LA VIE EN BLEU
CHER BON GOÛT

BAUDELAIRE ET RODIN, LES FLEURS DU SCANDALE

Je suis belle
L'un sculpte et pétrit amoureusement la terre comme la chair, l'autre cisèle les mots et publie les plus charnels des poèmes de son siècle.

Voir Rodin à la lumière des Fleurs du mal de Baudelaire vous conduira assurément vers la Porte de l'Enfer, chef-d'oeuvre inachevé du sculpteur, né alors qu'il lit avec délectation les poèmes de Baudelaire.

Conçue entre 1880 et 1888, la Porte de l'Enfer constituera un inépuisable réservoir de figures tout au long de sa carrière. Reprenant sans cesse ses figures, Rodin modifie radicalement la signification d'une forme en l'utilisant dans un contexte différent. C'est ainsi que la Femme accroupie située près du Penseur, compose avec l'Homme qui tombe une oeuvre renommée Je suis belle.

La femme accroupie. Sa posture est pour le moins hardie, elle écarte sans pudeur les jambes. Attitude quasi-primitive, aux antipodes de la bienséance et qui fait écho au réquisitoire de maître Pinard en 1857 lorsqu'il tonne contre Baudelaire. "Messieurs, je crois avoir cité assez de passages pour affirmer qu'il y a eu offense à la morale publique. Ou le sens de la pudeur n'existe pas, ou la limite qu'elle impose a été audacieusement franchie." La parution de la première édition des Fleurs du mal vaudra au poète un procès et six poèmes seront censurés.

Rodin a aimé les femmes. Il en posséda quelques-unes, c'est bien connu, physiquement et moralement. Mais elles sont des centaines à être désormais couchées sur ses papiers à dessin. Objets d'étude dont il veut saisir la beauté éternelle, voluptueusement offertes. Recherchant la spontanéité de la pose, Rodin encourage ses modèles à évoluer avec naturel tout en appliquant une méthode d'une grande liberté d'exécution: il ne quitte pas le modèle des yeux tout en dessinant les poses les plus extravagantes. A la recherche de la forme pure, il compose ainsi des dessins d'une grande charge érotique.

Passions, conflits et angoisses ont nourri pareillement les expressions artistiques des deux hommes. Habités par la violence des sentiments, Baudelaire et Rodin approchent de cette conception du symbolisme définie par Aurier en 1891, celle qui est capable, enfin, de "faire frissonner l'âme".

Sujet présenté en cycle Actualités des expositions, mercredi 29, jeudi 30 et vendredi 31 mars 2017. 

Commentaires

Vérifiez votre commentaire

Aperçu de votre commentaire

Ceci est un essai. Votre commentaire n'a pas encore été déposé.

En cours...
Votre commentaire n'a pas été déposé. Type d'erreur:
Votre commentaire a été enregistré. Poster un autre commentaire

Le code de confirmation que vous avez saisi ne correspond pas. Merci de recommencer.

Pour poster votre commentaire l'étape finale consiste à saisir exactement les lettres et chiffres que vous voyez sur l'image ci-dessous. Ceci permet de lutter contre les spams automatisés.

Difficile à lire? Voir un autre code.

En cours...

Poster un commentaire

Vos informations

(Le nom et l'adresse email sont obligatoires. L'adresse email ne sera pas affichée avec le commentaire.)