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janvier 2008

LE MONDE INTERLOPE DE PASCIN


Portrait de Pascin

Les touches de couleurs légères, à peine cernées par le trait noir des œuvres de Pascin dévoilent, non sans une certaine ironie, l’univers de la bohème parisienne et de ses excès au début du XXes. Souvent associé à L’Ecole de Paris, par commodité comme toujours pour les artistes classés dans ce groupe hétéroclite, il se frotte à plusieurs courants artistiques sans jamais véritablement y adhérer.

Julius Mordecai Pincas est né en Bulgarie en 1885.  Après Budapest et Vienne, il se fixe à Paris au début du siècle attiré par le rayonnement artistique de la capitale française qui accueille alors de nombreux artistes étrangers : Chagall, Modigliani, Soutine ...


Ses thèmes évoquent l’univers de Toulouse – Lautrec : pensionnaires de maisons-closes, femmes nues ou à leur toilette, cabarets.

Acteur et spectateur, il brosse non sans ironie une fresque du Montparno noctambule qu’il arpente en compagnie d’Hemingway. Dans « Paris est une fête », manuscrit d’Hemingway paru à titre posthume, la scène où l’écrivain prend un verre à la terrasse du Dôme avec le peintre décrit le jeu trouble, fascinant, décadent de Pascin qui propose de lui prêter une de ses petites amies.

Pascin
 

« … Après qu'il se soit pendu, ajoute Hemingway, j'aimais me souvenir de lui tel qu'il était cette nuit-là au Dôme. » La raison de cette fascination est simple : « On dit, explique Hemingway, que les graines de ce que nous ferons sont en nous, mais il m'a toujours semblé que chez ceux qui jouent avec la vie les graines sont couvertes d'un meilleur sol et d’un engrais de meilleure qualité. » 


Partagé entre sa femme Hermine et sa maîtresse Lucy, Pascin peint inlassablement le corps féminin dans des compositions osées qui feront scandale.

" Pourquoi, dit-il, une femme est-elle considérée comme moins obscène de dos que de face, pourquoi une paire de seins, un nombril, un pubis sont-ils de nos jours encore considérés comme impudiques, d’où vient cette censure, cette hypocrisie ? De la religion ? »

De nature anxieuse, le peintre est insatisfait de son travail, doutant de sa place au cœur d’un univers artistique que révolutionne l’abstraction. « Je suis un maquereau, j’en ai marre d’être un proxénète de la peinture. »

Trop d’hypocrisie, trop d’insatisfaction, d’alcool et de fêtes : le 2 juin 1930, à la veille d’une nouvelle exposition, il s’enferme chez lui, s’ouvre les veines puis se pend. Il a quarante-cinq ans.

Musée Maillol - 61, Rue de Grenelle, 75007 Paris 

De 11 heures à 18 heures - fermé mardi et jours fériés

Tel : 01 42 22 59 58

Métro : Rue du Bac