Previous month:
janvier 2011
Next month:
avril 2011

VOL AVEC JUSTIFICATION

Qu'y-a-t'il de commun entre Bonaparte et l'ouvrier Perrugia ? La volonté de rendre service à sa patrie peut-être.

En 1796, lorsque Bonaparte prélève les carnets de Léonard dans les collections de la Bibliothèque ambroisienne de Milan, il impose à la Lombardie un tribut de guerre. Plusieurs délégués - dont le mathématicien Monge - sont chargés d'effectuer une sélection d'oeuvres scientifiques et artistiques. Au-delà du geste militaire, le but est d'offrir aux savants français une matière exceptionnelle et leur permettre ainsi d'enrichir le savoir national.

220 Le vol de la Joconde vu par la presse italienne
En 1911 Perrugia se trouve aussi des excuses après avoir volé la Joconde ; rendre à sa patrie un bien italien devenu le symbole incontournable de l'art occidental. Après tout il n'avait pas tout à fait tort.

Vol avec justification par Bonaparte ou reprise avec effraction de Perrugia ? 

Tout est question d'interprétation..... 

 

De tout, un peu :  Les douze carnets de Léonard de Vinci conservés à la bibliothèque de l'Institut.

Les dessins découverts au dos d'une peinture du Louvre en septembre 2008.

 Cours d'histoire de l'art ART'Hist - Cycle " Tout connaitre du Louvre " . Deux séances sur l'oeuvre de Léonard de Vinci en mars 2011.  


LA FOLIE AUX PORTES DU GÉNIE

Certains parlent, d'autres préfèrent peindre ou modeler.

La création artistique est une forme d'expression parmi d'autres; un lien physique tissé vers la société. Mais pour quelques artistes cet échange semble parfois difficile à ordonner. Le créateur butte, en proie à une imagination si fertile et si débridée qu'elle semble friser avec la démence. Ainsi Camille Claudel qui, avant d'atteindre les frontières de la folie, déploya l'étendue de son talent en inventant des images au fort contenu symbolique comme L'âge mûr

Plus d'un siècle avant Mademoiselle Claudel, un homme avait lui aussi exprimé les tourments de son âme dans des créations plastiques extraordinaires. Drôle de caractère ! Franz Xaver Messerschmidt, portraitiste reconnu fut écarté de la cour viennoise pour cause de troubles mentaux. Animé, comme Camille, d'un délire de persécution, il ressentit douloureusement le tort qui lui était fait. Conscient de son état et cherchant un moyen de combattre les fantômes qui le hantaient, il fit de son métier un exutoire au mal, reproduisant inlassablement les mimiques grimaçantes de son visage sous l'emprise de l'angoisse.  

Rictus sardonique, moue désabusée, bouche béante ou cadenassée par une bande, une cinquantaine de têtes virent le jour sous les doigts fébriles de Messerschmidt entre 1771 et 1783. 

Quelle que soit l'interprétation de ces têtes d'expression, elles s'inscrivent clairement dans le débat qui tente de justifier le génie et son moteur ; l'inspiration. A la fin du 18e siècle et au siècle suivantplusieurs scientifiques et pseudo-scientifiques tenteront d'associer les maladies de l'âme aux manifestations éclatantes de certains génies artistiques. 

Car Diderot l'écrivait déjà : "(...) le génie et la folie se touchent bien près !"

Visite commentée de l'exposition du Musée du Louvre : jeudi 17 mars 2011 à 11h30. Voir la rubrique Visites guidées.

 


MÉLANGE DES GENRES A L’OPÉRA GARNIER

De l'or à profusion, des marbres à foison, un rouge impérial pour de confortables loges et ..... 3500 lampes à gaz ! Navlet - Musée d'Orsay Escalier de l'Opéra à Paris

En cette fin de 19e siècle le nouvel opéra de Garnier offre un écrin somptueux à l'élégante société parisienne qui - dès son inauguration - fait du lieu le dernier endroit à la mode. Mais le décor ne se limite pas à la scène.

Au Palais Garnier, les spectateurs se font acteurs, Paris se donne en spectacle.

Ainsi dès leur entrée, les abonnés peuvent ajuster leur tenue grâce à deux miroirs placés face à face avant d'entrer "en scène" en gravissant les marches du grand escalier. Ne dit-on pas d'ailleurs que la couleur rouge fut adoptée dans la salle car les reflets produits donnaient ainsi plus de jeunesse et d'éclat aux blanches épaules des spectatrices.  

Puis le rideau tombe. Les grandes portes se referment. Et dans l'obscurité naissante une ombre se profile. Un fantôme parmi d'autres. Car l'Opéra est propice à la naissance des légendes, vivantes ou littéraires.

Comme cette nappe d'eau mystérieuse décrite par Gaston Leroux: un bassin conçu par Garnier pour permettre aux structures de l'édifice de résister à la puissance des eaux d'infiltration. Ou encore l'écho de ces voix endormies dans les sous-sols depuis 1907 ...