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UN ALLER-RETOUR POUR LE PANTHEON

" Aux grands hommes, la patrie ...... n'est pas toujours reconnaissante ! " Voilà ce que Mirabeau aurait pu dire avec amertume lors de son passage éclair au Panthéon.

C"est pourtant lui qui est à l'origine du réaménagement de l'ancienne Mirabeau par Lucas de Montigny 18es Louvre
église Ste-Geneviève en 1791. A sa mort, l'Assemblée Nationale Constituante décida de consacrer le lieu aux Français qui s'étaient illustrés par leurs talents, leurs vertus et leurs services à la patrie. L'architecte Quatremère de Quincy chargé de la transformation fit araser les clochers, la croix du dôme disparut ainsi que le mobilier liturgique. Et Honoré Gabriel Riqueti, comte de Mirabeau devint ainsi le premier révolutionnaire à y être enterré avec tous les honneurs d'un deuil national.

Mais l'ouverture en décembre 1792 de l'armoire de fer fut à l'origine de son éjection du lieu. Ce coffre dissimulé 140 Ouverture de  l'armoire de fer aux Tuileries le 20 novembre 1792
dans le mur d'un corridor des Tuileries révéla la correspondance de Louis XVI avec le vénal Mirabeau. On découvrit que dès mai 1790, ce dernier était entré au service du roi qui le pensionnait.                                             A l'admiration succéda la déception et l'on s'empressa de déménager les restes de l'homme qui - à défaut d'avoir été "l'ami du peuple" - se voulait celui des Hommes.

Le Panthéon est situé à Paris sur la montagne Ste-Geneviève.

Visite du lieu jeudi 27 janvier (voir la rubrique Visites guidées)


DEUX PORTRAITS, UN ABÎME

1806 - 1814. Deux dates, deux portraits, deux visions d'un seul homme. Un abîme les sépare.

Si dans bien des cas, l'image du pouvoir impérial se pare des attributs du réalisme, elle n'en demeure pas moins une allégorie mêlant plus ou moins habilement les symboles du visible et de l'inconscient. Dans le cas de l'imagerie napoléonienne, les exemples sont particulièrement nombreux et variés. Selon un procédé largement influencé par le mouvement romantique et son goût pour 19e s. anonyme - boîte avec profil de Napoléon - Musée Rueil Malmaison
l'imaginaire, de multiples " portraits cachés ' ont accompagné l'épopée de Bonaparte. Images doubles, jeux de regards, ces illustrations sont bien souvent classées dans la grande famille des arts dits mineurs. Pourtant comme les portraits plus "sérieux", elles sont l'une des conséquences logiques de l'époque des Lumières qui place l'individu au centre des regards.  

Au chapitre des portraits d'histoire, les figurations de Napoléon varient selon leurs auteurs. En 1806, Ingres livre un tableau emblématique qui surprendra par sa mise en scène provoquant l'incompréhension,voire l'indignation. En figurantMusée de l'Armée - Ingres - 1806  
l'empereur assis sur son trône, muni des regalia, Ingres se livre à une curieuse démonstration des pouvoirs impériaux et monarchiques du passé.
 Il mélange allègrement les références: une figure d'empereur vue sur un diptyque byzantin en ivoire, l'allusion à la posture de Charlemagne sur le sceptre dit de Charlemagne, une représentation de St-Louis ... Voici ce que l'on écrira lors de sa présentation: " ...M.Ingres ne tend rien moins que faire rétrograder l'art de quatre siècles..."

Autre peintre, autre temps. C'est un petit homme bedonnant qu'imagine le peintre Paul Delaroche en P. Delaroche Napoléon à Fontainebleau - Musée de l'Armée
1845. L'heure n'est plus à la gloire et l'image insiste sur la défaite morale et physique du sujet. l'Empire a vécu.
 


Ces deux tableaux sont conservés au Musée de l'Armée - Hôtel des Invalides à Paris. Vous pourrez les découvrir en détail lors de la visite du 3 février aux Invalides (voir le programme des visites guidées) 

 

 



UN COUP D'ESSAI SE TRANSFORME EN COUP DE MAITRE

Botticelli fut un familier des Médicis. Cette proximité justifie en partie seulement son succès. 

Simple fils de tanneur, sa santé suscitait bien des inquiétudes et ne lui permit pas d'entrer comme apprenti chez un maître. Contraint de rester chez lui, le Botticelli - La Force - Musée des Offices
jeune garçon tuait donc le temps en lisant Horace, Ovide et en apprenant le latin. Après un bref passage chez un orfèvre, le jeune homme rejoint l'atelier d'Andrea Verrocchio, véritable pépinière d'artistes car les élèves se nommaient Ghirlandaio, Pérugin, Léonard de Vinci ... Mais les talents y étaient nombreux et il ne suffisait pas d'être un petit prodige pour émerger du lot.                                                                                                   
Un petit coup de pouce du destin lui donna l'occasion de se faire remarquer. Protégé par Solderini, oncle de Laurent le Magnifique et vieux roublard de la politique florentine, il reçut la commande d'une allégorie  destinée à orner la cour de la Mercanzia, sorte de tribunal de commerce florentin. L'essai se tranformera en coup de maître. Cette première oeuvre publique devait s"insérer dans une série de Vertus exécutées par Piero del Pollaiullo. Soucieux d'harmonie, Botticelli calqua sa composition sur celle de son rival ... mais il le dépassa par sa maîtrise des volumes et de la perspective. L'oeuvre éblouit et Botticelli devint l'un des peintres les plus prisés de Florence. Interprète intelligent des désirs de ses commanditaires, le peintre sera désormais étroitement associé au programme culturel de Laurent le Magnifique.

Où voir Botticelli à Paris ? Au Musée du Louvre toute l'année et au Musée Maillol grâce à l'exposition "Trésor des Médicis" jusqu'au 16 février 2011.


RUBENS ET PHOTOSHOP

Henri IV reçoit le portrait de la reine et se laisse désarmer par l'amour - Rubens - Galerie Médicis - Louvre

 

      Les amateurs de photographie numérique le savent bien; tout portrait peut être facilement retouché afin d'améliorer le rendu d'une figure. Il suffit de gommer trois ou quatre rides, d'estomper les cernes, de réduire l'affaissement du cou et le tour est joué. Chacun devient à sa manière artiste car le propre de ce métier consiste notamment à donner une vision souvent très personnelle du monde. Bien avant la mise sur le marché de Photoshop ou tout autre logiciel de correction de l'image, quelques peintres surent capter l'attention des grands de ce monde en "retouchant" leur vie d'une manière fort avantageuse.                            

Rubens est de ceux-là. Artiste prolifique, il fut aussi diplomate au service des gouvernants des Pays-Bas méridionaux. Deux activités qui se rejoignent sur un terrain commun: la mise en valeur de son interlocuteur. Dans le cas de la diplomatie, c'est une nécessité pour entretenir un climat favorable à la négociation. En peinture, c'est ce qui lui valut d'être apprécié par les hautes sphères politiques.

L'une de ses clientes prestigieuses fut Marie de Médicis, reine de France et épouse d'Henri IV. En digne représentante de son clan familial, elle favorisa le goût florentin pour les arts. Dès son arrivée à la cour, Marie veilla à l'élaboration d'une iconographie légitimant son rôle de reine puis de mère du Dauphin.

La commande passée à Rubens en 1622 allait dans ce sens et le peintre sut parfaitement répondre aux exigences de son modèle en imaginant une suite de vingt-quatre tableaux conscarés à la vie de la reine. Véritable tour de force, ce cycle exalte  les réussites comme les échecs de la souveraine ... car l'individu se révèle encore plus grand dans le malheur. Chaque tableau est harmonieusement mis en scène par la touche baroque de Rubens qui n'hésite pas à entourer Marie des dieux de l'Olympe.

Jusqu'à la fin de sa carrière, Rubens ne cessa de perfectionner ce don exceptionnel qu'il avait de pouvoir donner vie et spontanéité aux grandes décorations tout en offrant à ses commanditaires ce qu'ils attendaient. Une image à la fois réaliste mais aussi magnifiée et donc flatteuse de leur personne.

La galerie Médicis est visible au Louvre, au deuxième étage de l'aile Richelieu.

 


ET, POURTANT, ELLE TOURNE !

Voici, selon la légende, ce qu'aurait marmonné Galilée en se relevant devant les juges de l'Inquisition qui le sommaient d'abjurer sa doctrine.

Ce procès inspirera nombre d'auteurs et deviendra un symbole de la vérité persécutée. Il faut reconnaître qu'en ce 17e siècle l'ambiance générale est plutôt délétère en Europe. De nombreux pays ont été profondément meurtris par les Guerres de religion et la foi protestante est désormais fermement implantée dans certaines contrées septentrionales. En ces temps de Réforme, l'Eglise combat donc la fièvre dissidente avec la bonne vieille méthode du bûcher.

Un soir de janvier 1610, Galilée découvre trois astres au bout de sa lunette à proximité de Jupiter. Quelques jours après, il en voit quatre à des endroits différents ! Il en conclut que ces astres sont des lunes de Jupiter, que tous les astres ne tournent pas autour de la Terre et que, contrairement à ce que dit l'Eglise, la Terre n'est pas le centre de l'Univers. 

Galilée, très surpris du nouvel aspect qu'offre la surface de la Terre - DaumierBien que soutenu par le duc Cosme II de Médicis, Galilée est condamné suite à la parution d'un ouvrage imprimé à Florence en 1632. Le savant y énonce la loi de la chute des corps et ses idées sur le système solaire. Un contenu pas très catholique .....qui lui vaudra de comparaître à soixante-neuf ans devant les juges et de renier ce qui fut l'une des plus grandes découvertes des temps modernes.

Le télescope de Galilée est actuellement visible à Paris, au Musée Maillol dans le cadre de l'exposition " Trésor des Médicis" jusqu'au 16 février 2011.

Le mouvement de la Terre est expliqué grâce au pendule de Foucault installé sous la coupole du Panthéon ou à l'installation du Musée des Arts et Métiers.