L'homme et la bête, l'homme est la bête
La chasse, un face à face ancestral. Les destins croisés de l'homme et de l'animal ont nourri l'art et ses représentations depuis l'aube de l'humanité. A la Renaissance, Piero di Cosimo (1462–1522), peintre asocial et solitaire, imagine une scène de chasse primitive où l'humain et l’animal fusionnent.
Peint à Florence à la fin du 15e siècle, ce sujet est inspiré par un texte composé au cours du 1er siècle avant notre ère et redécouvert à la Renaissance: De Rerum Natura (De la nature des choses). Son auteur, le philosophe Lucrèce, tente d'y expliquer la nature du monde, de faire le point sur l'histoire, les religions.
La représentation du peintre associe la figure du monstre, mi-homme, mi-animal, à l'être primitif, et livre ainsi une version de l’évolution humaine qui n'est pas celle de l'Eglise. Dans cette chasse où l’on ne sait plus qui fuit et qui assaille, l'affrontement cynégétique symbolise toutes les luttes émaillant le destin humain et qui - à leur paroxysme - renvoient l'homme au rang de l'animal.
Scène de chasse - 1485-1500 - Piero di Cosimo (Piero di Lorenzo di Piero d'Antonio - Metropolitan museum - New York - CC0
ART&CHASSE Chassé-croisé - Anne Chevée - Editions du Gerfaut - 2018