Le poids des mots
L’étude d’un autoportrait se révèle toujours particulièrement riche puisqu’elle livre une multitude d’informations - souvent très intimes - sur la personnalité du sujet.
AUTOPORTRAIT, mot banal, si banal qu’il nécessite parfois un complément d’informations comme chez Van Gogh ; autoportrait à l’oreille bandée.
Banalité de surface décryptée par Pascal Bonafoux dans le catalogue de l’exposition « Moi ! Autoportraits du XXe siècle » (Musée du Luxembourg – 2004).
L’autoportrait est un amalgame de fausses vérités, celles que veut peut-être nous donner à croire le modèle et peintre ; un lieu d’échange entre l’intime et le public ; un aveu……
Les multiples composantes de l’AUTOPORTRAIT ne se limitent cependant pas à la vision. Elles passent aussi par l’écriture car l’anagrammedu mot accouche d’une phrase - OR TOUT PARAIT– qui confirme aussi la diversité de ce qui va être révélé.
Autoportraits du Musée d’Orsay (niveau supérieur, salles 35-36-32)
Van Gogh, la montée de l’angoisse
Entre 1885 et 1889, Van Gogh réalise une quarantaine d’autoportraits. En marge de la société, il semble se peindre lui-même pour s'assurer qu'il existe bien. Destin tragique d'un homme empreint de frustrations, de folie et de génie aussi. "J'ai toujours un remords et énormément quand je pense à mon travail si peu en harmonie avec ce que j'aurais désiré faire", écrit-il un jour à son frère Théo.
Van Gogh – Autoportrait vers 1886
Depuis son arrivée à Paris, la palette de Van Gogh s’est éclaircie au contact des impressionnistes mais les traits hachurés évoquent surtout les recherches menées par Seurat.
Bien décidé à vivre de sa peinture, il souhaite améliorer sa technique dans le genre du portrait pour pouvoir se consacrer – dit-il – « à des choses plus conséquentes ». Il exécute ainsi plus d’une trentaine d’autoportraits dans la capitale.
Van Gogh – Autoportrait de 1889
Des lignes ondulantes ont remplacé les traits hachés, magma de petits serpents maléfiques qui contribuent directement au sentiment d’angoisse que diffuse le portrait.
Deux portraits, une identité artistique commune
Dans les années 1870, l’amitié et le respect mutuel que se portent Cézanne et Pissarro est perceptible dans leurs autoportraits.
Pissarro - Portrait de l’artiste 1873
Figure presque biblique, empreinte de douceur,
il est le mentor, la figure du père.
Cézanne - Portrait de l’artiste vers 1873 Agé d’une trentaine d’années, Cézanne se montre chauve et barbu. Echo du portrait de son ami et compagnon d’art, Pissarro ? La rudesse du caractère du plus jeune s’exprime par petites touches fragmentées sur son visage.
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