Previous month:
mai 2022
Next month:
juillet 2022

Effets de manche en la cathédrale Notre-Dame de Chartres

289550175_4611685338932041_3675181148440039603_n - Copie
Étroitement lié à l'individu, le costume constitue un marqueur essentiel de la condition humaine et peut offrir une approche originale au visiteur hermétique à l'iconographie religieuse. Pour cela, il suffit de lever les yeux vers la dentelle sculptée couronnant la clôture du chœur et les petites figures qui l'habitent.

Mains glissées dans sa ceinture, ce personnage un peu rond porte une tenue révélatrice des évolutions vestimentaires de la fin du Moyen-Âge. Sobre par sa longueur, son costume adopte néanmoins quelques nouveautés ; un habit de dessus très ajusté et boutonné qui succède à l'ample surcot médiéval ainsi qu'une coiffe au bord découpé. Mais les éléments les plus emblématiques sont ses manches ; closes, c'est-à-dire rétrécies au poignet, elles ont été soigneusement plissées et segmentées en plusieurs parties dont la dernière, amovible, pend à l'extrémité du bras. Cet usage permettait de modifier son allure à moindre coût.

Avec un peu d'imagination, on peut penser que ce bourgeois à l'allure débonnaire attend peut-être l'âme sœur pour échanger leurs manches, pratique considérée alors comme gage de fidélité amoureuse.  

Présentation détaillée de la clôture restaurée, jeudi 23 juin, en salle ART'Hist et dans la cathédrale. Conférence en salle ART'Hist de 10h à midi. Pause gourmande dans la matinée et remise d'un résumé. (Déjeuner libre de midi à 14h). La présentation se poursuivra dans la cathédrale de 14h à 15h.


Le monsieur de chez Maxim's

Image_sem_georges_goursat_dit_album_rouge_fin_de_soiree_chez_maxims_g.2066517_323777
Gourmet bien que peu vorace, Proust affectionne les restaurants. Le choix de prendre ses repas à l’extérieur lui offre plusieurs avantages : il évite ainsi les odeurs incommodantes dans son appartement et sa table constitue un poste d’observation idéal qui lui permet de s’installer pour de longues soirées. En août 1901, il écrit à sa mère à ce propos : « c’est mon Evian, mon déplacement, ma villégiature à moi qui n’en ai pas. »

Au début du 20e siècle, alors que le restaurant Maxim’s devient un lieu de plaisirs dont la notoriété dépasse les frontières, Marcel Proust y retrouve son ami le compositeur Reynaldo Hahn et s'inscrit ainsi dans la longue liste des célébrités qui firent la réputation du lieu. En 1905, le Guide des Plaisirs de Paris indique : « Très couru à l’heure de l’apéritif, mais surtout après les théâtres ; la haute noce y soupe volontiers ».

On y croise une clientèle originale comme les célèbres cocottes Liane de Pougy et la belle Otéro ou encore Maurice Bertrand, un habitué connu pour ses frasques et surnommé le « champagnographe ». Le caricaturiste Sem qui observa la société mondaine de 1900 à 1914, le montre debout sur la table, dansant avec d'autres convives éméchés au rythme de l’un de ces orchestres tziganes alors très appréciés à Paris.

Une anecdote à retrouver lors la visite guidée "Proust et Paris" programmée jeudi 16 juin ou dans le dernier livret des Promenades parisiennes ART'Hist. 

Fin de soirée chez Maxim’s - Georges Goursat dit Sem - Paris Musées Collections. 


Une belle inconnue

287625173_4590472951053280_1079599902454960311_n
Clap de fin sur un week-end ensoleillé passé à l'ombre des jeunes filles en fleurs, et une jolie rencontre : cette belle inconnue regardant s'éloigner un bateau que l'on devine à son panache de fumée.

Portrait énigmatique daté de 1890, il porte le titre de Farawell ; ce qui signifie Adieu en vieil anglais. Son auteur, Vittorio-Matteo Corcos, peintre italien installé à Paris à la fin du 19e siècle, est l'auteur de nombreux portraits de femmes élégamment vêtues.
Ce tableau est exposé dans les salles du musée récemment ouvert à Cabourg : La Villa du Temps Retrouvé.
Prochain rendez-vous avec Marcel Proust, jeudi 16 juin à Paris

ÊTRE et PARAITRE

287083945_4581373168629925_3355715898636600229_n
La poétesse Anna de Noailles et Marcel Proust partagèrent un même intérêt pour les raffinements de l'écriture et du paraître. Madeleine Lemaire, autre amie de l'écrivain, salonnière célèbre et artiste peintre, réalisa ce beau portrait de la femme de lettres en 1914. Témoignage précieux de l'évolution de la mode féminine, il reflète la situation sociale de son modèle ; accentuant ici une caractéristique particulièrement prisée de l'époque, l'élégance. 

Vers 1910, la silhouette féminine s'allège ; la taille se marque de moins en moins avec l'abandon du corset. La jupe tombe droite et s'écarte du sol, révélant chevilles et souliers. Mais cette mode dite "entravée" se révèle incommode pour la démarche et provoque le raccourcissement progressif de la jupe. La chaussure de jour est généralement fermée et montante en hiver, en revanche le soulier du soir est décolleté. Les coiffes de l'époque connaissent la vogue des plumes d'autruches dites amazones ou encore pleureuses lorsque chaque brin est allongé par un second brin minutieusement collé.                                                                                                   

Les femmes règnent alors sur la vie mondaine qui succède à la vie de cour. Et dans les salons comme à l'Opéra, il s'agit moins de voir que d'être vue. Bien que contemporain de la photographie, le portrait peint conquiert encore les cercles les plus brillants ; accessoire indispensable au décor de ce monde souvent oisif, consumé dans un art permanent de la représentation. Portrait présumé d'Anna de Noailles - 1914 - Madeleine Lemaire - actuellement exposé à La Villa du Temps retrouvé à Cabourg. 

Retrouvez Madeleine Lemaire et Marcel Proust lors de la visite guidée du jeudi 16 juin à Paris : billetterie en ligne

 


Rendre à Boudin le Monet de sa pièce

MB
Découvert à Giverny après la mort de Claude Monet, ce tableau représentant l'église honfleuraise Ste-Catherine avait été déposé par Michel Monet - fils cadet du peintre impressionniste - en 1964, au musée de la petite ville normande.
Convaincu que l'œuvre datait "de la période Boudin" de son père (les années 1860), il a probablement apposé l'estampille du célèbre impressionniste en toute bonne foi. Mais une lettre de Boudin écrite en 1897 à son frère pour lui dire qu'il logeait à l'hôtel du Dauphin, face à l'église Sainte-Catherine et qu'il peignait, a confirmé l'erreur d'attribution.
 
"On nous a dit que Boudin était un petit maître, un sous-impressionniste. Pourtant, si pendant des années, tout le monde a pu prendre un tableau de Boudin pour un Monet, c'est bien la preuve que c'est un grand peintre!", selon Philippe Manoeuvre, auteur de plusieurs ouvrages sur le peintre Eugène Boudin.
Un tableau rendu à son auteur et qui trône désormais en bonne place dans une pièce du musée qui réunit Boudin et Monet. 
 
Une histoire et une curieuse église à découvrir lors de la conférence "Honfleur et la côte normande, des vikings aux impressionnistes", mercredi 8 juin.

Une menace prise au sérieux

Petit format
Voisine de l'Hôtel de ville de Paris, l'église St-Gervais-St-Protais abrite un christ sculpté qui ne fut installé qu'avec réticence au 19e siècle. Œuvre poignante d'Auguste Préault(1809-1879), cette crucifixion frappe par la souffrance très réaliste qu'exprime le supplicié. 

Artiste longtemps rejeté par les tenants de l'art officiel, à la carrière émaillée de scandales, Préault fut un fervent soutien de Victor Hugo lors de la fameuse bataille d'Hernani. Jugé étrange, son christ sera refusé par plusieurs paroisses avant d'aboutir en ces lieux. Exaspéré par les précédents refus, Préault aurait alors menacé le curé qui se mourait, lui promettant de se faire "mahométan" s'il n'acceptait pas son œuvre. 

Une œuvre à découvrir jeudi 2 juin, au cours des visites guidées consacrées à Victor Hugo (visite du musée Victor Hugo, place des Vosges et visite de quartier). Informations et réservations