PLUS DURE SERA LA CHUTE
Contemporain d’une époque troublée par les guerres de religion et homme de culture, Bruegel a su parfaitement exprimer les angoisses de la Renaissance. Familier des textes bibliques et fin observateur de la société, son œuvre se nourrit d’une fausse truculence qui le détache de l’ensemble de la peinture du 16e siècle.
Chute des anges rebelles ou chute d'Icare, le déclin programmé de la nature humaine figure en bonne place sur deux tableaux conservés à Bruxelles, patrie du peintre.
LA CHUTE DES ANGES REBELLES. Ce panneau peint en 1562 offre une vision apocalyptique très proche de l'esprit de Jérôme Bosch : l'archange Saint-Michel et son armée mènent un terrible combat contre un animal satanique et une troupe d'anges rebelles. En fait aucun texte de la Bible ne relate vraiment cet épisode. Cependant selon le prophète Isaïe ou encore l'apôtre Pierre, Lucifer tombé du ciel entraine dans sa chute une légion d'anges rebelles. Episode que les théologiens du Moyen-Age interpréteront comme l'origine du mal sur terre et donc du péché originel.
Au centre, St-Michel en armure porte la croix de la Résurrection sur son bouclier tandis que les anges qui combattent à ses côtés sont revêtus de robes blanches. La mêlée est terrible, en regardant bien on découvre la grande queue de la bête à gauche de St-Michel et quelques-unes de ses têtes couronnées dans le bas.
Au fil de leur descente les forces sataniques se transforment en démons bestiaux, hybrides ; et Bruegel se montre aussi créatif que Jérôme Bosch dans la composition des monstres.
Ainsi, dans l'angle inférieur droit, deux coquilles de moules servent d'ailes à un corps de poisson muni de pinces de crabe.
La vision breughélienne - partagée entre épanouissement de l’humanisme et intolérance religieuse - évoque à la fois la fin du monde et l’optimiste d’un avenir recentré sur l’homme.
Mais gare aux naïfs enivrés par l’espérance d’un monde meilleur car « plus dure sera la chute » …
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