LES LORETTES ESSUIENT LES PLÂTRES
Jeunes femmes aux mœurs légères, les lorettes habitent au 19e siècle un quartier en pleine évolution situé entre les grands boulevards et Montmartre. Installées autour de l'église Notre-Dame-de-Lorette, elles y gagnent à la fois un surnom - lorette - et une drôle expression liée aux immeubles récemment terminés.
Dès 1783, Louis-Sébastien Mercier, observateur attentif de la vie parisienne, décrit les inconvénients de ces maisons neuves : "Les plâtres que l'on emploie font beaucoup de mal parce qu'ils sèchent difficilement et que l'on habite imprudemment les édifices nouvellement bâtis. De là, des paralysies et autres maladies, dont l'origine est attribuée à des causes étrangères." Et il révèle une coutume bien surprenante : "On abandonne ces maisons neuves et humides aux filles publiques. On appelle cela essuyer les plâtres."
Au siècle suivant, rien ne change ! Contre la promesse de bas loyers, les propriétaires du quartier de Notre-Dame-de-Lorette exigeront que les appartements occupés quelques mois par les filles soient chauffés et les fenêtres bien protégées par des rideaux.
Le temps de faire sécher les plâtres par ces pauvres créatures intégrées - en quelque sorte - dans la grande famille des corps de métier du bâtiment.
Sujet à retrouver dans le tome 5 des Promenades parisiennes : Paris, capitale de l'Amour Deux circuits pédestres au cœur de Montmartre et de la Nouvelle Athènes. Textes et illustrations : Anne Chevée - Disponibles à la FNAC (sur commande) et à L'Esperluète, à Chartres. Prix : 9 euros
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