Lectures silencieuses
Bien que munie du plumeau qui sert à épousseter les objets fragiles, cette charmante femme de chambre semble totalement absorbée par le roman emprunté à sa maitresse.
William McGregor Paxton, comme ses collègues de la Boston School, connut un certain succès au début du 20e siècle avec ce thème traité à plusieurs reprises : un intérieur raffiné où évolue une jeune femme aussi décorative que les objets qui l’entourent.
À l’exception de la boîte de papeterie ouverte à l’extrême gauche, la plupart des objets représentés proviennent d'Extrême-Orient : un pot à couvercle chinois blanc, un récipient, une figure en porcelaine et un pot en porcelaine bleue et blanche de la dynastie Qing. Tous rappellent la longue histoire commerciale liant la Nouvelle-Angleterre à l’Asie.
Au tournant du siècle, le sujet de la lecture et la juxtaposition d’objets asiatiques avec une ravissante personne constituaient un motif typique de la peinture américaine. Mais chez Paxton, il s'agit plus souvent d'une dame de la bourgeoisie que d'une domestique.
Paxton admirait beaucoup la peinture de Johannes Vermeer et la composition de son tableau The House Maid présente de nombreuses similitudes avec une œuvre du maître hollandais conservée à Dresde La liseuse à la fenêtre qui offre le même sentiment d’absorption silencieuse.
Autre scène, autre lecteur ; Marcel Proust était à la fois passionné par Vermeer et adepte des plaisirs que procure la lecture.
Dans son ouvrage À la recherche du temps perdu, la lecture est présente dans la scène du baiser du soir, scène fondatrice où l’acte de lire confié à sa mère lui procure enfin un sentiment d'apaisement.
The House Maid - 1910 - William McGregor Paxton - National Gallery, Washington