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mars 2025

Pulsion et répulsion

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"Le corps est un moulage où s'impriment les passions " dit Rodin. Sujet inépuisable chez le sculpteur de la Porte de l'Enfer, le thème du couple formé par ce satyre et cette nymphe, lui permet à nouveau d'exprimer l'effervescence intérieure de ses modèles à travers les postures et dans l'expression du visage féminin. Retenue fermement par le satyre, la nymphe qui tente de se soustraire à son emprise, laisse libre cours à son effroi et à sa colère. L'effet produit - entre sensualité et violence - fut à l’origine du succès de l’œuvre, l’une des créations de Rodin les plus appréciées de ses contemporains.

Le groupe sera rebaptisé Minotaure en 1899 bien que le personnage masculin ne ressemble pas au monstre crétois affublé d’une tête de taureau. Mais la posture des deux personnages fait allusion au mythe du prisonnier du labyrinthe auquel sont offerts, tous les neuf ans, quatorze adolescents en sacrifice. Significative de la violence attachée à cette figure effrayante de la mythologie, c’est bien l’appellation qui va prédominer par la suite.

Réalisé en 1886, trois ans après sa rencontre avec Camille Claudel, devenue rapidement collaboratrice, muse et maîtresse de l'artiste, ce groupe peut aussi s'appréhender comme la représentation métaphorique de sa relation passionnelle avec la jeune femme.

Minotaure - Auguste Rodin. Visible jusqu'au 4 août dans l'exposition du musée des Beaux-arts de Chartres "Labyrinthes" et présenté lors des prochaines visites guidées.


Crocodile rock à l'ombre des pyramides

Table offrandes Egypte
Dans les tombes égyptiennes, les tables d'offrandes étaient posées à même le sol, devant la fausse porte de la tombe ou dehors, près de l'entrée. Elles servaient - en vrai ou magiquement - aux rites d'offrande du mort : on y déposait les libations ou de la nourriture. Emprunté à l'iconographie du labyrinthe, le décor central de cette table de pierre présente un crocodile encadré par des fleurs, des grenouilles et des oiseaux.

Il évoque le dieu-crocodile Sobek, l'un des symboles du Nil. La présence des crocodiles dans le fleuve et dans son delta était un signe agricole favorable annonçant les prochaines crues et donc la fertilité de la terre et des récoltes. C'est pour cette raison que le crocodile occupe une place sacrée dans la cosmogonie de l’Égypte antique. Son culte se concentrait tout particulièrement dans le Fayoum où la cité de Crocodilopolis était consacrée au dieu Sobek. Des nécropoles à crocodiles momifiés et embaumés y étaient érigées.

Le pharaon Amenemhat III (18e siècle avt notre ère) fit ériger dans cette région un temple funéraire décrit comme un labyrinthe abritant des crocodiles sacrés. Hérodote, venu sur place, aurait dit : « J’ai vu le labyrinthe et je l’ai trouvé plus grand encore que de sa renommée. Le labyrinthe surpasse même les pyramides ». 

Table d'offrande en labyrinthe, -332 / 395 (?), époque ptolémaïque ou époque romaine, musée du Louvre. Visible jusqu'au 4 août dans l'exposition du musée des Beaux-arts de Chartres "Labyrinthes"