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Artistes voyageurs

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Au 19e siècle de nombreux artistes, peintres ou écrivains, empruntent la route des Alpes en quête d’inspiration. Ces artistes-voyageurs cherchent alors le plus souvent à rendre sensibles la majesté de la montagne et les sentiments variés qu’elle suscite.

De chacune de ses escapades Victor Hugo rapporte dessins, peintures et notes. Observateur pertinent, tour à tour amusant, grave ou futile, Hugo apporte sa pierre au genre littéraire du récit de voyage. En 1839, il décrit Zug et son petit lac "qui est un des plus beaux de la Suisse".

Dans les années 1840, Turner - "magicien qui commande aux esprits de la Terre, de l’Air, du Feu et de l’Eau" - exécute une aquarelle lumineuse du site de Zug d’après des croquis esquissés au cours d’un long séjour dans les Alpes suisses. L'expérience acquise lors de ses voyages accentuera durablement le traitement déjà intense de la lumière et de la couleur pratiqué par ce maître du paysage.

Témoins privilégiés de l'ouverture des Alpes aux premiers touristes, Hugo et Turner ont alimenté les deux grands courants esthétiques du pittoresque et du sublime qui animent l'art romantique. 

Le lac de Zug - Joseph Mallord William Turner,1775–1851 -  Metropolitan Museum of Art, NY, US


Mise en lumière

S Gaudin 2 St G St Protais
 
Parfois négligées, les églises offrent pourtant aux touristes en mal de visites une bonne raison de découvrir un riche patrimoine qui ne se limite pas à l'art ancien. 
C'est le cas de l'église Saint-Gervais-Saint-Protais cachée derrière l'Hôtel de ville de Paris. Bien que violemment touchée par un obus pendant la guerre 14-18, cet édifice a non seulement conservé une partie de ses vitraux du XVIe siècle mais s'enorgueillit aussi d'un ensemble de verrières modernes qui constitue la plus grande surface de vitraux contemporains dans une église parisienne.
 
Lignes fluides, flammes colorées soulignées de grisaille s'accordent avec l'esprit du gothique tardif qui caractérise la nef.
C'est aussi l'un des derniers chantiers exécutés par Sylvie Gaudin, disparue en 1994 et avec laquelle s'est éteinte une lignée de maîtres-verriers.
 
Vitrail de la Crucifixion par Sylvie Gaudin «Tout est accompli» - Seconde moitié du XXe siècle - Chapelle Le Tellier, baie 10.
Cette église figure sur le tracé du circuit "Paris. Sous l'œil et la plume de Victor Hugo". 8e livret des Promenades parisiennes à paraître (printemps 2021). 

Une tête en or

Carmen_gaudin_ 1885 NGA W oa huile sur bois
Toulouse-Lautrec aimait les femmes. Carmen Gaudin le passionna.


Croisée dans la rue, cette ouvrière à la chevelure rousse devient l'un de ses modèles favoris et lui inspire une quinzaine de toiles et dessins. Au printemps 1884, il écrit à sa mère "Je peins une femme qui a la tête en or absolument".
Naturelle, souvent grave, Lautrec cherche à la représenter dans des postures sans artifice.

Après tout - lui que la Nature a si mal doté le sait bien - les apparences peuvent être trompeuses. Carmen dont il disait avant de bien la connaître "ce qu'elle a l'air carne !" et qu'il imaginait en garce redoutable, se révèlera d'une grande douceur. Et Lautrec sera bien surpris quand il apprendra que son amant la battait comme plâtre.

La modernité de Toulouse-Lautrec s’est exprimée par cette sensibilité à l’humain. Grand peintre de femmes, il ne pouvait que les aimer pour si bien les représenter.

Carmen Gaudin - 1885 - NGA, Washington, US


Lautrec amoureux

Met Mus of art OA

« Lautrec s’est épris de beaucoup de ses modèles. Pour ne pas dire qu’il ne les prenait que parmi les femmes dont il s’était épris. » Thadée Natanson  

Cette phrase de l’un des proches du peintre Toulouse-Lautrec révèle le lien qui unissait l’artiste aux femmes, sujet majeur qui rythme chaque étape de sa carrière.

Simples ouvrières, vedettes de la scène parisienne, ombres des maisons closes, amies ou amantes, son approche des sujets féminins  est à la fois intense et fascinante.

La modernité de Toulouse-Lautrec s’est exprimée par cette sensibilité à l’humain que traduit une ligne audacieuse. Grand peintre de femmes, il ne pouvait que les aimer pour si bien les représenter.

Lithographie "Divan japonais" - 1893 - Metropolitan Museum of Art, NY


Amour rossé

Amour châtié B Mandredi AI Chicago
L'amour est aveugle et imprudent, il nous lie ou nous entrave provoquant des sentiments parfois extrêmes. Cupidon l'apprend à ses dépens, rossé par Mars, dieu de la Guerre, échaudé par les ennuis que provoquent sa liaison avec l'épouse de Vulcain.

La mise en scène triviale est directement influencée par l’art de Caravage. Comme ce dernier, le peintre Bartolomeo Manfredi (1582-1622) se livre à une observation minutieuse du réel qui renvoie les dieux à de simples mortels. Mais au-delà d'une simple représentation de troubles domestiques, la scène symbolise également l'éternel conflit entre l'amour et la guerre.

L'Amour châtié - 1613 - Bartolomeo Manfredi - Art Institute of Chicago


Soleils de la Chandeleur

Arthur Dove

Sensible aux énergies dégagées par cet astre, le peintre américain Arthur Dove (1880-1946) simplifie son sujet en quête d'une force spirituelle qui le mène parfois aux frontières de l'abstraction.

En ce 2 février, fête chrétienne célébrant la Présentation de Jésus au Temple, fête des chandelles et de la lumière, le disque solaire entame une longue ascension dans le ciel de notre hémisphère nord.

Jour de gourmandise aussi, car les crêpes sont de retour, souvenir des galettes que confectionnait la Rome antique pour fêter la croissance des jours lors des Lupercales.

Alors, armés de pinceaux ou d'une poêle, faisons virevolter nos soleils gourmands et odorants.
Joyeuse Chandeleur à tous !

Soleil sur le lac, 1938, MFA Boston