POLITIQUEMENT INCORRECT
Gosier grand ouvert afin d'avaler un jet continu de vin, le garçonnet expose avec impudeur sa bedaine. Deux salles plus loin, onze abricots charnus rosissent de plaisir, leurs globes délicatement offerts sur une coupe de faïence.
Dans son catalogue, le musée Jacquemart-André promet pour son exposition de la rentrée une vision "inédite" de deux mouvements artistiques majeurs du 17es. Le défi parait difficile à relever au vu des multiples expositions qui ont déjà abordé ce sujet, celui de la place tenue par le baroque et le classicisme.
Mais l'innovation n'est pas toujours là où on l'attend. Car en y regardant bien, on constate qu'une certaine licence règne sur les sujets de ce siècle. une liberté de ton que n'autorisent plus nos codes moraux et commerciaux. Et pour cause ....
Un enfant ivre. Bacchus, il est vrai. Cependant nous le savons tous, l'ivresse ne doit pas et ne peut être perçue comme règle de vie pour notre progéniture.
Mais il y a pire ! Revenons vers nos abricots et calculons. Onze abricots juteux en admettant qu'un bel abricot pèse en moyenne 65 ou 70 grammes, je multiplie ... par ... je retiens, j'ajoute ..... et j'obtiens grosso modo un kilo dans cette coupe en comptant les fruits cachés. Après ce savant calcul, je retrouve au fond de mon panier les facturettes de l'été mentionnant le prix des abricots achetés. Puis je compare avec le prix du billet d'entrée de l'exposition.
Et bien, oui Madame, moi des abricots, aujourd'hui, à ce prix-là, je vous le dis: courez vite les acheter, vous n'en reverrez plus de si beaux sur nos marchés.
Exposition "Rubens, Poussin et les peintres du 17e siècle" - Musée Jacquemart-André jusqu'au 24 janvier 2011.
Lire l'article du Musée du Louvre à propos d'un autre tableau de Lubin Baugin, le peintre de cette coupe d'abricots.
Voir la vidéo filmée dans les salles de l'exposition par le JDD