CES PETITES CHOSES NOUVELLES
Capter, restituer de brefs moments de la vie en composant ces "petits riens accidentels, insignifiants" (Kierkegaard, Journal, 1841). Vers 1885, affirmant sa volonté de se démarquer de Rodin, Camille Claudel élabore une série de croquis d'après nature qui ont en commun leur thème inspiré du quotidien et leur petite taille comme ces Causeuses ainsi décrites: "Un coin intime, inexpliqué, indéterminé.[...] Au fond dans l'angle, une femme annonce, par le geste plein de menace et de précaution de sa main droite levée près de sa bouche, qu'elle va parler. Et, autour d'elle, et devant elle, les trois commères, exaspérées de curiosité, tendant vers la bouche entr'ouverte déjà et vers le geste révélateur leur visage gourmand de savoir, impatient de connaître et d'entendre" (Morhardt).
Cette sculpture plus intime, qui parle de femmes, n'est pas nouvelle dans l'art de Camille dont les oeuvres expriment toujours une sorte d'émoi et transmettent une intensité très personnelle. Après l'harmonieuse Valse et le terrible choc de Clotho, il semble que toutes ces femmes composent une métaphore de sa vie.
Alors que La Valse représentait l'amour et l'art - deux forces qui l’entraînèrent avant de la briser -l'effrayante Clotho inspirée de la mythologie bataille avec les longs fils de la vie, prisonnière condamnée par ses sentiments. Quant aux Causeuses, leurs commérages ramènent ce qui fut un torrent d'amour et de création à bien peu de chose.
L'oeuvre : Les Causeuses - plâtre 1893-1905 - musée Rodin, Paris. A propos : Le titre "Ces petites choses nouvelles" est une expression employée par Camille Claudel dans une lettre écrite à son frère en 1893.
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