Vous fuyez,
Et moi je reste seule à voir tourner mon ombre
A mes pieds.

Tu fuis, puis tu reviens ; puis tu t'en vas encore
Luire ailleurs.
Aussi me trouves-tu toujours à chaque aurore
Toute en pleurs !

Oh ! pour que notre amour coule des jours fidèles,
Ô mon roi,
Prends comme moi racine, ou donne-moi des ailes
Comme à toi !

La rue des Feuillantines constitue l'une des étapes du livret-promenade "Paris. Sous l'oeil et la plume de Victor Hugo". Il est possible d'acheter et de recevoir ce livret par voie postale en cliquant ici 


Fleurs fragiles

Image_courbet_gustave_portrait_de_zelie_courbet_ppp735_581336Victor Hugo comparait les liserons du jardin de son enfance aux lianes d'une jungle paradisiaque. Particulièrement fragiles, les corolles du liseron nées au matin, flétrissent le soir venu et répandent alors un délicat parfum d’amande amère.

Le peintre Gustave Courbet fait de cette plante aux longues tiges un accessoire lié à son intimité familiale. Tressée en couronne, elle orne la tête de Zélie, sœur cadette de l'artiste. D'une santé fragile, celle qu'il surnommait affectueusement "l'âme de notre maison" mourut prématurément en 1875.

Dix ans plus tôt, les mots du romancier Champfleury faisaient écho aux portraits peints par Courbet lorsqu'il décrivait Zélie, déjà languissante, comme "une fleur que le jardinier a oublié d'arroser".

Gustave Courbet - Portrait de Zélie Courbet - vers 1842 - Musée du Petit Palais, Paris


Au jardin du soleil levant

Image_laly_charles_les_rayons_et_les_ombres_xix_ce_qui_se_passait_aux_feuillantines_vers_1813_ainsi_je_gra_1507630 - Copie

Cadre du bonheur de ses tendres années, le jardin des Feuillantines appartient à la mémoire affective de Victor Hugo. Au fil des poèmes, ses strophes lumineuses content l'enchantement vécu dans une profusion de fleurs et de rêves au cœur d'un grand jardin sauvage semé de liserons.  « Je demandais un jour à Victor Hugo, dit Alphonse Karr, quelle était l’odeur qu’il préférait entre toutes. C’est, me dit-il, celle qu’exhale, de ses fleurs roses et blanches, le petit liseron des champs, au pied des haies. » Son goût pour cette plante charmante mais envahissante réapparait dans Les Travailleurs de la mer comme la fleur préférée de l'héroïne. 

Une phrase d'Adèle Foucher, qui fut, enfant, la compagne de jeux du poète avant de devenir son épouse, résume l'importance des souvenirs attachés à ce lieu : " Mon mari parlant des Feuillantines dit : "C'est le soleil levant de ma vie [...] un monde de souvenirs pour moi."

Charles Laly - Les rayons et les ombres - Ce qui se passait aux Feuillantines - vers 1813 - Paris Musées Collections

La rue des Feuillantines est l'une des premières étapes du livret "Paris. Sous l'œil et la plume de Victor Hugo"