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PETITS PETONS DE ROI LION

Ce n'est un secret pour personne : l'enfant chinois est roi en sa famille. La situation actuelle des jeunes générations chinoises - contraintes de respecter la règle de l'enfant unique - justifie donc l'attitude très protectrice des parents à leur égard. Mais l'exposition du Musée Guimet "Costumes d'enfants - Miroir des grands " nous apprend que les chinois ont accordé un intéret précoce à la santé de leur progéniture.

Qian Yi qui vécut entre 1032 et 1113, est généralement considéré comme le père fondateur de la pédiatrie dans ce pays. Bien que les connaissances médicales n'aient cessé de s'améliorer, on constate pourtant que le taux de mortalité resta très élevé jusqu'au milieu du XXe siècle; une situation paradoxale certainement liée à de mauvaises conditions d'hygiène et à l'absence de vaccins appropriés.

Tandis que la médecine se penchait sur la protection du corps des enfants, les pratiques populaires se préoccupèrent du sort de l'âme des petits. Jugée instable, cette âme fragile était considérée responsable de leur vulnérabilité face à la maladie et à toute autre cause de décès prématuré.

Cette croyance fit attribuer un rôle prophylactique - c'est-à-dire protecteur - aux différentes pièces du costume d'enfant. Protégeant le corps nu contre lesChaussures d'enfant à tête de lion  Chine XXe siècle  éléments naturels, vêtements, coiffes et chaussures sont donc désormais investis d'un pouvoir de protection supplémentaire contre les menaces invisibles, ceux des esprits malveillants ou des fantômes des morts insatisfaits. Afin de les effrayer - car ils ont peur du bruit - des clochettes et des grelots sont dissimulés sur les chapeaux et les chaussures des jeunes enfants. Et comme les gui (les fantômes) ont également peur des tigres et des chats, l'extrémité des chaussures devient prétexte à de candides versions léonines, plus attendrissantes qu'effrayantes ....

Visite guidée de l'exposition " Costumes d'enfants - Miroir des grands "  Jeudi 9 décembre au Musée Guimet.

Voir les détails pratiques dans la rubrique Visites guidées.

 


LE CINEMA DE MONSIEUR GEROME

Impitoyable, le gladiateur écrase de son pied la gorge du malheureux qui gît sur le sable de l'arène.

Pollice verso - 1872 - Phoenix Art Museum
Devant lui, les spectateurs brandissent leurs pouces renversés en un geste homicide qui nous est désormais familier car souvent reproduit au cinéma. Partagé entre l'horreur du crime imminent et le faste du décor, le visiteur comprend mieux ce qui fit la gloire de Jean-Léon Gérôme, peintre vedette des salons officiels de la fin du 19e siècle.

 L'un de ses talents fut de composer des images qui semblaient reproduire avec exactitude des réalités ...parfois ...fantasmées. Usant - et abusant - de la critique générale qui le désignait comme "peintre ethnographe"  " rendant simplement ce qu'il voyait", Gérôme combina de nombreuses sources d'inspiration et fabriqua des oeuvres poétiques parfois très éloignées de la réalité. Ce sens de la mise en scène spectaculaire trouva aussi son public grâce à ses liens avec la photographie. Gendre de Goupil - fondateur d'une maison spécialisée dans le commerce des oeuvres d'art - Gérome bénéficia d'une reconnaissance rapide de ses peintures auprès d'un large public grâce à la gravure et à la photographie.

Détail de Pollice verso   Cette diffusion de son oeuvre explique en partie, le vif intéret qu'il suscita en Amérique. Décorateur, scénographe, passionné d'archéologie, l'artiste 
sut parfaitement séduire par un mélange de sensibilité et de férocité qui anticipe sur les péplums à venir du septième art.

Visite guidée de l'exposition du Musée d'Orsay " Jean-Léon Gérôme, l'histoire en spectacle " : jeudi 25 novembre et samedi 27 novembre.

Détails pratiques dans la rubrique Visites guidées.


UN VERRE DE TROP

Atahualpa avait pourtant respecté la coutume enseignée par ses ancêtres en offrant aux étrangers la chicha - une bière de maïs - dans de magnifiques gobelets d'or.

 Or,chrysocole. Gobelets conservés à Lima -Fondation. Gallo

Car la coutume inca veut qu'avant toute négociation, le 
partenaire le plus puissant offre cette boisson. La refuser était déjà une sorte d'affront et les conquistadores durent donc céder devant l'insistance des incas. Mais les choses se compliquèrent lorsqu'en retour, Pizzaro fit remettre à l'empereur, fils du Soleil, une Bible. Ce dernier se saisit du livre, l'approcha de son oreille et ... le jeta à terre car il ne produisait aucun son susceptible de transmettre le message divin attendu ! Ce geste impie déclencha la colère de Pizzaro et s'ensuivit une terrible confusion.

Bel exemple d'incompréhension mutuelle: on connait la fin de l'histoire qui fut tragique pour le peuple inca.

L'exposition de la Pinacothèque présente un grand nombre de ces gobelets à caractère rituel. Des plus simples, en bois, aux plus somptueux en or, ils sont généralement associés par paires car la réciprocité était une donnée essentielle de la culture andine. Rendre une faveur créait des liens. En offrant la Bible en échange du verre, ce sont des liens de sang que créèrent les espagnols.

Cliquez sur ce lien pour en savoir plus sur les objets en or de l'exposition

 Exposition "L'Or des Incas - Pinacothèque de Paris jusqu'au 6 février 2011.