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GAUGUIN, SANS PEUR ET SANS REPROCHE

Extrait d'une lettre de Gauguin à sa femme, Mette. Mars 1892.

(...) Car je suis un artiste et tu as raison, tu n'es pas folle, je suis un grand artiste et je le sais. (...) Tu me dis que j'ai tort de rester éloigné du centre artistique. 25 Monstruosités  1890 91
 
Non, j'ai raison, je sais depuis longtemps ce que je fais et pourquoi je le fais. Mon centre artistique est dans mon cerveau et pas ailleurs et je suis fort parce que je ne suis jamais dérouté par les autres et que je fais ce qui est en moi.

Beethoven était sourd et aveugle, il était isolé de tout, aussi ses oeuvres sentent l'artiste vivant sur sa planète à lui. Vois ce qui est arrivé à Pissarro à force de vouloir toujours être en avant, au courant de tout, il a perdu toute espèce de personnalité et son oeuvre entière manque d'unité. Il suit toujours le mouvement depuis Courbet, Millet, jusqu'à des petits jeunes gens chimistes qui accumulent des petits points. (Gauguin fait référence à l'intéret de Pissarro pour le pointillisme de Seurat)

(...) Je crois faire mon devoir et fort de cela, je n'accepte aucun conseil, aucun reproche.

Autoportrait au Christ jaune - vers 1891 - Musée d'Orsay

Sujet développé lors de la soirée "Gauguin" au Grand Monarque, à Chartres, le 1er décembre 2017. Conférence suivie d'un dîner. 


PASSIONS LITTÉRAIRES ET PICTURALES

Edouard Manet
En littérature comme en peinture, les naturalistes de la fin du 19e siècle ont largement usé de la prostitution pour exprimer la"vérité en art". Cette manière de dépeindre les bas-fonds de la société en pointant ses travers, servait aussi l'audace des auteurs, peintres comme écrivains. 

1880 sera particulièrement prolixe avec la parution de Nana de Zola et trois nouvelles de Maupassant dont Boule de Suif. A cette occasion, la presse bien-pensante qualifie l'année de pornographique. C'est le début d'un âge d'or pour les "romans de filles". 

Zola fait du personnage de Nana un sujet expérimental qui dévoile les ressorts du demi-monde parisien et la prostitution comme sujet littéraire sert de prétexte à une véritable analyse sociale. Car son héroïne incarne le Second Empire : la mort de Nana rongée par la petite vérole coïncide avec la chute du régime honni.

(Nana - Edouard Manet - 1877 - Hambourg.)

Sujet développé mardi 21 et mercredi 22 novembre 2017 - Cycle Tout connaître de Paris. 


BANQUET FUNÉRAIRE CHEZ LES ETRUSQUES

Le bras passé derrière le dos de sa compagne, l'homme se veut protecteur. Un même sourire rêveur flotte sur leurs lèvres. Ils ont partagé cette vie içi-bas, ils attendent sans crainte l'entrée dans l'autre monde.

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Sarcophage des époux - 530-510 av. J.C. - Musée du Louvre - terre-cuite - longueur: 1,94m.

Découvert en 1846 par le marquis de Campana, ce sarcophage de terre-cuite gisait, brisé en plusieurs morceaux dans une tombe à tumulus de la cité-état de Caéré au nord-ouest de Rome. Le caractère exceptionnel de l'oeuvre (un seul autre exemplaire du même type est conservé au Musée de la Villa Giulia à Rome) indique que les défunts appartenaient aux classes supérieures de la société étrusque. Enrichis par leurs activités économiques et maritimes, les plus aisés adoptèrent un mode de vie raffiné.

La main et le flacon ont disparu mais la position du bras droit de la femme indique qu'elle s'apprête à verser quelques gouttes de parfum sur la paume de son époux. Comme le banquet auquel ils participent (la coutume de festoyer à demi allongé sur un lit était traditionnelle), l'offrande du parfum et du vin appartient au rituel funéraire étrusque.

Cette figuration  - le banquet couché représenté sur un sarcophage - n'est pas une invention de l'artiste étrusque. Ce sont les cités grecques ioniennes établies sur la côte de l'Asie Mineure, l'actuelle Turquie, qui transmirent à la Grèce occidentale et à l'Etrurie la coutume de festoyer allongé.

Sujet du Cycle Approches, présenté mardi 6 novembre 2017.