LES BRAS MAIGRES DE LA VEUVE
Elle attend le visiteur, tapie au fond de la salle et voilée de noir comme il sied à celle que l'on surnommait la Veuve.
La guillotine dresse à nouveau "ses bras maigres" au coeur de Paris, mise en scène par la volonté de celui qui fut aussi son plus ardent adversaire, Robert Badinter.
Presque trente ans après son abolition, la peine de mort revient en France mais sous couvert d'une exposition qui parcourt un chemin encore peu étudié par les historiens: l'expression artistique du crime et de son châtiment. Instrument d'une mort égalitaire, la guillotine sectionna des milliers de têtes et simplifia ainsi ce que Michel Foucault nommait "l'éclat des supplices".
Mais on constate alors que la tête coupée devient un motif obsédant qui accompagne nombre de créateurs à la fin du 19e siècle. Chez Gustave Moreau; le poète Orphée dont la tête dépecée est jetée dans les flots de l'Hèbre et recueilli par une jeune fille. Ou encore cette figure d'une femme faisant de ses cheveux un linceul pour la tête d'André Chénier, poète fauché par la guillotine révolutionnaire. D'un monde à l'autre, des bras noirs de la veuve aux bras blancs de la vierge.
Exposition "Crime et châtiment" au Musée d'Orsay jusqu'au 27 juin 2010