"Libertinage, scandale, spectacle indécent et contraire aux bonnes mœurs...." Ces mots extraits d'une ordonnance de police du 14 août 1777 témoignent des embarras causés par les baigneurs parisiens à la fin de l'Ancien Régime.
Prendre un bain dans la Seine était alors l'une des seules façons de se laver et les jeunes gens affectionnaient particulièrement ces baignades sauvages, moments de plaisir et de liberté. Un choix contraire aux règles de la morale - plusieurs d'entre eux se baignent nus - et peu recommandé pour des raisons sanitaires car c'est aussi dans les eaux du fleuve que sont rejetés les déchets des teinturiers, des tripiers, des égouts et de l'Hôtel-Dieu.
Baignade près du Pont-Neuf vers 1860 - Théophile Meunier - Musée Carnavalet. Dès le 18è siècle, des bateaux de bains sont aménagés sur le fleuve. Implantés sous la statue d'Henri IV, les bains Vigier accueillent ceux qui peuvent s'offrir le luxe d'un bain chaud, en toute intimité : «C'est là que le paisible bourgeois s'enfonce douillettement dans les profondeurs de sa baignoire... il a su s'entourer de toutes les sensualités qui lui sont chères: sa montre, son thermomètre, le mouchoir, la tabatière, les bésicles bien affermies sur le nez et, sous ses yeux, son livre bien aimé, voilà ses délices. Il fait et refait son bain, le gradue avec art...» (Briffot, Paris dans l'eau, 1844).
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