Previous month:
juin 2023
Next month:
août 2023

Du vin et des câlins

Image_grandville_sans_titre__677626 - Copie
Dès les 16e et 17e siècles, les frères du couvent des Minimes de Passy - qui n'était pas encore un quartier parisien - utilisaient les carrières de calcaire pour conserver leur vin. Respectant un strict régime végétarien, la consommation du précieux liquide était leur principal plaisir et ils apportaient donc un soin tout particulier à sa vinification.

Mais la règle de l'ordre imposait aussi le silence et l'obligation de ne pas changer d'habit. Ce qui n'allait pas sans quelques inconvénients olfactifs ; les moines dégageaient une odeur d'huile rance particulièrement tenace selon les habitants du village. Pour autant, leurs relations de voisinage ne semblent pas en avoir souffert et une certaine cordialité régnait entre laïcs et religieux. Du reste, ces derniers - plutôt affables - étaient surnommés "les Bonshommes" par les habitants de Passy, eux-mêmes qualifiés de "Câlins".

Ombres portées (détail) : un moine buvant une coupe de vin est doublé par sa silhouette en forme de cruche - 1830 - Grandville , Dessinateur-lithographe - Maison de Balzac.  Ce sujet sera développé lors du cycle Tout connaître de Paris 2023-2024. 


J'écris donc je suis

Cliché Anne Chevée

Bien qu'on ne puisse résumer la naissance du street-art à cette phrase, l'art urbain est indéniablement un moyen d'exister ou plutôt de montrer que l'on existe et dont les origines s'expriment à travers le graffiti, de Lascaux à Philadelphie. 

Son expansion contemporaine est étroitement liée aux mutations des milieux urbains et à leurs modes de transport. Dans les années 60-70, la multiplication de logements d'une grande banalité dans des quartiers qui se marginalisent, l'omniprésence des supports de communication visuelle (affiches, panneaux de signalisation) vont favoriser les prémices du mouvement

Observant les visuels imposés par la publicité ou par les autorités administratives, une jeune génération prend alors d'assaut ces espaces, se les approprie en y inscrivant ses propres codes. Cherchant à être vus par le plus grand nombre et le plus rapidement possible, ces tagueurs affectionnent notamment les rames du métro. C'est ainsi que le réseau new-yorkais devient une cible privilégiée dans les années 70.  Avides de reconnaissance, les auteurs de ces écritures sauvages se distinguent les uns des autres en stylisant leur signature. Mais la concurrence féroce que se livrent les tagueurs new-yorkais prendra de telles proportions qu'elle provoquera la réaction hostile de la municipalité.

Enrichi par l'adoption de nouveaux sujets d'inspiration comme la bande dessinée ou le pop art, l'art urbain n'a cessé de gagner en reconnaissance. Désormais reconnu comme un mouvement artistique à part entière, il est entré dans les musées. "Domestiqué", il fait l'objet de commandes officielles, ornant les murs des villes en toute légalité.

Mais une part essentielle de son histoire passée et actuelle pose la question de sa prolifération sauvage. Envahissant la rue de manière illégale, le graffiti soulève de nombreux questionnements. D'une part se pose le problème de la dégradation des espaces privés ou publics mais aussi celui d'un environnement visuel imposé par une minorité et perçu comme une détérioration de leur cadre de vie par d'autres. 

Peinture de DacRuz près du canal de l'Ourcq - Paris 19e arrondissement. Circuit pédestre La Villette, à découvrir dans le dernier tome des Promenades parisiennes. Achat en ligne ou à l'Esperluète, Chartres (retrait en magasin ou envoi).

 

 

 


Mégère non apprivoisée

Place_vintimille_1998.47.1-5 (2)
A deux pas de la place de Clichy, une statue de Berlioz se dresse dans le square verdoyant de l'ancienne place Vintimille, rebaptisée Adolphe Max. Ouverte en 1844, cette charmante place voisinait alors avec plusieurs ateliers d'artistes dont celui d'Edouard Vuillard qui l'immortalisa à plusieurs reprises.

Au 17 de la rue de Vintimille, une porte verte signale l'entrée de l'immeuble où - en 1856 -  Berlioz vécut quelques mois avec Marie Recio. Cette jeune cantatrice de onze ans sa cadette miaulait comme deux douzaines de chats selon les propres termes du musicien. Véritable mégère, sa possessivité étouffera vite Hector qui pourtant l'épousera ... Comme quoi, l'amour ; chat ne s'explique pas.

Place Vintimille, 1911 - E. Vuillard - National Gallery of Art, Washington

Anecdote à retrouver en suivant l'un des circuits du livret n°5 des Promenades parisiennes. Où trouver ce livret ?  Sur les étagères de l'Esperluète, à Chartres (commande en ligne possible) et sur le site ART'Hist.

Place_vintimille_1998.47.1-5 (2)


Points de vue

358016310_5714385351995362_4123147088744016070_n

Depuis des millénaires, la mémoire des populations aborigènes d’Australie se transmet grâce aux peintures et aux songlines ou « chants de piste », ces savoirs ancestraux acquis par les aînés. Bien plus que des récits légendaires, ces songlines représentent à la fois une voie spirituelle et l’instrument qui permet de nommer, de localiser les sites importants où trouver l’eau et la nourriture, essentiels à la survie dans le désert, et de s’en souvenir.   

Mais l’artiste ne dessine pas le paysage, il le décrit ou plus exactement il raconte sa formation et ses transformations par les Ancêtres. Les Aborigènes recouvraient le sol de pointillés réalisés avec des pigments naturels (craie, argile, charbon de bois, ocres) et disposés à l'aide d'un bâtonnet. C'est cette pratique qui est à l'origine de la peinture aborigène contemporaine - souvent qualifiée de pointilliste - née dans les années 1970 à l'instigation de certains Occidentaux. 

Peinture exposée à Paris, au musée du Quai Branly, lors de l'exposition Songlines en 2023 (détail ci-dessus). Cette œuvre sera commentée lors du cycle Tout connaître de Paris saison 2023-2024  

358099788_5714386081995289_4537578339165674903_n